Mesdames et Messieurs les ministres et invités, chers collègues et amis,
J'ai l'honneur de prendre la parole à l'occasion de cette conférence et de vous présenter les salutations de millions d'enseignants partout dans le monde. Votre organisation est un membre fondateur éminent de l'Internationale de l'Éducation, qui rassemble plus de 400 syndicats du secteur de l'éducation issus de 171 pays, représentant plus de 30 millions de professionnels de l'enseignement.
Mes chers collègues, en 1995 vous avez accueilli le premier Congrès mondial de l'IE, qui a suivi notre Congrès fondateur de Stockholm. Quinze années se sont écoulées et nous pouvons fièrement affirmer que l'Internationale de l'Éducation est votre voix, la voix des enseignants et du secteur de l'éducation, auprès de toutes les grandes agences internationales dont les débats et les décisions affectent notre profession. Notre travail apporte l'espoir aux enfants et aux jeunes du monde entier.
Nous sommes à la fois une association professionnelle, un syndicat et une agence de défense des droits humains et de développement. Et comme vous le savez tous, beaucoup reste à faire dans chacun de ces domaines, dans votre pays, en Afrique et dans le monde.
L'Internationale de l'Éducation, c'est aussi la solidarité. Nous rassemblons les collègues dans un but de partage, d'échange et d'entraide. Via nos programmes de développement, nous aidons nos syndicats membres à développer leurs capacités, tant dans leur travail syndical qu'en matière de normes professionnelles, afin que nos membres deviennent de meilleurs enseignants.
Chers collègues, nous vivons aujourd'hui dans une communauté mondialisée et les agences mondiales de coopération internationale ont de plus en plus d'importance dans notre travail. Cela étant dit, l'importance des agences régionales est également grandissante, car chaque région doit faire face à des défis spécifiques. En tant que syndical mondial, l'Internationale de l'Éducation a donc pour mission de faciliter l'action à chaque niveau, mondial, national et régional.
Il est inutile de vous rappeler que nous vivons également des temps dramatiques. La communauté mondiale du 21ème siècle est simultanément confrontée à des crises majeures et multiples.
La crise financière et économique mondiale a débuté fin 2008 et son influence demeure profonde sur le système éducatif de nombreux pays. Aucune région ou pays ne peut s'en abriter. Plus de 50 millions d'individus dans le monde ont perdu leur emploi et la Banque mondiale estime que 200 millions de personnes supplémentaires passeront en-dessous du seuil de pauvreté. Loin de progresser, la justice sociale mondiale recule.
À l'aube de ce nouveau siècle, l'économie mondialisée a envahi chaque recoin de la planète, générant un boom mondial sans précédent, du moins pour certains. Mais comme nous l'avons si souvent proclamé, ce boom s'est accompagné d'une augmentation sans précédent des inégalités. Une multitude de déclarations du mouvement syndical international, dont l'IE, ont averti que la cohésion sociale était poussée dans ses derniers retranchements et que ce boom n'était pas durable car il générait des déséquilibres dangereux. En 2008, la bulle a éclaté. Depuis, la majorité paie le prix de la cupidité et de la folie d'une minorité.
Cette crise économique vient s'ajouter à d'autres crises : la crise alimentaire dans de nombreux pays en développement, les ravages du VIH/SIDA, les mouvements de réfugiés et de migrants, les conflits entre les cultures et les nations, le changement climatique, sans parler de la crise nationale à laquelle vous être confrontés.
Mais c'est également en temps de crise, même multiples, que de nouveaux horizons s'ouvrent et que l'histoire est écrite. Je suis intimement convaincu qu'une éducation de qualité pour tous les enfants et les jeunes fait partie de la solution et qu'ensemble, nous pouvons construire une nouvelle économie mondiale sur des bases plus solides : l'éducation, les compétences et les capacités des citoyens, ainsi que l'équité et la justice.
