A l’occasion de la réunion organisée à Bruxelles, en Belgique, par le Comité permanent pour l'égalité de la région européenne de l'IE, le Comité syndical européen de l'éducation (CSEE), les 21 et 22 octobre, les représentant(e)s des syndicats de l'éducation ont souligné la nécessité de parvenir à l'égalité dans le système éducatif et de mettre en place des activités visant cet objectif.
« Cette réunion nous offre l'occasion de nous rassembler, de travailler main dans la main et, nous l'espérons également, de jeter les bases de notre futur travail en réseau », a affirmé la Secrétaire générale adjointe de l'IE, Haldis Holst, en s'adressant aux 47 participants provenant de 24 pays.
« Le travail en réseau réside au cœur de la raison d'être des syndicats – cette conviction selon laquelle, ensemble, on peut accomplir bien plus qu’en travaillant chacun de son côté. Nous ne devons pas simplement définir et comprendre les obstacles et les défis à relever: il nous faut partager nos succès comme nos revers, travailler de concert et joindre nos forces. Nous devons revitaliser et accroître la visibilité des projets qui nous permettront d’atteindre une véritable égalité entre les femmes et les hommes, les filles et les garçons et ce, dans l’ensemble de la société, au sein des syndicats et de l'éducation, en Europe comme dans le reste du monde. »
« C'est dans cet objectif que l'IE a mis sur pied les réseaux de femmes régionaux et sous-régionaux, qui constituent autant d'outils pour progresser sur le chemin de l'égalité des genres », a-t-elle expliqué. « A l’heure actuelle, nous disposons de onze réseaux. Chacun d’entre eux a son importance et ils ont tous, de façons diverses, apporté une contribution majeure à la promotion de l'autonomisation et du leadership des femmes. »
Le Plan d'action mondial pour l'égalité des genres de l'IE: un outil essentiel
Haldis Holst a ensuite mis en lumière l'importance du Plan d'action mondial pour l'égalité des genres de l'IE (GEAP). Il offre un cadre qui permettra à l'IE et à ses affiliés de mettre en pratique les politiques, les discours et les activités des syndicats d'enseignants dans le domaine de l'égalité des genres.
Le GEAP de l'IE identifie trois priorités majeures d'ici 2015:
· Promouvoir l'égalité des genres au sein des syndicats;
· Garantir l'accès et la participation des petites filles à une éducation publique de qualité; et
· Promouvoir et garantir l'autonomisation financière des femmes
Haldis Holst a également présenté la campagne d’un an « Uni(e)s pour l'éducation », lancée par l'IE le 4 octobre dernier, visant à promouvoir l'égalité des chances.
Kounka Damianova, présidente du Comité permanent pour l'égalité, a ensuite souligné que « la qualité de l'éducation est étroitement liée à l'égalité. Au cours de cette réunion, nous tenterons d’identifier la meilleure façon d'adjoindre l'égalité à la qualité dans le secteur de l'éducation. »
Kounka Damianova a été réélue présidente du Comité. Rossella Benedetti, membre de UIL Scuola/Italie, a quant à elle été élue à la vice-présidence.
Onze représentants syndicaux se sont portés candidats pour intégrer le groupe de travail sur l’égalité, un organe consultatif du Comité permanent du CSEE pour l’égalité qui se réunit une ou deux fois par an.
La coordinatrice du CSEE, Susan Flocken, a ensuite livré un aperçu du Programme de travail 2013-2016 du CSEE, indiquant les priorités, les objectifs, le plan d'action et les méthodes reposant sur les recommandations du Congrès de l'IE de 2011, les débats du Caucus des femmes, ainsi que les mises à jour des programmes sur l'égalité de l'IE et du CSEE.
NEA/Etats-Unis: les femmes de plus en plus présentes au sein des syndicats
Au cours de l’une des discussions thématiques de la réunion, intitulée « Implementing an equality programme: successes and challenges »(Mise en œuvre d'un programme pour l'égalité : victoires et défis) Princess Moss, membre de la National Education Association(NEA, Etats-Unis), a également fait une présentation(disponible en anglais).
Elle a rappelé aux participants les paroles de Lilly Ledbetter, militante pour l’égalité des femmes, prononcées lors de la Joint Conference on Concerns of Minorities and Women(Conférence conjointe sur les préoccupations des minorités et des femmes) de la NEA, en 2013: « Il y a tant à faire, et si peu de temps. »
Ces mots n'étaient pas uniquement forts et adaptés à l’instant, a déclaré Princess Moss. « C'était un appel vibrant à l’attention de celles et ceux qui, comme nous, font le choix courageux de défendre et de promouvoir l'égalité des genres plutôt que le choix confortable du statu quo. »
« L'histoire de Lilly Ledbetter prouve combien, aux quatre coins du monde, l'inégalité des genres dans l'emploi demeure une importante barrière à la pleine expression des droits humains », a-t-elle déclaré.
