L’obligation stricte de rendre des comptes, imposée aux écoles, aux responsables de l’éducation et aux enseignant(e)s par les gouvernements, nuit à l’autonomie professionnelle et à la qualité de la formation pour tou(te)s et les compromet. C’est là le message clé délivré par la Conférence de l’Internationale de l’Education sur la direction scolaire qui s’est déroulée à Amsterdam.
Les participant(e)s à la Conférence de l’Internationale de l’Education (IE) sur la direction scolaire, qui s’est tenue cette semaine à Amsterdam, aux Pays-Bas, ont décrit en détail la manière dont la compétition, alimentée par les critères d’évaluation standardisés, les procédures de test et la publication de classements exerce une pression sur les écoles pour qu’elles se focalisent sur ce qui est mesuré.
Lors de cette conférence qui a lieu du 3 au 4 mars, les participant(e)s ont affirmé que les régimes de responsabilisation basés sur les tests sapent la collaboration, l’autonomie des écoles et l’autonomie professionnelle des directeurs/trices d’établissements scolaires et des enseignant(e)s. Ils/Elles ont demandé à l’IE et à ses organisations membres de continuer à contester cette approche restrictive de l’éducation et de la responsabilité.
Compte tenu de ces problèmes, Jaap Scheerens, professeur d’organisation et de gestion de l’éducation à l’Université de Twente, aux Pays-Bas, a présenté les conclusions et les recommandations du Comité Syndical Européen de l’Éducation (CSEE), le bureau régional de l’IE pour l’Europe, et l’enquête commune et activité d’apprentissage par les pairs sur l’autonomie professionnelle, la responsabilité et l’efficacité de la direction de la Fédération Européenne des Employeurs de l’Éducation. Le professeur Scheerens a également présenté les conclusions d’enquêtes comparatives réalisées à Malte, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni montrant différents degrés d’autonomie professionnelle. Les résultats ont également révélé que le système actuel laisse peu de place à l’autonomie et à l’esprit d’innovation des enseignant(e)s en raison des niveaux élevés de contrôle et des réformes des politiques descendantes.
Consolider la politique de l’IE sur la direction scolaire
Dennis Sinyolo, Coordinateur senior de l’IE au niveau de l’éducation et de l’emploi, a présenté le projet de politique de l’IE sur la direction scolaire et le principe fondamental de la politique de direction inclusive et collégiale, qui promeut le travail en équipe, des processus décisionnels démocratiques, le dialogue et la coopération.
Les participant(e)s ont salué la décision de l’IE de consolider sa politique en matière de direction scolaire. Ils/Elles ont discuté du projet de politique, proposé des améliorations pour certains domaines et élaboré des stratégies de mise en œuvre de la politique après son adoption.
Les participant(e)s ont mis l’accent sur le fait que tous les directeurs d’établissements scolaires sont des enseignant(e)s et qu’ils/elles devraient par conséquent bénéficier d’une formation professionnelle. Il/Elles devraient également recevoir une formation aux fonctions de direction et bénéficier d’une formation professionnelle continue et de mesures de soutien. La conférence a également à nouveau mentionné que la formation aux fonctions de responsable de l’éducation doit rester une des principales priorités de l’IE et de toutes les organisations membres. En outre, les participant(e)s ont également incité les gouvernements à garantir des systèmes de recrutement transparents basés sur des critères objectifs pour les responsables d’éducation.
Ben Hoogenboom, Vice-président de l’AOb, un des affiliés de l’IE aux Pays-Bas, qui participait à la conférence, a souligné qu’il souhaite « mettre l’accent sur l’enjeu existant au sein du secteur de l’éducation afin de développer un type de direction qui cherche à encourager plutôt qu’à imposer, qui soit conçu pour faciliter plutôt que pour dicter, qui soit inclusif plutôt que distant, qui guide et écoute, et qui invite au dialogue professionnel au lieu de donner des instructions unilatéralement. » Joany Krijt, Président de CNV-O, une autre organisation affiliée à l’IE, partage l’avis de Hoogenboom et a déclaré: « J’ai récemment remarqué dans l’environnement politique et éducatif une tendance qui favorise la méfiance, les contraintes administratives et une approche descendante… Nous devons faire confiance à l’enseignant, nous devons faire confiance au directeur d’école. »
Les enseignant(e)s doivent bénéficier des moyens d’exercer des fonctions de direction
La conférence a souligné le rôle capital joué par les enseignant(e)s qui endossent des fonctions de direction. Jelmer Evers, auteur et professeur d’histoire originaire des Pays-Bas, et Sean Slade, directeur des programmes Whole Childà l’ Association for Supervision and Curriculum Development, ont évoqué la nécessité de donner aux enseignant(e)s les moyens d’exercer des fonctions de direction. Evers a mentionné le besoin d’« inverser le système » (passer d’une approche descendante à une approche ascendante) afin de s’assurer que les enseignant(e)s soient impliqué(e)s dans l’élaboration des politiques d’éducation et la création des postes de direction. Slade a insisté sur le fait que le rôle de l’enseignant(e) n’est pas limité à la salle de classe, mais que les enseignant(e)s peuvent utiliser leurs compétences pour aider d’autres personnes aux niveaux de l’école, du secteur, de l’Etat ou du pays. Les participant(e)s à la conférence ont convenu de promouvoir la prise de fonctions de direction par les enseignant(e)s à tous les niveaux.
Odile Cordelier, vice-présidente du CSEE et Secrétaire nationale du SNES-FSU, en France, a pour terminer incité les participant(e)s et les syndicats présents en Europe et dans le monde à promouvoir les principes de la nouvelle politique de direction une fois qu’elle aura été adoptée, faisant remarquer qu’elle constituerait un outil important pour les interventions du CSEE et de l’IE auprès des gouvernements nationaux, de l’OCDE et d’autres organisations intergouvernementales.