En Eswatini, l’Internationale de l’Éducation (IE) et son organisation membre, l’Association nationale enseignante du Swaziland (Swaziland National Association of Teachers – SNAT), amplifient leur appel en faveur de réformes systémiques dans l’enseignement public.
Malgré un climat d’intimidation et de harcèlement, les enseignant·e·s se sont réuni·e·s pour lancer la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! » et développer des stratégies visant à garantir des investissements plus importants dans l’enseignement public et les enseignant·e·s, face à un contexte rendu difficile par l’État. Organisé à Manzini les 24 et 25 novembre, l’événement s’est déroulé sur fond de pressions politiques et judiciaires à l’égard du président de la SNAT, Mbongwa Dlamini. Bien qu’un tribunal se soit récemment prononcé en faveur de la réintégration de M. Dlamini à son poste d’enseignant, le gouvernement a non seulement fait appel de cette décision, mais a en outre émis une citation à comparaître en vue de son arrestation au cours de l’atelier.
« Le recours à l’intimidation et au harcèlement dans le but de menacer le personnel éducatif et les leaders syndicaux et syndicales est absolument inacceptable », a commenté le président de l’IE, Mugwena Maluleke. « Les systèmes judiciaires doivent apporter un soutien inébranlable à l’État de droit et garantir l’équité pour l’ensemble des citoyens et citoyennes. Ils ne doivent pas être utilisés comme instruments d’oppression. Cette injustice ne peut être tolérée et elle ne le sera pas. »
La force du public : défendre courageusement l’enseignement public
Cependant, les dirigeant·e·s de la SNAT au niveau national et au niveau des districts ne se sont pas laissé·e·s décourager et ont élaboré une feuille de route pour la campagne « La force du public ». S’appuyant sur les recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante, les discussions ont mis en lumière plusieurs points déterminants, notamment :
- Des salaires justes et compétitifs : la recommandation 8 fait valoir la nécessité pour les gouvernements de considérer le financement à long terme des enseignant·e·s comme une pierre angulaire de systèmes d’éducation durables grâce à des salaires compétitifs.
- Le soutien aux enseignant·e·s en zone rurale : la recommandation 11 préconise l’octroi de primes et d’incitations aux éducateur·trice·s qui travaillent dans les zones rurales et autres régions reculées afin d’encourager les enseignant·e·s expérimenté·e·s à y travailler.
- L’amélioration des conditions de travail : la recommandation 37 met l’accent sur un lieu de travail sûr et sain, des charges de travail équilibrées, des logements abordables et des ratios enseignant·e/élèves gérables.
- Les dirigeant·e·s de la SNAT ont également abordé la question de la précarisation croissante du personnel enseignant et souligné la pertinence de la recommandation 19, qui appelle à cesser de recourir à des enseignant·e·s contractuel·le·s et à garantir à l’ensemble des éducateur·trice·s une formation et des qualifications adaptées.
- Reconnaissant le rôle néfaste des institutions financières internationales (IFI) dans la perpétuation des contraintes liées à la masse salariale et des mesures d’austérité, la SNAT a estimé que la recommandation 55 était vitale. Celle-ci invite en effet les IFI, telles que le Fonds monétaire international, à mettre fin aux politiques qui nuisent au recrutement, à la rétention et aux salaires des enseignant·e·s. Elle prône en outre des mesures d’allégement de la dette afin de soutenir le financement de l’éducation.
Solidarité et action
En dépit des difficultés rencontrées, le président de la SNAT a exprimé sa gratitude envers l’IE pour sa solidarité inébranlable. « La solidarité nous permet de garder notre force malgré les obstacles actuels », a-t-il déclaré. « Nous sommes déterminés à faire en sorte que, grâce à notre campagne ‘La force du public : ensemble on fait école !’, nous puissions maximiser la pression sur le gouvernement et parvenir à une éducation publique de qualité pour toutes et tous. »
À l’issue de l’événement, l’IE a rejoint une délégation de la SNAT auprès du ministre de l’Éducation dans le but de protester contre le harcèlement du président du syndicat et de réaffirmer l’engagement des organisations en faveur d’une éducation de qualité considérée comme un bien public.
La campagne « La force du public : ensemble on fait école ! » en Eswatini représente une prise de décision courageuse contre l’intimidation, un appel en faveur d’un changement systémique et un pas supplémentaire vers l’application effective du droit à l’éducation pour tou·te·s.