Ei-iE

Internationale de l'Education
Internationale de l'Education

Forum Social Mondial: apprendre à désapprendre les leçons du néolibéralisme

Publié 29 mars 2010 Mis à jour 29 mars 2010
Abonnez-vous à nos newsletters

Conçu comme un espace de dialogue ouvert pour la société civile à l’échelle mondiale, le Forum Social Mondial (FSM) a vu le jour en 2001 à Porto Alegre, en réponse au Forum économique mondial qui se tient annuellement à Davos. Sous la bannière « Un autre monde est possible », les participants au FSM suggérent et examinent des modèles de développement alternatifs, différents de ceux proposés par le néolibéralisme prédominant. L’éducation, condition indispensable au dialogue et à l’instauration de la paix, occupe un rôle majeur dans ce mouvement alternatif mondial. C’est dans ce contexte et pour cette raison qu’a été créé le Forum mondial sur l’éducation.

L’Internationale de l’Education est l’une des parties prenantes représentées au sein de cet espace dédié à la réflexion et aux discussions. La Vice-présidente de l’IE, Juçara Dutra Vieira, et le Coordinateur principal régional en Amérique latine, Combertty Rodríguez García, ont participé fin janvier à Porto Alegre à l’une des nombreuses réunions organisées dans le cadre du dixième anniversaire du FSM.

Comme l’explique Juçara Dutra Veira, deux des revendications les plus importantes mises en avant lors de ce forum ont été l’accroissement de l’investissement dans l’éducation et la formation jusqu’à, au moins, 6 % du PIB et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en matière d’éducation, notamment l’ éducation primaire pour tous les enfants à travers le monde d’ici 2015. Il est tout autant crucial de mettre en œuvre des politiques publiques en faveur d’une éducation de qualité et des mesures efficaces pour améliorer la condition professionnelle des enseignants, en termes de salaire ou de formation améliorés.

Parmi les participants se trouvent des enseignants de tous les niveaux, des étudiants, des théoriciens, des chercheurs, des représentants syndicaux, des ONG et des organisations gouvernementales – qui tous sont engagés dans un débat mondial et constituent un vaste réseau mondial de communication visant à promouvoir des politiques internationales pour protéger et développer l’enseignement public, considéré comme un droit inaliénable. Juraça Dutra Vieira précise que, si les syndicats ont fait « plutôt profil bas » lors du Forum au départ, ils ont au fil du temps réussi à obtenir une présence plus forte et plus équilibrée par rapport aux ONG. De cette façon, les syndicats « assument la responsabilité, en tant qu’organisations collectives, de s’ouvrir à d’autres mouvements sociaux représentés au sein du FSM ».

Dans la lignée des FSM précédents, plus de 500 évènements ont été organisés du 25 au 29 janvier à Porto Alegre et dans sa région, avec pour but d’étendre et de renforcer la participation au Forum. Il est également prévu d’étendre le champ géographique des réunions qui se tiendront durant toute l’année à divers niveaux dans des pays tels que l’Espagne, le Japon, la République tchèque, la Turquie, l’Irak, la Palestine, le Mexique, les Etats-Unis, le Niger, le Mali, l'Argentine et la Bolivie.

Le programme de ce dixième FSM se concentrera sur la crise mondiale, non seulement du point de vue économique, mais également environnemental, énergétique, alimentaire, idéologique et humanitaire.

Contrairement à d’autres pays, le Brésil connait une reprise économique assez rapide. Juçara Dutra Vieira est convaincue que la clé de la réussite du Brésil repose sur des politiques de protection sociale, comme la construction de logements publics pour créer de l’emploi, l’investissement dans l’éducation et la réduction des taux d’intérêt. De plus – et contrairement à d’autres gouvernements – le budget 2010 adopté par le Président Luiz Inácio Lula da Silva entérine une augmentation des dépenses pour les infrastructures, l’éducation et les services sociaux, et comprend des augmentations salariales.

Parmi les idées avancées à Porto Alegre figurent la nécessité de renforcer la participation citoyenne dans les processus décisionnels de même que le besoin de revenir sur la législation favorisant les intérêts des multinationales et des élites financières. Avec cet objectif en tête, l’éducation se révèle un élément stratégique clé afin de sortir de la situation actuelle et de développer un nouveau modèle économique de production.

Dans le cadre du Forum social 2010, de nouvelles solutions et des réponses alternatives seront recherchées pour permettre à la société civile de constituer un front commun face à la flambée prévisible de la crise et contre de nouvelles mesures ayant une incidence négative sur les conditions de vie et de travail des gens.

Par Mar Candela.

Cet article a été publié dans Mondes de l’Éducation, No 33, mars 2010.