Chers collègues, ces nouveaux horizons sont mondiaux, et concernent aussi le Zimbabwe. Durant presque 20 ans, votre système éducatif a été un modèle pour l'Afrique, avec un taux d'alphabétisation de plus de 90%. Aujourd'hui, nous sommes très optimistes quant à l'action du gouvernement d'union nationale afin de reconstruire le système éducatif après son effondrement quasi total ces dix dernières années. La présence d'éminents ministres à cette conférence démontre l'engagement de votre pays en faveur de la reconstruction du système éducatif. Nous reconnaissons les progrès obtenus jusqu'à présent, en particulier les efforts pour encourager les enseignants et les étudiants à reprendre le chemin de l'école, ainsi que l'établissement du Fonds de transition pour l'éducation. J'encourage le gouvernement à poursuivre son travail avec les syndicats enseignants et d'autres parties prenantes afin de redonner vie au système éducatif, tout en faisant face à des questions telles que la nutrition, la santé et le système sanitaire.
Mesdames et Messieurs les ministres et invités, afin de faire de cette crise une opportunité, vos enseignants doivent réaffirmer leur engagement ! Être enseignant, c'est appartenir à la profession la plus honorable qui soit. Mais malheureusement, dans de nombreux pays, cela signifie également subir un traitement injuste, recevoir une rémunération insuffisante, voire vivre dans la pauvreté. Il n'est pas surprenant que le monde soit confronté à une pénurie sans précédent d'enseignants qualifiés. Dans les années à venir, 10 millions d'enseignants primaires devront être formés et recrutés afin d'offrir à chaque enfant sur cette planète un enseignement de qualité et d'éradiquer une fois pour toutes le travail des enfants.
L'Afrique est également confrontée à une autre question : le recrutement d'enseignants d'ici pour des pays tels que le Royaume-Uni, afin de compenser leurs propres pénuries. La mobilité mondiale peut être positive mais elle doit demeurer équitable. Lorsque fuite et gain de cerveaux ne sont pas équilibrés, les pays à faibles revenus sont pénalisés, de même que les étudiants.
C'est également la raison pour laquelle nous soutenons le Protocole de recrutement des enseignants du Commonwealth. Les pays dont les enseignants qualifiés migrent en Europe et aux États-Unis doivent bénéficier d'une compensation, tout en garantissant la protection de ces enseignants contre l'exploitation. Je peux vous donner des exemples horrifiants de collègues qui, dans l'espoir d'une vie meilleure au Nord, se sont retrouvés à des postes peu rémunérés, entassés dans de lugubres dortoirs.
Je crains qu'en ne parvenant pas à retenir nos enseignants et à accorder une priorité suffisante au développement de programmes de formation initiale et de services de qualité élevée pour ceux-ci, nous n'atteignions pas l'objectif d'éducation pour tous, ni d'ici 2015 ni d'ici 2025. Nous serons tout bonnement incapables de tenir nos promesses envers les générations futures.
Les pénuries d'enseignants et les salaires vont de pair. Malheureusement, au Zimbabwe ces salaires demeurent très faibles, inférieurs au seuil de pauvreté, soit 498 USD par mois, si je ne m'abuse. Les revenus totaux des enseignants les moins bien rémunérés sont purement et simplement insuffisants et n'incitent pas vos enseignants à assurer une éducation de qualité. Le message fort que je veux faire passer aujourd'hui est que le gouvernement doit s'efforcer d'augmenter les salaires des enseignants et d'améliorer leurs conditions de travail. Rappelons que le droit à l'éducation signifie que chaque enfant a le droit d'avoir un enseignant qualifié et motivé, non contraint d'accumuler les emplois afin de joindre les deux bouts. Nous sommes bien conscients des défis, financiers notamment, auxquels le gouvernement d'union nationale est confronté. Mais comme vous le savez, la communauté internationale a été incitée à se mobiliser pour soutenir la reconstruction du Zimbabwe.
