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Tandis que les premières lignes prennent le chemin du retour à l’école : les gouvernements peuvent-ils assurer leur sécurité ? par David Edwards

Publié 16 juin 2020 Mis à jour 16 juin 2020
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L’Internationale de l’Éducation se fait l’écho de l’appel des travailleur∙euse∙s de l’éducation à travers le monde : les gouvernements nationaux doivent assurer leur protection au moyen de mesures de santé publique éprouvées, lors de la transition de retour à l’école. Consultez la réponse de la fédération syndicale mondiale à cet appel.

« Le virus ne fait pas de discrimination. »

Cette expression courante rappelle la nécessité de faire universellement preuve de prudence face à la COVID-19, qui attaque les populations vulnérables indépendamment de l’appartenance politique ou du statut. Pourtant, le récit que dévoile le virus tout au long de son cheminement à travers la planète, est en fait celui d’une discrimination profonde et généralisée. En attendant des développements scientifiques, la biologie de la pandémie est quelque peu opaque. Son écologie est déjà lugubre.

La Nouvelle-Zélande procède à la réouverture progressive des écoles, à la suite d’un des schémas de confinement et de traçabilité des contacts les plus stricts et apparemment les plus probants au monde. Ce pays de 4,8 millions d’habitant∙e∙s dispose d’environ 600 lits d’hôpitaux équipés de respirateurs. À l’autre bout du monde en Ouganda, un pays qui compte une population de 42 millions d’habitant∙e∙s et un nombre de lits en soins intensifs estimé à 35, le taux d’infections est faible mais en augmentation, et les écoles sont fermées jusqu’à nouvel ordre.

Alors qu’elles ouvrent à nouveau, les écoles néo-zélandaises vont conserver certains éléments d’enseignement en ligne tout en mettant l’accent sur l’hygiène à l’école, en particulier sur le lavage des mains. Pendant ce temps en Ouganda, et même avant le coronavirus, l’hygiène représente un défi pour de nombreuses écoles. À l’école primaire Amucu Primary School dans le nord-est de l’Ouganda, les enseignant∙e∙s ont récupéré les eaux de pluie d’un toit en tôle ondulée pour permettre aux élèves de se laver les mains après leur passage aux toilettes. Il n’y a ni savon pour se laver les mains, ni produit d’entretien pour assurer le nettoyage quotidien des salles de classe. À Amucu, une salle de classe type compte 50 élèves, assis par quatre à chaque table de deux mètres de long. Comme des millions de travailleur∙euse∙s essentiel∙le∙s à travers le monde, les éducateur∙trice∙s ont continué à travailler quand cela était possible – en dispensant des cours en ligne au moyen d’applis vidéo en Belgique, en enregistrant des programmes radio en République du Congo, en conduisant des bus équipés de Wi-Fi mobile pour fournir des points Wi-Fi dans les parties reculées des États-Unis.

Mais derrière l’urgence éducative de ces tableaux, une certaine appréhension grandit. Non, le virus ne discrimine pas, mais il amplifie pernicieusement les inégalités. Le fossé entre le bon et le mauvais, et entre le mauvais et le pire va devenir chaque jour de plus en plus flagrant, alors que les systèmes scolaires font face à une série de défis allant de la réouverture à la reconstruction.

Le meilleur point de départ est de reconnaitre que les enseignant∙e∙s et les personnels de soutien dans l’éducation sont – ou seront bientôt – indispensables dans la lutte contre la pandémie et qu’il∙elle∙s doivent être traité∙e∙s comme des travailleur∙euse∙s essentiel∙le∙s de première ligne, prioritaires en termes d’accès aux soins de santé, notamment vis-à-vis des tests de dépistage au virus et du vaccin, lorsqu’il sera disponible.

L’Internationale de l’Éducation a récemment mené une enquête auprès d’un échantillon de personnes dans ses 385 organisations membres dans 178 pays. Cette enquête a montré que les enseignant∙e∙s et les personnels de soutien dans l’éducation s’inquiètent du fait que les gouvernements vont les renvoyer, ainsi que leurs élèves, dans les établissements scolaires sans concertation ou sans ressource visant à garantir un enseignement et un apprentissage sûrs.

Les Directives de l’IE pour la réouverture des écoles et des établissements scolaires apportent une réponse étape par étape à ces préoccupations, en appelant à protéger les enseignant∙e∙s, les personnels de soutien dans l’éducation et les élèves au moyen de mesures de santé éprouvées, lors de la transition de retour à l’école.

Il est impératif que les gouvernements communiquent en toute transparence et de manière continue sur leurs projets de réouverture des établissements scolaires, ainsi que sur l’étendue du lien entre les réouvertures et les conseils d’expert∙e∙s en matière de santé. Un dialogue social et politique continu avec les éducateur·trice·s et leurs syndicats constitue la pierre angulaire de toute stratégie efficace en matière d’éducation, en vue d’évaluer les besoins et de définir les mesures sanitaires et sécuritaires à destination des élèves et du personnel. Il est primordial de disposer d’un accord et d’informations précises sur les mesures d’hygiène à mettre en œuvre afin de protéger les élèves et le personnel et de les maintenir en bonne santé, ainsi que sur les mesures préventives visant à endiguer la propagation du virus.

La coopération et les accords doivent être universels et placer l’équité au cœur de toute planification en faveur de la transition, en reconnaissant que les élèves et les travailleur∙euse∙s de l’éducation déjà vulnérables pourraient continuer d’être les plus touché∙e∙s. Une structure de soutien doit être mise en place pour l’ensemble des élèves et du personnel vulnérables, y compris des systèmes destinés à soutenir le bien-être et la santé mentale des enfants, des élèves et du personnel d’éducation.

Enfin, il est primordial que les gouvernements et les systèmes d’éducation fassent confiance aux enseignant∙e∙s. Tout cadre d’action en faveur d’une transition pour un retour à l’enseignement en présentiel doit être fondé sur la confiance dans le professionnalisme et dans les pratiques pédagogiques des travailleur∙euse∙s de l’éducation.

Aujourd’hui, les enseignant∙e∙s et les personnels de soutien font preuve d’un engagement ferme en s’attachant à répondre aux besoins de leurs élèves, en les aidant, ainsi que leurs familles, à faire face à l’impact de cette pandémie sur leur apprentissage, sur leur santé et sur leur bien-être tout entier. Lorsque les éducateur∙trice∙s et les élèves seront à nouveau réunis dans les écoles et les salles de classe du monde entier, l’engagement des gouvernements et des systèmes éducatifs pour les maintenir protégé∙e∙s, devra être tout aussi ferme.

Ce blog avait été publié pour la première fois en juin 2020, dans le bulletin CONNECT de la Friedrich-Ebert-Stiftung. Permission de reproduction.

Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.