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Les éducateurs/trices de l’UE et du Japon réclament le retrait de l’éducation de l’accord commercial

Publié 17 juillet 2018 Mis à jour 19 juillet 2018
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A l’occasion de la signature de l’accord de partenariat économique entre l’Union européenne et le Japon, l’Internationale de l’Education soutient avec force ses membres européens et japonais, en réaffirmant que l’éducation doit être expressément exclue de ce type d’accords commerciaux internationaux.

Dans une déclaration commune, l’Internationale de l’Education (IE), son bureau régional européen (CSEE) et le Japan Teachers’ Union(JTU) condamnent le secret qui a entouré l’accord et l’absence de consultations avec les syndicats. La déclaration a été envoyée le 17 juillet, jour de la signature de l’accord de partenariat économique UE-Japon, à Cecilia Malmström, la commissaire européenne chargée du commerce, Bernd Lange, le président de la commission du commerce international (INTA) du Parlement européen, ainsi qu’à la Présidence autrichienne du Conseil de l’Union européenne.

Notant que l’UE et le Japon ont inclus les « services d’éducation financés par des fonds privés » dans l’accord, les syndicats de l’éducation déplorent fermement que « les deux parties aient effectivement ouvert la porte à des prestataires étrangers de services éducatifs à but lucratif en engageant et en intensifiant les pressions de la privatisation ».

« La Constitution japonaise garantit le droit fondamental de la personne à l’éducation et il incombe au gouvernement de veiller à l’égalité des chances dans l’éducation. Celle-ci doit donc être exclue des accords commerciaux internationaux », souligne le Secrétaire général de la JTU, Hideyuki Shimizu, dans la déclaration commune.

Susan Flocken, Directrice européenne de la région européenne de l’IE (CSEE), poursuit en regrettant que « la Commission européenne monopolise le débat au niveau européen et limite le débat aux niveaux national et local sur les conséquences de l’accord », et juge cette attitude « préoccupante » parce qu’au sein de l’UE, en vertu du principe de subsidiarité, l’éducation est une compétence nationale. « Les acteurs nationaux et régionaux de l’éducation devront faire face aux conséquences de cet accord sans avoir eu la possibilité d’en influencer le contenu », insiste-t-elle.

« Nous pensons que l’accord, sous sa forme actuelle, représente une menace directe pour la fourniture de services publics de qualité, comme l’éducation, notamment parce qu’il restreint la capacité des gouvernements à légiférer dans l’intérêt public, en encourageant une libéralisation plus poussée des services et en renforçant les droits des multinationales », souligne également David Edwards, Secrétaire général de l’IE. De nombreux systèmes éducatifs incluent un mélange de prestataires publics et privés, et en prenant des engagements sur l’éducation privée, l’UE et le Japon soumettent les écoles publiques aux conditions de cet accord, avertit-il.

Il insiste également sur « l’absence de dérogations claires et sans équivoque pour le secteur de l’éducation. Les règles relatives aux échanges commerciaux ne doivent jamais restreindre la capacité des gouvernements et des autorités publiques compétentes à offrir des emplois décents et une éducation de qualité ».