Que le G20 envisage l'investissement dans l'éducation comme une condition sine qua non d'une relance durable de toutes les nations en ce 21ème siècle est une étape importante. Même le FMI s'est résolument prononcé en faveur de l'investissement dans l'éducation. De plus, la communauté internationale commence enfin à reconnaître que cet investissement implique la formation d'enseignants qualifiés. C'est ce message que je transmettrai aux ministres de l'emploi et du travail du G20 lors de leur réunion à Washington la semaine prochaine. Il est enfin reconnu que non seulement nous devons parvenir à une éducation pour tous, mais également à une éducation de qualité pour tous, en investissant dans des enseignants de qualité.
L'UNESCO et l'OIT viennent de publier un document clé, le rapport CEART, qui va dans ce sens. Même la Banque mondiale réexamine ses politiques. Il est temps de mettre fin à des politiques favorisant l'emploi d'enseignants non qualifiés. Il en va de même des politiques tributaires de la participation des parents. Ces derniers ne devraient pas être appelés à « compléter » les salaires des enseignants via ces soi-disant « incitants ». Nous savons pertinemment que cela engendre une inégalité généralisée, en particulier entre les écoles urbaines et rurales. C'est inacceptable.
Mon message aux autorités publiques zimbabwéennes est donc le suivant. Levez les yeux ! Misez sur un enseignement obligatoire de qualité et gratuit pour tous, dispensé par des enseignants de qualité. Et n'hésitez pas à insister sur ce point auprès de la communauté internationale. L'Internationale de l'Éducation vous soutiendra, et elle ne sera pas la seule. Les grandes ONG et entreprises mondiales actuelles et les principaux décideurs sont tous convaincus que notre avenir en dépend. INVESTISSEZ DANS VOS ENSEIGNANTS !
Mais je vous en prie, ne vous soumettez pas à des exigences irraisonnables dont l'aide et les prêts extérieurs dépendent parfois. Gardez fermement le contrôle. Impliquez activement vos organisations nationales. Trop souvent, nos membres du monde en développement se demandent si la politique nationale en matière d'éducation est déterminée par leurs ministres de l'éducation ou par des agences telles que la Banque mondiale et l'UNICEF.
Chers collègues, il ne reste plus que 5 ans avant 2015. Chaque enfant de cinq ans bénéficiera-t-il d'une école et d'un enseignant qualifié d'ici-là ? Permettez-moi d'en douter. Nous ne sommes absolument pas sur la bonne voie. Bien sûr, des progrès ont été faits depuis Dakar en 2000, mais les statistiques sur la scolarisation, aussi impressionnantes soient-elles, ne brossent pas un tableau complet. L'éducation, comme nos dirigeants politiques semblent parfois l'ignorer, ce n'est pas seulement entasser autant d'enfants que possible dans une pièce en l'appelant classe. Nous déplorons de graves déficits de qualité. Le financement de l'éducation est bien entendu un facteur essentiel.
Il faut développer une nouvelle architecture mondiale permettant de structurer et de mobiliser le soutien international à l'éducation. Vous le savez, une part substantielle du financement de l'EPT est actuellement coordonnée via l'Initiative Fast Track (IFT). Actuellement, la Banque mondiale est l'agence de financement de l'IFT par défaut, mais le système est contraignant et compliqué. Il faut envisager des canaux alternatifs, notamment via les organisations non gouvernementales, la société civile, d'autres donateurs bilatéraux, les agences de l'ONU et des partenariats avec le secteur privé dans les cas où il est plus logique de passer par ces intermédiaires que par la Banque mondiale.
Les gouvernements nationaux et locaux devraient pouvoir choisir l'agence la mieux placée pour coordonner efficacement ce financement. Il s'agit notamment de parvenir au bon équilibre entre cohérence globale (notamment le traitement équitable de tous les pays) et flexibilité sur le terrain. C'est ici qu'un Fonds mondial pour l'éducation, en ligne avec la proposition du gouvernement américain, pourrait jouer un rôle central, en plus et au-delà du renforcement nécessaire des ressources.
