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Cap-Vert : le corps enseignant réclame dignité et reconnaissance à l’occasion de la Journée nationale des enseignant·e·s

Publié 25 avril 2025 Mis à jour 30 avril 2025
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« Les enseignant·e·s changent des vies. » Lors d’une grande célébration de la Journée nationale des enseignant·e·s, les éducateur·trice·s capverdien·ne·s ont appelé à l’amélioration des conditions de travail, à l’adoption de salaires justes et au déploiement du nouveau Plan de carrière, de fonction et de rémunération (PCFR). L’événement a mis en lumière le rôle essentiel du corps enseignant dans la construction d’une société plus équitable, plus développée et plus inclusive.

Le 23 avril 2025, le Cap-Vert a célébré la Journée nationale des enseignant·e·s sous le thème « Par l’éducation, les enseignant·e·s changent des vies : valorisons la profession enseignante, maintenant ! » À partir du 19 avril, les festivités ont impliqué des enseignant·e·s de différentes régions du pays.

Le Premier ministre s’engage à augmenter les salaires

Dans son discours d’ouverture des célébrations de la Journée capverdienne des enseignant·e·s, le Premier ministre du pays, José Ulisses de Pina Correia e Silva, a affirmé que le PCFR récemment adopté apporterait des avantages majeurs à l’ensemble du corps enseignant, de la maternelle à l’enseignement supérieur.

Il a également déclaré que le financement de l’augmentation des salaires et de l’évolution professionnelle, allant de 16 % à 120 %, est assuré dans le budget de l’État et que la liste de transition est en cours d’élaboration et comprend une garantie de paiement rétroactif des salaires jusqu’en janvier 2025.

Les enseignant·e·s non diplômé·e·s, qui perçoivent actuellement 23.000 escudos capverdiens (CVE) – soit environ 208 € – verront leur salaire atteindre 55.000 CVE (près de 500 €). Pour les titulaires d’un diplôme universitaire, le salaire passera de 78.678 CVE (713 €) à 91.000 CVE (825 €).

Les surveillant·e·s de maternelle sans formation officielle, dont un grand nombre ne touche même pas le salaire minimum de 19.000 CVE (172 €), recevront désormais 37.000 CVE (335 €). Ce salaire atteindra 73.000 CVE (662 €) pour ceux et celles disposant d’une formation en pédagogie.

Plus qu’un simple hommage

Dans son message de célébration, Abraão Borges, le président du SIPROFIS, le plus grand syndicat membre de la Federaçao Caboverdiana dos Professores (Fédération capverdienne des enseignant·e·s – FECAP) affiliée à l’Internationale de l’Éducation (IE), et membre du Comité régional africain de l’IE, a souligné l’importance que revêtent les enseignant·e·s dans la société. « En ce 23 avril 2025, a-t-il déclaré, nous célébrons fièrement la Journée capverdienne des enseignants et enseignantes, une date qui représente bien plus qu’un simple hommage. C’est un moment de réflexion et de réaffirmation du rôle essentiel que joue la profession enseignante dans la construction d’un Cap-Vert plus équitable, plus développé et plus inclusif. »

Enjeux et espoirs

Évoquant les enjeux liés à l’intelligence artificielle et aux nouvelles technologies, M. Borges a redit que la technologie ne remplacerait jamais les enseignant·e·s. Il a réclamé la mise en place de véritables conditions de travail, d’une formation continue, d’un accès aux ressources modernes et d’un environnement scolaire sûr et digne. En accord avec le thème de la Journée des enseignant·e·s cette année, il a estimé que le SIPROFIS apportait « un message d’espoir, d’engagement et de lutte incessante pour la valorisation à tous les niveaux de la profession enseignante ».

Appel à l’action

Le responsable syndical a répété qu’il était urgent de veiller qu’aucun·e enseignant·e ne subisse des conditions précaires, en particulier les éducateur·trice·s de maternelle, qui se consacrent à leur travail avec passion depuis des dizaines d’années pour un salaire qui ne reflète pas l’importance de leur rôle. « Nous espérons que le PCFR apportera enfin la reconnaissance juste et digne que méritent ce groupe et l’ensemble des éducateurs et éducatrices, » a-t-il ajouté.

Par ailleurs, M. Borges a rappelé que durant la pandémie de Covid-19 et les crises sociales et économiques successives, les enseignant·e·s n’ont jamais abandonné leur poste : « Ils et elles se sont engagés, réinventés, adaptés et ont continué à éduquer les générations futures avec courage et détermination. Il est temps d’honorer ce dévouement par des actions concrètes. »

C’est pourquoi le 23 avril, M. Borges a demandé au gouvernement et au ministère de l’Éducation de garantir, entre autres, un accès universel et inclusif à l’éducation, de fournir du matériel pédagogique adapté aux besoins éducatifs spéciaux, de former les enseignant·e·s à travailler avec les élèves en situation de handicap et d’investir dans des infrastructures sûres et des ressources technologiques modernes.

Un front uni est nécessaire

S’adressant à la société civile, aux partenaires internationaux et aux autorités, M. Borges a ensuite affirmé que l’éducation est un bien public vital ainsi qu’une priorité nationale. « Nous sommes ouverts et ouvertes au dialogue, a-t-il précisé, un dialogue libre, constructif et responsable, dénué de radicalisme, d’intérêts personnels et d’émotions politiques. Ce qui nous guide, c’est le bien commun et l’avenir de l’éducation au Cap Vert. »

Abraão Borges, président du SIPROFIS

Il n’existe pas de bonne société sans bon syndicat

Enfin, le dirigeant du SIPROFIS/FECAP a exprimé toute sa gratitude, son profond respect et sa sincère reconnaissance à l’ensemble du corps enseignant de l’archipel : « Restons forts et fortes, gardons la tête haute et soyons conscients et conscientes de la valeur de notre mission et de la force que nous possédons afin de continuer de changer des vies grâce au savoir ».

« Il n’existe pas de bonne société sans bon syndicat », a-t-il conclu.

« La force du public : ensemble on fait école ! »

À l’occasion de la Journée internationale de l'éducation 2025, le 24 janvier, M. Borges – en lien avec la campagne de l’IE « La force du public : ensemble on fait école ! » – avait salué le nouveau Statut des enseignant·e·s, demandé sa mise en œuvre et souligné l’urgence de respecter pleinement les droits des enseignant·e·s. Il avait notamment mis l’accent sur la revalorisation des salaires, espérant qu’il serait accédé à cette demande d’ici la fin du premier trimestre 2025.