Gonski en péril
Les campagnes et le rapport lui-même ont porté leurs fruits. Le 3 septembre 2012, le Gouvernement fédéral a annoncé son intention de légiférer en faveur d’un nouveau modèle de financement, compatible avec les recommandations de Gonski. Néanmoins, le co-financement de la réforme nécessite également l’accord de tous les Etats.
Dans cette optique, la Première Ministre australienne Julia Gillard a tenté de négocier avec les dirigeant(e)s des Etats et les ministres en chef pour une augmentation du financement étatique et fédéral à hauteur de 14,5 milliards de dollars australiens sur six ans. Pourtant, lors de la réunion du Conseil des gouvernements australiens tenue en avril dernier, elle n’a réussi à convaincre aucun Etat ou territoire de se rallier au nouveau plan de financement.
Finalement, le Premier ministre de Nouvelle-Galles du Sud Barry O’Farrell a été le premier à approuver l’enveloppe budgétaire en s’engageant pour une participation à hauteur de 5 milliards de dollars australiens.
Gillard a laissé aux autres Etats et territoires jusqu’au 30 juin pour s’engager à leur tour. L’AEU a en effet averti que le gouvernement fédéral et le gouvernement de chacun des Etats devaient mettre ce financement en place d’ici le début de l’année prochaine pour assurer le succès de la réforme Gonski.
Susan Hopgood, Secrétaire fédérale de l’AEU et Présidente de l’IE, a déclaré: « Le défi consiste à mettre l’idéologie politique de côté et agir en se fondant sur les éléments concrets accumulés. L’Australie a besoin d’un nouveau modèle de financement des écoles, car les ressources actuelles ne suffisent plus pour aider les élèves qui en ont le plus besoin. »
Et d’ajouter: « Les performances de l’Australie en matière d’éducation ont diminué de manière significative au cours des dix dernières années, et elles continueront à diminuer si nous n’instaurons pas une réforme du financement des écoles. Le coût de notre inaction sera bien supérieur à celui de cet investissement. »
Le Président fédéral de l'AEU Angelo Gavrielatos s'est félicité de l'engagement du nouveau Premier Ministre Kevin Rudd à proposer des modalités de financement plus justes et équitables pour les écoles, ainsi qu'une meilleure éducation pour les enfants. « M. Rudd comprend qu'il est important d'investir davantage dans l'éducation et de cibler ce financement afin de mieux répondre aux besoins individuels des élèves », a-t-il déclaré.
Estimant que l'extension du délai de mise en œuvre des recommandations du rapport Gonski était compréhensible compte tenu des circonstances, Gavrielatos a indiqué que l'engagement du Premier Ministre devait se voir confirmé par tous les dirigeants nationaux et territoriaux au cours des semaines à venir.
« Le Premier Ministre se doit de faire le nécessaire pour que les bénéfices du financement recommandé profitent à tous les établissements scolaires, comme le préconise le rapport Gonski », a souligné Gavrielatos. « Si nous voulons réellement remédier aux inégalités, nous devons veiller à ce que les ressources supplémentaires soient injectées là où elles sont le plus nécessaire – c'est-à-dire avant tout dans les écoles publiques du pays. »
« Les écoles australiennes ont besoin des ressources supplémentaires préconisées par le rapport. Il est absolument urgent de fournir aux enfants, et tout particulièrement à ceux issus de milieux défavorisés, le soutien additionnel assuré au travers du financement accru que recommande Gonski », a-t-il poursuivi.
La Présidente de l'IE, Susan Hopgood, a déclaré: « L'IE soutient totalement les efforts de nos collègues australiens afin d'amener les pouvoirs publics à investir dûment dans une éducation de qualité à travers le pays. Nous louons également l'engagement du Premier Ministre à instaurer des modalités de financement appropriées en matière d'éducation et nous l'exhortons à convaincre les décideurs politiques locaux du secteur éducatif d'injecter des ressources supplémentaires dans les établissements publics. »
Fin juin, les divisions au sein de l’ Australia Labour Party au pouvoir ont rebattu les cartes du jeu politique. Suite à sa défaite lors d’un vote de direction ( leadership vote) le 26 juin, Julia Gillard a été remplacée au poste de Premier ministre par Kevin Rudd. Face à ce fond d’instabilité, l’AEU a appelé tous les dirigeant(e)s politiques à agir dans un esprit bipartisan et à finaliser les accords sur les négociations de financement Gonski entre le Gouvernement fédéral et ceux des Etats.