En matière d'investissement de capital, les communautés locales peuvent accomplir de grandes choses grâce au soutien extérieur. Ainsi, la construction d'écoles dans les communautés cacaotières ghanéennes est à son tour liée à une initiative conjointe de l'industrie et de la société civile visant à aider les familles à éradiquer le travail des enfants dans les exploitations de fèves de cacao. Des écoles sont construites avec la participation active des communautés locales.
Selon nous, ces projets pilotes au Ghana montrent l'intérêt d'une approche communautaire, en collaboration avec les syndicats. L'initiative œuvre également en Côte d'Ivoire et nous voulons que ces entreprises respectent leur engagement de s'inspirer de l'exemple ghanéen afin d'étendre le programme à d'autres pays d'Afrique.
Chers collègues, à mes yeux, votre gouvernement devrait sérieusement tenir compte des recommandations formulées dans votre rapport sur l'impact de l'effondrement économique sur le système éducatif du Zimbabwe. Inutile de préciser que l'Internationale de l'Éducation soutient pleinement vos conclusions sur les mesures les plus urgentes. Et Madame la Présidente, les conseils prodigués dans votre discours d'accueil m'ont particulièrement frappé. « Notre maison brûle. Le temps des chamailleries et de la désignation de coupables est révolu. » Je suppose que cette remarque s'adresse tant aux décideurs politiques de votre pays qu'à l'ensemble de la profession enseignante zimbabwéenne.
Le rôle important que les enseignants et les syndicats enseignants peuvent jouer dans le développement démocratique et la construction de la nation ne doit pas être sous-estimé. Les enseignants ne sont pas seulement un groupe d'employés impliqués dans un dialogue social, mais également des professionnels de l'éducation, l'élite intellectuelle des nations. Nous appelons le gouvernement de votre nation à prêter une oreille attentive aux enseignants du Zimbabwe.
Comme le Comité d'experts de l'OIT et de l'UNESCO l'a clairement affirmé, l'engagement des enseignants ne peut se matérialiser qu'à travers l'organisation de la profession. L'IE soutient la liberté d'association et donc le droit des enseignants à créer des syndicats de l'éducation. Là où ces syndicats existent déjà, au Zimbabwe et ailleurs, l'émergence de nouvelles organisations peut faire concurrence aux organisations existantes. Il n'y a rien de choquant à cela, car il s'agit de l'expression de la liberté d'association. Néanmoins, nous craignons réellement que la division et la fragmentation du mouvement enseignant ne mine, comme c'est souvent le cas, les efforts vers une éducation de qualité pour tous et de meilleures conditions pour les enseignants. Ces organisations doivent au moins travailler ensemble pour atteindre des objectifs communs identifiés, ainsi que pour empêcher les employeurs, y compris les agences gouvernementales, de tirer parti des divisions.
Nous nous préoccupons également de l'établissement, dans certains pays, de syndicats de l'éducation, non dans un but principal de promotion des intérêts des enseignants et d'une éducation de qualité, mais comme instruments de soutien aux partis politiques. Afin d'éviter tout malentendu, précisons que dans des sociétés démocratiques, les syndicats de l'éducation ont la liberté, bien plus, la responsabilité, de s'impliquer activement dans les débats politiques, en particulier lorsque ceux-ci concernent le secteur de l'éducation. Le cas échéant, ils peuvent soutenir des candidats ou des partis politiques dont ils partagent la vision. C'est généralement le cas dans de nombreuses sociétés démocratiques. Mais les syndicats de l'éducation constituant ouvertement ou implicitement des branches de partis politiques enfreignent le principe de liberté du syndicalisme. La Constitution de l'IE affirme clairement ses critères d'adhésion, notamment l'autonomie et la non appartenance à un parti politique, à un gouvernement et à un groupement idéologique ou religieux. En d'autres termes, il faut distinguer le soutien aux partis politiques eux-mêmes et le soutien aux politiques de ces partis pouvant faire progresser la cause de l'éducation.
