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Enfants dans une école maternelle publique et gratuite à Tachkent, Ouzbékistan (c) 2022 Bede Sheppard / Human Rights Watch
Enfants dans une école maternelle publique et gratuite à Tachkent, Ouzbékistan (c) 2022 Bede Sheppard / Human Rights Watch

La Journée mondiale de l'enfance est célébrée chaque année le 20 novembre. Cette date est propice aux droits de l'enfant, car elle coïncide avec la date à laquelle les Nations Unies ont adopté aussi bien la Déclaration sur les droits de l’enfant en 1959 que la Convention sur les droits de l’enfant en 1989.

Tant la Déclaration que la Convention reconnaissent que chaque enfant devrait avoir droit à un enseignement élémentaire ou primaire gratuit. La Journée mondiale de l'enfance en 2024 offre à chacun et chacune d’entre nous l’occasion de reconnaître qu'à l'heure actuelle, un enseignement primaire gratuit ne suffit plus à préparer les enfants à s'épanouir dans le monde d'aujourd'hui. Il est temps d'actualiser le droit international afin de garantir à chaque enfant un enseignement public gratuit, de l'école maternelle à l'enseignement secondaire.

Des progrès ont été accomplis. En juillet 2024, le Conseil des droits de l'Homme, le principal organe des Nations Unies en matière de droits humains, a décidé de rédiger une version actualisée - connue sous le nom de « protocole facultatif » - de la Convention des droits de l'enfant. Ce nouveau traité viserait spécifiquement à améliorer la législation internationale sur les droits humains dans le sens d’une reconnaissance du droit de chaque enfant à l'éducation et à la protection de la petite enfance, à un enseignement pré-primaire public gratuit (commençant au moins par une année) et à un enseignement secondaire public gratuit.

L'initiative a été conduite par le Luxembourg, la République dominicaine et la Sierra Leone, et a été soutenue par 46 Etats de toutes les régions du monde [1]. Il s'agit d'une avancée significative, mais la route est encore longue. Pour que les négociations, qui débuteront en septembre 2025, soient couronnées de succès, il faudra que cette démarche reçoive un soutien clairement affirmé de beaucoup d'autres pays encore.

Les personnels enseignants disposent d'une expertise et d'une perspective uniques sur la valeur de l'éducation de la petite enfance et de l'enseignement secondaire, et doivent donc, avec leurs syndicats, jouer un rôle indispensable pour convaincre davantage de gouvernements de s'engager dans cette voie. Lors du récent congrès mondial de l'Internationale de l'Éducation, les membres ont souligné que dans plusieurs pays, l'éducation de la petite enfance n'était pas encore considérée comme un droit universel alors qu'elle « fait partie intégrante du système éducatif ». Le Congrès a affirmé que « le droit à l'apprentissage commence à la naissance » et a souligné le rôle indispensable du soutien de l'Internationale de l'Éducation et de ses nouvelles initiatives organisationnelles pour les progrès futurs en matière d'éducation de la petite enfance.

Le monde a fait des progrès remarquables depuis la création de la Journée mondiale de l'enfance en 1954, à une époque où à peine la moitié des enfants du monde fréquentaient l'école primaire. Aujourd'hui, on estime que 88 % des enfants dans le monde terminent l'école primaire. En revanche, les taux de réussite dans l'enseignement secondaire restent à la traîne, avec seulement 59 % des enfants dans le monde qui terminent l'école secondaire. Au niveau pré-primaire, près de la moitié des enfants ne sont pas scolarisé·es.

Les disparités entre les pays à revenu élevé et les pays à faible revenu sont encore plus marquées. Dans les pays à faible revenu, quatre enfants sur cinq ne fréquentent pas l'enseignement pré-primaire. Dans les pays à revenu élevé, les enfants ont deux fois plus de chances de fréquenter l'école secondaire que ceux des pays à faible revenu.

Pour des millions d'enfants à travers le monde, le coût de l'éducation reste un obstacle important, en particulier aux niveaux pré-primaire et secondaire, où les coûts entraînent des inégalités d'accès.

Les pays qui suppriment les frais de scolarité peuvent enregistrer des augmentations significatives des taux de scolarisation et de réussite scolaire. Par exemple, en 2008, le Ghana est devenu le premier pays d'Afrique subsaharienne à étendre la gratuité de l'enseignement aux années de maternelle, en assurant deux années d'enseignement pré-primaire gratuit et obligatoire. En 2017, le Ghana s'est ensuite engagé à mettre en place la gratuité totale de l'enseignement secondaire. Les résultats de cette progression constante de la gratuité de l'enseignement sont spectaculaires. Selon les dernières statistiques, le Ghana affiche désormais le troisième taux de scolarisation le plus élevé d'Afrique subsaharienne, tant dans l'enseignement pré-primaire que dans l'enseignement secondaire. La vie de millions d'enfants a été améliorée grâce à l'accroissement de leurs connaissances, de leurs compétences et de leurs opportunités.

Reproduire ces progrès à l'échelle mondiale ne sera pas chose aisée. C'est ainsi que l'Organisation des Nations Unies pour l'Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) estime que six millions d'éducateurs et éducatrices pré-primaires supplémentaires sont nécessaires pour assurer une année d'enseignement pré-primaire universel et gratuit d'ici à 2030.

Mais l'accès des enfants à l'enseignement pré-primaire et secondaire ne devrait pas être conditionné par la capacité ou la volonté de leurs parents à payer. Les syndicats de l’éducation, dont les membres sont en première ligne pour dispenser l'éducation, sont particulièrement bien placés pour plaider en faveur de ce changement mondial en encourageant leurs gouvernements à soutenir le protocole facultatif lors des négociations qui commenceront l'année prochaine.

Un enseignement public et gratuit, de la petite enfance à l'enseignement secondaire, doit être un droit pour chaque enfant, et le soutien des syndicats de l’enseignement est essentiel pour concrétiser ce droit.

Note

Les organisations membres de l'Internationale de l'Éducation qui souhaitent participer peuvent prendre contact avec le Secrétariat de l’IE - headoffice[at]ei-ie.org.

1. ^

Les co-parrains de la résolution du Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies étaient : Albanie, Arménie, Bahamas, Bosnie-Herzégovine, Botswana, Brésil, Bulgarie, Burundi, Chili, Colombie, Costa Rica, Croatie, Chypre, République dominicaine, République tchèque, Équateur, Finlande, France, Gambie, Géorgie, Allemagne, Ghana, Honduras, Hongrie, Italie, Kazakhstan, Kirghizstan, Lituanie, Luxembourg, Malawi, Malte, Îles Marshall, Micronésie, Moldavie, Monaco, Nauru, Panama, Paraguay, Pérou, Philippines, Roumanie, Saint-Marin, Serbie, Sierra Leone, Slovaquie, Espagne, Ukraine, Uruguay et Ouzbékistan.

Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.