Après son investiture en tant que Premier Ministre, Kevin Rudd a affirmé son engagement en faveur de l’agenda du Gouvernement Gillard pour la réforme du financement des écoles. Ce fa isant, il a prolongé jusqu’au 14 juillet la date limite des négociations entre les Gouvernements fédéral et étatiques pour parvenir à des accords sur le financement plus jutes et plus équitables pour les écoles. Au moment de la rédaction de cet article, cinq des huit Etats avaient signé et accepté les réformes du financement des écoles du Gouvernement fédéral: la Nouvelle-Galles du Sud, le Territoire de la capitale australienne, Territoire de la capitale australienne et la Tasmanie. Le Victoria devait vraisemblablement suivre.
I give a Gonski (« Je donne un Gonski »): le syndicat entre en lice
L’AEU, affilié à IE, fait campagne depuis plus de dix ans en faveur d’une augmentation et d’une répartition mieux ciblée des investissements dans l’enseignement public.
Suite à l’annonce du rapport sur le financement des établissements scolaires, l’AEU a lancé une campagne nationale pour impliquer les communautés scolaires et rallier du soutien en faveur d’un meilleur financement des établissements publics. Dans le cadre de cette campagne, le rapport Gonski a reçu plus de 6.000 contributions de la part d’enseignant(e)s, de directeurs/trices d’établissements et de parents.
Après la publication du rapport final, le syndicat a lancé I give a Gonski, une nouvelle campagne visant à inciter les gouvernements à agir sur la base des conclusions de l’analyse, notamment en mobilisant les ressources supplémentaires et en mettant en place le nouveau système de financement préconisé dans le rapport.
L’activisme de l’AEU et de ses membres a été largement soutenu par les enseignant(e)s, les parents, les élèves, ainsi que par les groupes de protection de l’enfance et les dirigeant(e)s d’entreprise. Des rassemblements ont été organisés dans de nombreuses villes aux quatre coins du pays, et le nom Gonski est désormais associé aux notions d’équité et de qualité en matière d’éducation.
Un nouveau cadre de financement
Le rapport Gonski constitue l’analyse la plus approfondie jamais réalisée sur le financement des écoles australiennes au cours des 40 dernières années. Commissionné par le Gouvernement fédéral en 2010, il a été réalisé par un comité d’expert(e)s, sous la baguette de l’homme d’affaires et philanthrope David Gonski. Le rapport final(en anglais) a été publié le 20 février 2012.
Le comité a examiné, sur une période de 18 mois, plus de 7.000 contributions émanant d’acteurs du secteur et de citoyen(ne)s, visité 39 établissements scolaires et consulté 71 groupes clés en matière d’éducation à travers l’Australie.
Les conclusions principales du rapport ont révélé que:
- L’Australie investit bien trop peu dans les établissements scolaires, et la répartition des fonds est peu efficiente, efficace ou équitable ; et
- L’écart entre les taux de réussite des étudiant(e)s s’accroît: les élèves des quartiers défavorisés ont jusqu’à trois ans de retard par rapport à ceux du même âge qui vivent dans des quartiers aisés.
En conséquence, le rapport recommande le passage à un nouveau système, qui axe davantage le financement sur les besoins des élèves, dans l’ensemble du pays. Un niveau de financement de base serait défini pour chaque élève, avec des majorations pour les élèves défavorisé(e)s.
Les établissements publics, qui accueillent une large majorité de ces élèves défavorisé(e)s, recevraient la totalité du financement de base de la part du gouvernement de leur Etat et du gouvernement fédéral, alors que le financement des établissements privés catholiques et indépendants varierait en fonction de la capacité des parents à s’acquitter des frais de scolarité.
Le financement des dépenses récurrentes pour les établissements non publics serait alors calculé sur la base de la situation socio-économique des quartiers dans lesquels ils se situent. Tous les établissements recevront des fonds supplémentaires sous la forme de majorations afin de refléter les inégalités.
En fonction des profils des élèves scolarisé(e)s, des majorations seront attribuées aux établissements accueillant des élèves issu(e)s de milieux défavorisés, des élèves indigènes, des élèves avec un handicap ou des élèves ne maîtrisant pas l’anglais, ainsi qu’aux établissements accueillant des élèves dans des zones rurales, reculées ou isolées.