Contrairement aux conventions internationales mises en place pour lutter contre l’exploitation des enfants, la nouvelle loi introduite par le gouvernement bolivien en matière de travail des enfants tend davantage à réglementer cette pratique plutôt qu’à l’éradiquer.
Au lieu de mettre un terme définitif au travail des enfants, la Bolivie vient de voter une loi abaissant de 14 à 10 ans l’âge légal d’admission au travail. Cette nouvelle loi entre directement en opposition avec les Conventions 138 et 182 de l’Organisation internationale du Travail (OIT), fixant l’âge minimal d’admission au travail et définissant les pires formes de travail des enfants.
Les responsables politiques boliviens déclarent que cette loi a pour but de protéger les enfants puisqu’elle définit les obligations auxquelles sont soumis les employeurs lorsqu’ils les engagent pour travailler. Selon eux, en l’absence d’une telle loi, le travail des enfants se poursuivrait dans des conditions et des environnements non sécurisés et échappant à tout contrôle.
La nouvelle loi
En vertu de la nouvelle législation, tout enfant de 10 à 12 ans engagé pour travailler doit être placé sous contrôle parental et ne peut être employé par un tiers. Toutefois, les enfants de cette tranche d’âge sont autorisés à travailler à titre indépendant.
De 12 à 14 ans, les enfants sont autorisés à signer un contrat pour travailler au maximum six jours par semaine, mais leur embauche doit être approuvée par un parent ou un tuteur légal.
Elément essentiel de la législation bolivienne, les enfants ont l’obligation de poursuivre leur scolarité, et le travail ne peut en aucun cas compromettre leur éducation. Toutefois, vu le grand nombre d’enfants mis au travail en Bolivie, la mise en œuvre de cette réforme promet d’être une tâche particulièrement difficile.
Le travail des enfants est-il pour autant devenu une pratique plus sécurisée?
Selon les chiffres les plus récents, 850.000 enfants travaillent en Bolivie et seuls 78 inspecteurs ont été engagés pour les contrôler - soit 10.897 enfants par inspecteur !
Un rapport publié en 2013 par le Département du travail des Etats-Unis a révélé que 20 pour cent des enfants boliviens âgés de 7 à 14 ans sont mis au travail. Bien que ce pourcentage soit encore important, il est toutefois trois fois moins élevé qu’en 2008.
Les enfants trouvent du travail dans divers secteurs, que ce soit dans les zones rurales (exploitations agricoles, élevage de moutons, récolte de la canne à sucre dans les fermes familiales) ou dans les villes (cireurs de chaussures et, pour les adolescents, le travail dans les mines d’argent).
La place des enfants est à l’école
Dans une lettre adressée au Président bolivien, Evo Morales, en janvier 2014, l’Internationale de l’Education (IE) lui a demandé de ne pas appuyer ce projet de loi et de respecter les engagements pris par la Bolivie dans le cadre des Conventions de l’OIT.
L’IE a également demandé au Président de faire en sorte que tous les enfants soient à l’école et non sur un lieu de travail. Les dispositions légales stipulant que les enfants de 10 à 12 ans autorisés à travailler doivent poursuivre leur scolarité ne répondent pas aux normes défendues par l’IE.