Aujourd’hui, alors que nous célébrons la deuxième Journée internationale de la fille, nous observons également que 2013 a placé tout en haut des priorités de l’agenda politique international les défis que les filles rencontrent pour accéder à l’éducation et terminer leurs études. Nous le devons en grande partie au courage de Malala Yousafzai, l’adolescente pakistanaise blessée par balles à la tête par les talibans en octobre 2012 et qui est devenue l’avocat du droit à l’éducation.
Le refus de Malala d’être réduite au silence par des terroristes et la ténacité avec laquelle elle continue de plaider pour l’éducation des filles ont abouti à la célébration d’une journée spéciale baptisée Journée pour Malala, durant laquelle, en compagnie du Secrétaire général des Nations Unies, elle s’est adressée aux jeunes délégué(e)s qui ont « occupé » le siège des Nations unies le 12 juillet de cette année.
Priorité mondiale à l’éducation des filles
La tentative de meurtre de Malala Yousafzai a jeté une lumière crue sur la problématique des jeunes filles qui sont empêchées d’aller à l’école sous peine de mort dans certains pays. En décembre dernier, à l’occasion du premier d'une série d'événements visant à discuter de l’accès des filles à l’éducation au Pakistan, Gordon Brown, Envoyé spécial des Nations Unies pour l’éducation mondiale, a déclaré à juste titre que le temps était venu de cesser de faire « des discours qui écrasent les gens» pour passer à des « actions pour que le monde se ressaisisse».
Il est donc tout à fait approprié que la Journée internationale de la fille de cette année soit placée sous le thème Innover en faveur de l’éducation des filles. Certain(e)s des jeunes enseignant(e)s qui ont assisté à la Journée pour Malala aux Nations unies dans le cadre de la délégation ont réfléchi aux défis que doivent relever les filles pour accéder à l’éducation dans leur pays.
Expériences de terrain
A Amsterdam, Lotte Bosma (du syndicat AOB) enseigne dans une école pour enfants ayant des besoins spéciaux. Elle indique que les Pays-Bas introduisent actuellement l’enseignement inclusif, de façon à ce qu’un maximum d’enfants ayant des besoins spéciaux puisse étudier dans des écoles ordinaires. Cette approche transformera la vie des enfants ayant des besoins spéciaux et, doublement celle des filles. L’un des collègues de Lotte lui a dit que « certains parents admettent que leur fille ait moins de chances de trouver un partenaire si elles ont un suivi un enseignement spécial ».
Sur la base de sa propre expérience d’enseignante, Lotte considère que, dans son pays, la priorité semble avoir été centrée sur les besoins éducatifs des garçons et que les politiques actuellement adoptées traitent de la « féminisation de l’éducation ». Cela fait référence à l’idée que le nombre élevé d’enseignant(e)s explique pourquoi les garçons n’ont pas réussi aussi bien que les filles aux Pays-Bas ces dernières années, parce que les modèles de rôle masculins manquaient en classe. Or, une étude récente de l’ITS menée auprès de 6.000 élèves aux Pays-Bas a montré que le sexe d’un enseignant n’a aucune incidence sur les résultats scolaires des enfants. En outre, les filles ont peut-être de meilleurs résultats que les garçons aux Pays-Bas, mais comme le souligne Lotte, la majorité des emplois de haut niveau et à haut salaire sont occupés par des hommes et, en règle générale, les femmes sont toujours moins bien payées que les hommes pour un travail de valeur égale.
En Egypte, la déléguée des jeunes de l’IE, Mennatallah Shapaan Abdelgid Morsy Hikal (ISTT), déclare que l’Internet et, plus généralement, l’utilisation des TIC ont ouvert une porte sur le monde et motivé les filles à en faire plus. Comme le lui a dit une élève: « Je ne veux pas rester assise à la maison, me marier et finir ma vie chez moi en ne faisant rien ! ». De plus en plus, les élèves égyptiennes voient dans l’éducation une manière de sortir de la pauvreté, de devenir indépendantes et de « montrer au monde qu’elles sont capables de faire quelque chose qui compte ».
Au Pakistan, Sehreen Moorat (COT) a parlé à un enseignant dans une école publique de son quartier. Il lui a dit que les filles rencontrent de nombreuses difficultés différentes en matière d’éducation au Pakistan, notamment les barrières culturelles et religieuses, une grande pauvreté qui incite de nombreux parents à choisir une formation professionnelle pour leurs fils, tandis que leurs filles ne bénéficient que de peu ou pas du tout d’instruction, et une pénurie d’enseignantes.
Enfin, Alexis Ploss (NEA) a mis en évidence quelques statistiques affligeantes sur l’éducation des filles en Amérique du Nord: 50 pour cent des Américaines de souche, 4 Latino-Américaines sur 10 et 4 filles de couleur sur 10 n’achèvent pas leurs études.
Ces différents exemples venus du monde entier montrent que l’éducation des filles doit rester en haut des priorités politiques nationales, régionales et internationales et pas uniquement à l’occasion de la Journée internationale de la fille. Ces témoignages de Lotte, de Mennatallah, de Sehreen et d’Alexis révèlent que les organisations d’enseignant(e)s disposent de données factuelles solides qui les unissent et leur permettent de plaider en faveur de l’éducation des filles. Les enseignant(e)s sont en première ligne, savent d’expérience quels sont les problèmes et sont essentiel (le)s pour trouver les solutions.
Le message du Secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen, à l’occasion de la Journée internationale de la fille peut être consulté ici.