Et Princess Moss d’ajouter: « Grâce à leur plus grande participation au marché du travail et à des taux de syndicalisation élevés dans les domaines où leur présence domine, tels que les soins infirmiers, l'enseignement et les emplois administratifs, les femmes sont de plus en plus présentes au sein des syndicats. Aux Etats-Unis, 44 pour cent des membres des syndicats sont des femmes. En outre, la majorité des nouveaux travailleurs/euses ayant rejoint les syndicats ces vingt dernières années étaient des femmes. Dans certains syndicats, et particulièrement dans le secteur des services, les femmes représentent déjà au moins 50 pour cent des effectifs. Pourtant, on ne retrouve pas cette même proportion de femmes dans les hautes sphères. Aux Etats-Unis, les femmes occupent environ 21 pour cent des postes organisationnels dans les syndicats, et relativement peu de postes décisionnels et ce, même au sein de syndicats comptant énormément de femmes. »
Les femmes dans les hautes sphères des syndicats
« Tout comme nous avons besoin d'un afflux de femmes et de jeunes filles vers les métiers scientifiques, technologiques, mathématiques et les métiers d'ingénieur, nous avons également besoin d'un afflux de femmes et de filles dans tout ce qui a trait à la direction – à savoir dans les organisations publiques, politiques, philanthropiques, commerciales, éducatives et non gouvernementales », a-t-elle déclaré.
Les syndicats peuvent et ont les moyens de créer un espace permettant de cultiver le leadership des femmes en leur proposant des programmes de formation dédiés, des conférences, des comités de femmes, ainsi que des réseaux aux niveaux local, régional et national.
Mais cette question concerne également les hommes. En effet, ces derniers jouent un rôle de premier plan dans l'équilibre du pouvoir, que ce soit au sein des écoles ou des syndicats.
Les syndicats ne peuvent mener à bien leur tâche que s'ils se montrent à l'écoute et tiennent compte des préoccupations des deux genres. En répondant de façon plus constante et visible aux préoccupations des femmes, les syndicats seront davantage susceptibles de les inciter à s’engager activement et sur le long terme.
Princess Moss a mis en lumière les progrès accomplis grâce au programme de la NEA consacré au leadership des femmes qui « a influencé la nature du leadership au sein du syndicat et ce, au niveau local, au niveau des Etats, comme à l’échelle nationale. Ce programme a été conçu il y a plus de 40 ans. Si nous y avons apporté de nombreux changements, nous sommes toutefois restés fidèles à notre vision d'un engagement total des femmes dans chaque aspect de la vie syndicale. »
Elle a exposé les quatre piliers de ce programme, à savoir: faire campagne pour la victoire; des compétences pour les leaders émergents; le développement de vos compétences en matière de leadership; et le leadership stratégique.
Elle a également reconnu le rôle crucial joué par le comité des questions liées aux femmes de la NEA, chargé de proposer des politiques et des programmes relatifs aux questions qui préoccupent particulièrement les femmes, notamment dans le cadre des efforts déployés pour parvenir à l'égalité des droits pour les femmes en vertu de la loi, d’analyser les programmes de la NEA ayant un impact sur les femmes, ainsi que de conseiller le syndicat dans la mise en œuvre de ces programmes.
« On a souvent entendu que le grand défi moral du XIXe siècle a été l'esclavage et celui du XXe, le totalitarisme. Le grand défi moral du XXIe siècle consistera à répondre aux besoins des filles et des femmes du monde entier », a-t-elle déclaré. « De nombreux éléments révèlent que l'éducation et l'autonomisation des femmes transformeront radicalement le monde dans lequel nous vivons. Et ça, c’est une excellente nouvelle! »
Enfin, Princess Moss a indiqué que: « Au-delà du fait qu'il nous faut encore atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement et celui de l'Education pour Tous d’ici à 2015, le nouveau rapport du Secrétaire général de l'ONU proposant des recommandations pour la période 2015-2030 est encourageant: l'égalité des genres et l'éducation figurent parmi les douze objectifs, respectivement en deuxième et troisième position. Nos nations, avec l'aide de la société civile et de l'Internationale de l'Education, définiront les priorités à venir. »
Des exemples d'initiatives lancées par les membres de l'IE et du CSEE ont également été présentés, tels que la Declaration of intent on Global Equality in Education for Women and Girls(Déclaration d'intention sur l'égalité dans l'éducation des femmes et des filles au niveau mondial), publiée par la National Association of Schoolmasters Union of Women Teachers/ Royaume-Uni, ou encore les activités menées par les syndicats d'enseignants en Serbie.
Après quoi, des groupes de discussion ont été formés sur les thèmes suivants: l'émancipation économique des enseignantes: combattre les inégalités dans les salaires et les coupes budgétaires; venir à bout des stéréotypes dans et grâce à l'éducation; et l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée.
Lignes directrices du CSEE
Les participants ont également eu l’occasion d’élaborer les lignes directrices pour la mise en œuvre des recommandations 2011/2012. Ces lignes directrices, destinées aux enseignant(e)s et à l’ensemble du personnel de l’éducation, couvrent les aspects suivants: l’émancipation économique des enseignantes; l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée; et venir à bout des stéréotypes liés au genre dans et grâce à l’éducation. Elles ont été adoptées par le Comité du CSEE, l'organe décisionnel du CSEE, lors de sa réunion des 23-24 octobre 2013.
Les participants ont en outre reçu des informations sur la seconde Conférence mondiale des femmes de l’IE qui se tiendra à Dublin, en Irlande, du 7 au 9 avril 2014.
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