L'émergence de syndicats de l'éducation véritablement créés par des autorités publiques est encore plus préoccupante. Cette tendance est d'autant plus grave dans les pays disposant d'un système de prélèvement automatique des cotisations sur les salaires, les gouvernements pouvant purement et simplement couper les vivres aux syndicats indépendants qui ne partagent pas leurs vues en transférant ces cotisations vers leurs nouvelle organisation, laissant littéralement mourir les syndicats indépendants. Ce type de détournement de cotisations a notamment été observé en Éthiopie. Le gouvernement n'a même pas daigné modifier le nom de la nouvelle organisation. L'expérience éthiopienne nous a montré que ce type de prélèvement, bien qu'intéressant à première vue, ne peut fonctionner que dans une société démocratique disposant de mesures de protection contre la corruption et l'ingérence gouvernementale dans le processus démocratique interne des syndicats.
Cela étant dit, permettez-moi d'insister sur notre satisfaction face aux récents efforts de votre organisation et de la PTUZ afin d'identifier des objectifs communs et de collaborer dans l'intérêt des enseignants et de l'éducation au Zimbabwe. Je suis conscient qu'il est difficile pour vous tous de mettre de côté les tensions et les conflits du passé afin d'œuvrer ensemble à un avenir meilleur. Précisons que l'Internationale de l'Éducation s'est toujours refusée à qualifier ses organisations membres zimbabwéennes comme pro- ou anti-gouvernementales. Nous avons toujours prôné le retour de la démocratie dans votre pays, à travers l'aide et la coordination à tous nos affiliés actifs, via nos programmes de développement professionnel, tels que notre projet EPT/SIDA, d'éducation syndicale ou d'assistance juridique. Ces dernières années, nous avons à de nombreuses reprises averti votre gouvernement qu'il n'agissait pas conformément aux normes internationales du travail. Mais nous sommes persuadés que le nouveau gouvernement d'union nationale permettra de remettre de l'ordre au Zimbabwe.
Tout en respectant les décisions nationales, l'Internationale de l'Éducation croit en la promotion de l'unité des enseignants. Il s'agit là du fondement de notre Internationale depuis 1993 : l'unité d'enseignants prêts au changement. Les événements ont d'ailleurs démontré que nous avions raison à l'époque d'aspirer à une unité internationale. Ce principe est consacré dans notre Constitution. L'unité était par ailleurs le thème de notre dernier Congrès mondial : « Éducateurs - S'unir pour une éducation de qualité et une justice sociale ». Comme l'a souligné notre Président de l'époque, Thulas Nxesi, sa propre organisation, la SADTU, a été fondée en 1990 comme un syndicat enseignant national non racial, au moment où l'on commençait à parler de la création d'une nouvelle organisation internationale. Et comme il l'a affirmé, s'inspirant de sa propre expérience et faisant fi des divisions du passé : « L'unité n'est jamais la voie facile. Nous le savons, s'unir est difficile. »
Le développement d'une unité dans le respect de la diversité, principe également consacré dans la Constitution de l'IE, est un chantier en cours dans de nombreux pays, tant au Nord qu'au Sud. Mais cette unité doit avant tout émaner des membres. Elle peut être promue mais elle ne peut jamais être imposée.
Permettez-moi à présent de m'adresser aux représentants du gouvernement, dont nous saluons la présence éminente à l'occasion de cette conférence annuelle. J'insiste sur l'importance d'un dialogue basé sur le respect mutuel et la compréhension claire des rôles respectifs des gouvernements et des syndicats. Pour y parvenir, les gouvernements doivent absolument respecter l'indépendance des organisations enseignantes. Le principe de dialogue social constructif est bien défini dans la Recommandation UNESCO/OIT concernant la condition du personnel enseignant, ainsi que dans les conventions de l'OIT.
Bien que le Zimbabwe ait ratifié les Conventions 87 et 98 de l'OIT, les fonctionnaires publics, y compris les enseignants, ne jouissent pas pleinement de leur droit au travail et à la négociation collective. La loi sur le travail (pourtant plutôt progressiste) ne couvre pas le secteur public et ne s'y applique pas. La loi sur le service public n'est pas conforme aux normes internationales du travail et aux conventions de l'OIT. Les actuels accords de consultation, basés sur un instrument normatif inspiré de la loi sur le service public, sont insuffisants. Nous avons discuté de ces questions avec nos collègues de l'Internationale des Services Publics, et nous nous allions pour appeler le gouvernement à respecter les normes internationales du travail et à garantir qu'une loi nationale unique gouverne l'ensemble des travailleurs, dans le secteur tant privé que public.
