Les affiliés argentins de l’internationale de l’Éducation, ainsi que leurs centrales syndicales, se sont regroupés en un partenariat politique, social intersectoriel de femmes pour mener une campagne active pour que le Parlement national adopte une loi légalisant l’avortement.
Le 30 décembre, l’Argentine n’est devenue que le troisième pays d’Amérique du Sud à autoriser les interruptions volontaires de grossesse après que le Sénat a approuvé une modification de la loi avec 38 voix contre 29 et une abstention.
Les syndicalistes de l’éducation affilié·e·s à la Confederación de Educadores Argentinos(CEA), la Confederación de Trabajadores de la Educación de la República Argentina(CTERA) et la Federación Nacional de Docentes Universitarios(CONADU) figuraient parmi les militant·e·s pro-choix qui ont organisé une veillée à l’extérieur du Palais du Congrès de Buenos Aires.
CTERA : l’interruption volontaire de grossesse est inscrite dans le droit et représente un pas vers la justice sociale
« Aujourd’hui, nous avons franchi une étape fondamentale dans la construction d’une Argentine plus juste », ont déclaré Sonia Alesso, secrétaire générale de la CTERA et membre du Bureau exécutif de l’Internationale de l’Éducation, et Roxana Rogalski, secrétaire pour les questions de genre et de l’égalité des chances de la CTERA.
« Nous nous sommes acquittés d’une dette historique. C’est un droit inaliénable ! Notre pays est à l’avant garde en matière de droits sociaux en Amérique latine et c’est en grande partie grâce à la lutte ininterrompue du féminisme national et populaire. La marée verte de construction collective – couleur portée par les défenseur·euse·s du projet de loi – dont la CTERA au sein de la Central de Trabajadores de la Argentina(CTA) et le Bloque Intersindical de Género est fière d’en être une protagoniste et une pionnière ! »
Elles ont conclu en déclarant : « Aujourd’hui nous entrons dans l’histoire ! »
CONADU : un soutien énorme au mouvement pro-avortement construit au fil des années
Faisant écho à ses collègues syndicalistes, Yamile Socolovsky, secrétaire aux relations internationales de la CONADU, a déclaré : « Les travailleurs et travailleuses regroupés dans les syndicats espéraient profondément que cette fois-ci, une loi serait adoptée. Pendant de nombreuses années, nous avons mené une campagne en faveur d’un avortement légal, sûr et gratuit. Nous avons construit un mouvement de soutien considérable au niveau social, placé au centre du féminisme populaire que nous avons bâti au fil des années, au sein duquel les syndicalistes ont joué et jouent toujours un rôle important. »
Socolovsky est également secrétaire à la formation de la CTA et est responsable de la coordination du Secrétariat de la CTA pour les questions de genre. Elle a mis en exergue le soutien à la loi sur l’avortement apporté par un vaste éventail de femmes syndicalistes, de mouvements sociaux et féministes.
Contexte
Cette victoire est le résultat de cinq années de manifestations massives organisées par le mouvement populaire de femmes argentin. Il a commencé avec une campagne Twitter envers la violence de genre, utilisant le hashtag#NiUnaMenos(« pas une de moins » - ce qui signifie pas plus disparitions dues à la violence à l’égard des femmes).
La première marche spontanée le 3 juin 2015 a eu lieu en réaction au meurtre de Chiara Páez, une jeune fille âgée de 14 ans qui était enceinte et que l’on a retrouvée enterrée sous la maison de son petit ami après qu’il l’ait battue à mort.
C’est cet évènement dramatique et atroce qui a permis aux syndicats et aux associations de femmes militantes de se rassembler autour d’un éventail de questions relatives aux droits des femmes, y compris le droit à l’avortement.