A l’occasion d’une conférence internationale consacrée aux directives politiques de l’Organisation internationale du Travail, l’Internationale de l’Education a une nouvelle fois insisté sur la nécessité de garantir la qualité des services d’éducation de la petite enfance.
Organisé le 23 avril dernier à Kaohsiung, à Taiwan, l’événement a accueilli 300 participant(e)s, principalement issu(e)s du secteur de l’éducation de la petite enfance (ECE), ainsi que les responsables de la National Teachers’ Association (NTA). La présence des représentant(e)s des autorités locales et du ministère de l’Education a marqué le coup d’envoi d’un dialogue bilatéral sur l’EPE entre le gouvernement et la NTA.
IE: promouvoir le travail décent pour le personnel de l’EPE
Coordinateur senior de l’Unité Education et Emploi à Internationale de l’Education (IE), Dennis Sinyolo a présenté les perspectives de l’IE concernant les directives politiques de l’Organisation internationale du Travail (OIT) relatives à la promotion du travail décent pour le personnel de l’EPE. Il a également passé en revue la politique de l’IE en matière d’EPE ainsi que les moyens de promouvoir les directives de l’OIT.
La résolution sur l’EPE adoptée au Congrès en 2015 mandate l’IE pour la création d’un groupe de travail destiné à soutenir les travaux en cours dans le domaine de l’EPE (recherche, plaidoyer, partage d’informations) et à promouvoir les directives politiques de l’OIT.
Rappelant que l’EPE est un bien public, un droit fondamental et un service d’intérêt général, Sinyolo a souligné que les directives de l’OIT définissaient des principes permettant de promouvoir le travail décent pour le personnel de l’EPE, afin de garantir l’accès universel à des services d’EPE de haute qualité.
Si l’on souhaite garantir la qualité, l’équité et la durabilité de l’EPE, il est indispensable de financer ce secteur de manière appropriée, a-t-il précisé, ajoutant toutefois que les directives prévoyaient des investissements privés dans le secteur pour compléter le financement public. Sinyolo souligne encore que les prestations privées ne sont pas durables et compromettent sérieusement l’accès équitable à une EPE de qualité. Il a ensuite mis en lumière les initiatives déployées par l’IE pour inverser cette tendance au travers de sa Réponse mondiale à la privatisation et à la commercialisation de/au sein de l’éducation.
A propos des Objectifs pour le développement durable
Suite aux questions entourant les objectifs de l’EPE et leur mise en parallèle avec les Objectifs pour le développement durable (ODD), l’IE a confirmé ce lien en citant le sous-objectif 4.2 : « D’ici 2030, faire en sorte que toutes les filles et tous les garçons aient accès à des activités de développement et de soins de la petite enfance et à une éducation préscolaire de qualité qui les préparent à suivre un enseignement primaire ».
Questions urgentes
La Conférence s’est également penchée sur des problèmes d’actualité tels que les bas salaires et les conditions de travail, le peu d’affiliations syndicales parmi le personnel de l’EPE travaillant dans le secteur privé et l’insuffisance du financement public pour ce secteur - moins de 5 pour cent du budget global de l’éducation est alloué à l’EPE, secteur qui accueille 9 pour cent de la population d’élèves.
La NTA lutte en faveur d’une EPE de qualité
Selon les statistiques du ministère de l’Education, le secteur privé détient 70 pour cent des écoles préprimaires taïwanaises, lesquelles demandent des frais d’inscription s’échelonnant de 3.200 à 10.000 dollars américains par an et par enfant, ce qui représente un fardeau énorme pour la plupart des parents ayant de jeunes enfants. Pourtant, les salaires perçus par le personnel de ces établissements privés sont inférieurs à 9.300 dollars américains par an, en dépit de la charge de travail.
Face aux énormes disparités en matière de qualité que l’on peut observer d’une école préprimaire privée à l’autre, promouvoir les établissements publics est le seul moyen de garantir une EPE de qualité dans le pays, a déclaré le Président de la NTA, Hsu-cheng Chang.
Ce dernier a également souligné la détermination du syndicat à plaider sans relâche en faveur des points suivants:
- EPE publique pour garantir la qualité et l’équité dans ce secteur à Taïwan;
- Amélioration des conditions de travail dans les établissements d’éducation de la petite enfance privés, lutter contre les bas salaires et les heures supplémentaires non payées; et
- Réduction du nombre d’élèves par classe pour alléger la charge de travail des éducateurs/trices du secteur de la petite enfance.
Réformes législatives
En 2015, les responsables politiques ont proposé d’apporter des amendements à la Loi sur l’éducation et la protection de la petite enfance, visant à soustraire au gouvernement le contrôle des frais de scolarité demandés par les écoles préprimaires privées. Cette réforme permettrait également à ces établissements privés de recevoir des fonds issus des bons de formation. La NTA juge ces amendements préjudiciables à la qualité de l’EPE à Taïwan, dans la mesure où les établissements d’éducation de la petite enfance privés ne seraient plus tenus d’embaucher des enseignant(e)s diplômé(e)s.Le syndicat a organisé le 7 mars dernier une manifestation de grande envergure pour s’opposer aux propositions d’amendements, au cours de laquelle plus de 10.000 personnes, dont des membres de la NTA, des parents et des jeunes enfants, ont défilé jusqu’aux portes du ministère de l’Education, appelant à une amélioration de l’EPE avant la révision de la loi. Suite à ce mouvement de contestation, le gouvernement a promis d’augmenter le pourcentage d’écoles préprimaires publiques et d’améliorer les conditions de travail des éducateurs/trices de l’EPE du secteur privé. Les amendements proposés ont, par la suite, été annulés et le montant des frais de scolarité demandés par les établissements d’EPE privés reste maintenu sous le contrôle du gouvernement.