Beaucoup reste à faire, dans un climat de dialogue constructif et réel. L'un des problèmes auxquels les gouvernements et les syndicats sont confrontés est la violence à l'encontre des enseignants. L'IE insiste sur la nécessité de les protéger. Dans le processus vital de guérison entamé par le pays, les enseignants et l'éducation font partie de la solution. Chaque année, le 5 octobre, nous célébrons la Journée mondiale des enseignants et, avec les agences internationales partenaires, nous envisageons de consacrer celle de cette année à la nécessité d'éradiquer la violence à l'encontre des enseignants et dans les écoles. L'IE appelle l'ensemble des gouvernements à collaborer avec les syndicats afin de faire des établissements scolaires des lieux sûrs.
Une autre question centrale est la prévention du VIH/SIDA. Je félicite la ZIMTA d'être parvenue à mettre en œuvre notre programme EPT/SIDA l'année dernière et avant le délai prescrit, en dépit des circonstances difficiles, et à créer, avec la PTUZ, un réseau positif d'enseignants afin de garantir la sécurité des genres dans les écoles et d'œuvrer à d'autres questions liées. Nous saluons également le fait que la ZIMTA préside l' Education Coalition of Zimbabwe(ECOZI) et soit membre du Groupe de travail sur l'éducation présidé par l'UNICEF, lequel s'efforce de promouvoir une éducation de qualité. Nous espérons également que vous collaborerez avec le Bureau régional de l'IE afin de redonner vie à la Southern Africa Teachers’ Organisation(SATO).
Chers collègues, il est plus que jamais temps pour les professionnels de l'éducation africains de réaffirmer le potentiel de l'Afrique afin de construire un nouvel avenir pour ses citoyens grâce à l'éducation. Vous pouvez montrer l'exemple en dessinant l'avenir à travers l'éducation, pour le Zimbabwe, l'Afrique et le monde entier. Nous le savons, la mobilisation est essentielle afin d'atteindre nos objectifs, en alliant action mondiale, nationale et locale. Nous devons agir dans chaque nation, pour mobiliser l'opinion publique afin de soutenir nos objectifs, notamment avec nos partenaires de la Campagne mondiale pour l'éducation lors de la Semaine mondiale d'action.
Je le répète : nous vivons des temps dramatiques. Je conclurai en ajoutant que ces temps montrent à quel point le mouvement syndical peut faire la différence, au niveau national et international. Les défis que nous devons relever étant mondiaux, l'action syndicale internationale est plus importante que jamais. La ZIMTA fait partie des organisations nationales d'enseignants qui l'ont bien compris. Je félicite votre organisation et vos dirigeants pour leur implication active dans le mouvement enseignant international.
Très chers collègues, les syndicats de l'éducation ont un rôle fédérateur particulier à jouer dans l'engagement des syndicalistes en faveur de la démocratie et de la justice sociale, afin de donner l'espoir à une nouvelle génération d'enfants et de jeunes. Il est difficile d'imaginer des enjeux plus exigeants. Mais en alliant notre action mondiale et votre mobilisation nationale, nous pourrons démontrer que nous pouvons être à la hauteur.
C'est cette conviction que nous pouvons changer les choses qui doit nous faire avancer. L'éducation publique de qualité et la solidarité sont deux instruments de poids. Solidarité entre les nations, les syndicats et les gens. Et une éducation de qualité pour tous. Voici le défi mondial de l'IE et de chaque syndicat membre au niveau national. Voici le défi que la ZIMTA doit aujourd'hui relever. Nous continuerons à compter sur vous, comme vous pouvez compter sur l'Internationale de l'Éducation.
Merci.