Selon un nouveau rapport de la Campagne mondiale pour l'éducation (CME), dont l'IE est l'un des membres fondateurs, des millions de petites filles se retrouvent contraintes d'abandonner leurs études en raison de la pauvreté, des menaces de violences sexuelles et de la piètre qualité des écoles et ce, malgré l'augmentation du taux de scolarisation.
Le rapport, intitulé « Scolarité des filles: réparons l’injustice et mettons fin à la discrimination », exhorte les gouvernements et les institutions internationales de financement à rétablir l'équilibre et à donner une chance équitable aux petites filles.
Ces dix dernières années, le nombre de petites filles ayant pu débuter leur éducation a augmenté, mais elles restent néanmoins plus susceptibles de devoir abandonner leurs études que les petits garçons. Dans certaines régions du monde, seule une petite fille sur dix termine le cycle de l’enseignement primaire.
Même lorsque l'éducation est gratuite et accessible à tous, d'autres obstacles peuvent survenir, notamment dans le recrutement d’enseignantes ou encore la mise à disposition d'installations sanitaires adéquates. Les petites filles issues des familles pauvres ont davantage tendance à devoir travailler et s'occuper des animaux ou des cultures. Si leurs parents viennent à tomber malades, principalement à cause du VIH, c'est aux filles qu'il incombe de rester à la maison pour s'occuper de leurs frères et sœurs. En outre, les petites filles se retrouvent souvent obligées d'abandonner l'école pour se marier.
Selon le rapport, la meilleure façon de protéger les petites filles des mariages précoces, c'est de les aider à poursuivre leur scolarité. Au Mozambique, les petites filles qui vont à l'école ont 50% moins de chances de se marier avant l'âge de 18 ans.
Ce rapport met en lumière le fait que la République démocratique du Congo, l'Egypte, l'Inde, l'Irak, le Nigeria et le Pakistan comptent parmi les pays ne respectant pas le droit des petites filles à l'éducation. En Afrique subsaharienne, les petites filles ont 50% moins de chances de terminer leur éducation de base. Dans certains pays d'Asie, les petites filles doivent également se battre: 41% des petites Pakistanaises et 30 % des petites Indiennes ne terminent pas le cycle de l’enseignement primaire.
Et ne parlons même pas de l'enseignement secondaire! Dans deux-tiers des pays, le nombre de garçons scolarisés dépasse de loin le nombre de petites filles.
Ce rapport met également en lumière certains pays qui sont parvenus à améliorer la scolarisation et la rétention des petites filles à l'école, notamment la Jordanie, le Sénégal, la Tanzanie, la Tunisie et l'Ukraine.
Le rapport de la CME insiste sur le fait qu'il s'avère essentiel de s'attaquer aux causes de l'exclusion et du décrochage scolaire. Les écoles devraient être gratuites et plus sûres. Il est plus que nécessaire de mettre un terme aux pratiques discriminatoires à l'école, à la stigmatisation et aux stéréotypes liés aux petites filles. Pour ce faire, les gouvernements doivent apporter un important soutien financier et mettre en place des politiques spécifiques en vue d'atteindre l'égalité des genres dans l'éducation.
Ce rapport exhorte les gouvernements à agir sans tarder et appelle également les donateurs à s'engager à apporter 2,5 milliards de dollars afin de financer une Initiative de mise en œuvre accélérée de l'Education pour Tous réformée (Initiative Fast Track), en novembre prochain.
« Nous ne pouvons pas tolérer la violation persistante des droits à l'éducation des femmes et des petites filles », a déclaré Camilla Croso, Présidente de la CME. « Non seulement l'objectif de l’Education pour Tous qui consistait à atteindre la parité des genres d'ici 2005 n'a pas été rempli, mais l'objectif visant à atteindre l'égalité des genres d'ici 2015 est en outre loin d'être garanti. »
Selon la Présidente de l'IE, Susan Hopgood, « il est inacceptable qu'autant de petites filles n'aient toujours pas les mêmes chances d'accéder à l'éducation. Jusqu'à ce que toutes les petites filles puissent bénéficier d'une éducation, nous ne pourrons pas nous attaquer de façon efficace à la pauvreté ou à l'inégalité. Si l'on offre aux petites filles l'opportunité d'apprendre et de s'épanouir dans des écoles sûres et disposant de ressources adéquates, avec des enseignant(e)s hautement qualifié(e)s, rien ne viendra se mettre en travers du chemin vers l'Education pour Tous, en tant que droit fondamental, et non pas en tant qu'option. »
Ces questions, ainsi que l'égalité des genres au sein des syndicats, l'éducation intégrant la dimension de genre, et l'engagement des gouvernements envers les droits des femmes, figureront au programme du Caucus des femmes de l'IE, qui se tiendra le 21 juillet, à l'occasion des différents événements préliminaires au sixième Congrès mondial de l'IE, organisé au Cap, en Afrique du Sud.