Les enseignants australiens applaudissent des deux mains la demande formelle de pardon du gouvernement aux peuples aborigènes indigènes pour les injustices et les violations des droits humains passées.
Le 13 février, premier jour de son entrée en fonction, le nouveau Premier ministre Kevin Rudd s’est levé dans l’hémicycle du Parlement et, dans un magnifique discours rempli d’émotion, a demandé pardon à tous les Aborigènes pour les lois et les politiques passées ayant « infligé une douleur, une souffrance et des pertes profondes ». Il a tout particulièrement présenté ses excuses aux « générations volées », des milliers d’enfants aborigènes qu’une politique d’assimilation forcée a enlevés à leurs familles, du XIXème siècle à la fin des années 60. « Pour l’atteinte à la dignité et la dégradation infligées à un peuple fier et à une culture fière, nous sommes désolés », a déclaré Rudd. Dans une déclaration signée par le Président fédéral du Syndicat australien de l’éducation enseignants (AEU), Angelo Gavrielatos, et par la Secrétaire fédérale et Vice-présidente de l’IE, Susan Hopgood, l’AEU a qualifié ces excuses de « moment déterminant de l’histoire australienne ». « Cela marque le début du chemin vers la reconnaissance d’une période douloureuse et tragique de l’histoire australienne », peut-on lire dans la déclaration, avec une promesse de l’AEU de soutenir solidairement les générations volées, leurs familles et leurs communautés. Mme Hopgood a noté que les élèves et les enseignants dans les écoles du pays ont regardé la cérémonie et ont été émus par ces excuses éloquentes. « Ce fut un jour de grande émotion, de larmes, de rires, de tristesse pour les erreurs passées, mais également de grand espoir pour l’avenir », a-t-elle déclaré. Le communiqué de l’AEU encourageait le gouvernement à aller au-delà des excuses présentées aujourd’hui. Selon les termes de la déclaration, « tous les niveaux de pouvoir australiens doivent aller plus loin dans la reconnaissance et agir immédiatement pour combler le fossé profond et inacceptable entre l’éducation des élèves indigènes et non indigènes. » Le syndicat a également salué l’engagement annoncé par le gouvernement d’accorder la priorité à l’éducation dès la petite enfance pour les enfants indigènes.
« D’innombrables études montrent que la qualité de l’enseignement dès la petite enfance est déterminante pour l’apprentissage et l’enseignement futurs des enfants », a déclaré Mme Hopgood, ajoutant que les chiffres de l’AUE montrent que quelques 7.500 enfants indigènes ne reçoivent pas d’enseignement pré-scolaire, sur le seul Territoire du Nord.
Les excuses annoncent la Conférence mondiale des peuples indigènes (WIPCE), qui se tiendra sur les terres ancestrales de la Nation Kulin à Melbourne, en Australie, du 7 au 11 décembre 2008. « L’éducation indigène au 21ème siècle : Respecter la tradition, bâtir le futur » est le thème de l’édition de cette année, qui rassemblera des peuples indigènes des quatre coins du monde pour célébrer et partager des cultures, des traditions et des connaissances diverses. L’IE et ses affiliés, le Syndicat de l’Education Australien (AEU), le Syndicat national de l’éducation supérieure (NTEU) et le syndicat indépendant de l’éducation d’Australie (IEU) organisent un séminaire en amont de la conférence. Celui-ci se penchera sur la façon dont l’éducation, dans l’économie mondialisée d’aujourd’hui, peut être un acteur majeur dans le processus continu d’assimilation, de colonisation, et de génocide culturel et linguistiques des peuples indigènes. Il examinera également le rôle des syndicats de l’éducation dans la résolution de ces problèmes et fera partager des modèles de syndicats qui travaillent de façon positive avec les peuples indigènes.
L’accès à l’enseignement était également interdit
En 1995, le gouvernement australien a lancé une enquête nationale sur la séparation des enfants aborigènes et insulaires de Torres Strait de leurs familles. Le rapport, intitulé Bring them Home (Ramenez-les chez eux), contient des témoignages de centaines de membres des générations perdues qui n’ont reçu que peu ou prou d’éducation, quasiment sans aucune considération. Selon leurs propres déclarations :
« Les autorités ont dit qu’on m’enlevait à mes parents pour me donner une éducation mais en fait les nonnes ne me l’ont jamais prodiguée. Je n’ai pas reçu d’éducation. J’ai été très négligée. »
« Je voulais devenir infirmière, mais on m’a dit que je n’étais qu’une lubra noire immorale et que je n’étais bonne qu’à travailler dans des fermes de bétail et de moutons… J’ai travaillé d’arrache-pied de la 5ème à la 8ème année pour obtenir un résultat parfait de 100% à mes examens finaux, ce à quoi je suis parvenue, pour me voir stoppée dans mon élan sous prétexte que je n'étais pas faite pour ces choses... Notre éducation avait pour réel but de nous former à être des domestiques et à recevoir des ordres. »