Dans leur manifeste, les enseignant(e)s demandent au prochain gouvernement ougandais d’accroître les fonds alloués à l’éducation, afin de garantir la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage pour l’ensemble des élèves.
En tant que droit humain fondamental, l’éducation se doit d’être inclusive et accessible à l’ensemble des citoyen(ne)s. C’est ce que souligne le manifeste récemment publié par l’ Uganda National Teachers’ Union(UNATU) pour la période 2016-2021. Ce dernier épingle également les principaux problèmes auxquels se heurte l’éducation publique et appelle les parties concernées à faire en sorte que les résultats d’apprentissage soient inclusifs et équitables pour tous. De telles initiatives impliqueraient dès lors que le montant des fonds alloués à l’éducation passe de 2,02 à plus de 3,5 milliards de shillings ougandais (de 552 à plus de 956 millions de dollars américains).
Le manifeste a été signé par Margaret Rwabushaija, Présidente nationale de l’UNATU et membre du Bureau exécutif de l’Internationale de l’Education, ainsi que par James Tweheyo, Secrétaire général de l’UNATU. Elaboré en consultation avec la communauté éducative du pays, ce manifeste pourra notamment être utilisé par les enseignant(e)s qui cherchent à influencer les politiques gouvernementales en matière d’éducation et à attirer l’attention des partis candidats aux élections 2016 sur toute une série de problèmes importants.
Quatre enjeux
Le manifeste de huit pages s’articule autour de quatre enjeux: instaurer des conditions de travail décentes, obtenir la confiance et le respect du gouvernement, garantir l’autonomie professionnelle et assurer une formation initiale et continue de haute qualité.
« Nous demandons au futur gouvernement d’adopter nos recommandations de manière à ce que nous puissions améliorer la qualité de l’éducation dans tous ses aspects, développer les compétences essentielles en matière d’apprentissage et atteindre des résultats d’apprentissage mesurables, plus particulièrement en lecture, en écriture et en calcul », indique le manifeste.
Logement
Dans le document, l’UNATU demande également au prochain gouvernement d’augmenter les fonds destinés au logement dans les écoles, sachant que seuls environ cinq pour cent des effectifs bénéficient d’un hébergement sur leur lieu de travail et que l’on déplore dès lors de nombreuses absences, retards et autres limites imposées au temps d’enseignement.
Selon les statistiques du Ministère de l’Education, on dénombre 39.479 logements permanents et provisoires à travers le pays, offrant un hébergement à 159.681 enseignant(e)s dans les écoles primaires et secondaires du gouvernement.
Améliorer les conditions de travail des enseignant(e)s
Les enseignant(e)s demandent également une augmentation de leurs traitements afin de garantir des conditions de vie et de travail décentes. Sans pour autant spécifier de montant précis, le document souligne la nécessité d’augmenter les rémunérations des effectifs, rappelant les taux élevés d’attrition au sein de la profession: « Près de 10.000 enseignants abandonnent l’enseignement chaque année, et 84 pour cent d’entre eux envisagent de quitter la profession dans les deux années à venir, principalement en raison du faible niveau des salaires ».
L’UNATU soutient que le salaire des enseignant(e)s est moins attrayant que celui offert dans d’autres secteurs, ce qui explique leur volonté d’abandonner la profession. Afin de remédier à ce problème, le syndicat demande la création d’une commission chargée d’harmoniser les salaires et de réexaminer les systèmes de rémunération, dans l’optique d’établir une échelle salariale équitable dans tous les secteurs.
Autres revendications des enseignant(e)s
Par ailleurs, les enseignant(e)s souhaitent une refonte des politiques en matière de pension afin de les motiver à poursuivre leur carrière au sein de la profession, tout en exigeant davantage de ressources pour le secteur de l’éducation, notamment l’octroi d’allocations plus conséquentes au Service d’inspection du ministère. Toujours selon le document, les fonds réservés à l’inspection des écoles n’ont pas été augmentés depuis l’exercice 2008-2009, malgré l’inflation et l’augmentation du nombre d’établissements scolaires. « Nous disposons d’un inspecteur pour 70 écoles, un nombre trop élevé par rapport au chiffre idéal prévoyant un inspecteur pour 58 écoles », souligne le manifeste.
Respect des enseignant(e)s
Dans le cadre du dialogue social, il importe également que les enseignant(e)s soient reconnu(e)s par le futur gouvernement en tant qu’acteurs majeurs dans le développement de nos sociétés. Les enseignant(e)s souhaitent plus précisément un amendement de la loi, en vue de garantir leur représentation politique en tant que professionnel(le)s auprès du Parlement et d’autres structures étatiques, afin de ne plus être simplement associé(e)s aux travailleurs/euses d’autres secteurs.
Ils/elles exigent aussi que soit mis un terme à l’embauche de personnel non qualifié pour remplacer les effectifs qualifiés n’assurant pas leurs fonctions, en particulier lors d’actions de grève. Comme le précise encore le manifeste: « Le recours aux enseignant(e)s auxiliaires doit cesser. Nous avons besoin d’effectifs qualifiés, encadrés et très motivés. »
Le document recommande ensuite que la Journée mondiale des enseignant(e)s du 5 octobre soit considérée comme un jour de congé officiel, en reconnaissance de la contribution des enseignant(e)s à la construction de la nation.