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Plus de 100.000 travailleuses et travailleurs du secteur public ont participé à une manifestation du Front commun le 23 septembre dernier. Crédit photo : Dominic Morissette.
Plus de 100.000 travailleuses et travailleurs du secteur public ont participé à une manifestation du Front commun le 23 septembre dernier. Crédit photo : Dominic Morissette.

Canada : large mobilisation syndicale pour de meilleures conditions de travail et salariales dans l’ensemble des services publics au Québec

Publié 14 novembre 2023 Mis à jour 8 décembre 2023
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Après un an de négociations pour le renouvellement des conventions collectives du secteur public, et devant l’intransigeance du gouvernement québécois, sa fermeture aux revendications des travailleur·euse·s et ses attaques injustifiées envers leurs conditions de travail, le Front commun composé de syndicats du secteur public – la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) – a lancé le 6 novembre un mouvement de grève.

Dans une lettre adressée au Premier ministre François Legault, l'Internationale de l'Education (IE) a appuyé les demandes légitimes du front commun syndical et a exprimé sa profonde préoccupation devant le refus du gouvernement du Québec d’ouvrir des négociations. Ce refus s’apparente à une non reconnaissance des milliers de travailleuses et travailleurs de la fonction publique.

L'Internationale de l'Éducation et ses affiliés au Québec, en partenariat avec l'Internationale des Services Publics, ont également lancé une pétition en ligne sur la plateforme syndicale LabourStart pour exiger du gouvernement du Québec qu'il entame des négociations collectives significatives avec les syndicats du secteur public.

Des conditions de travail préoccupantes dans le secteur public

Plus de 500 débrayages ont été organisés à travers le Québec afin de contrer les attaques du gouvernement et d’obtenir des améliorations importantes des conditions de travail. En éducation, en enseignement supérieur et dans la santé et les services sociaux, 420.000 travailleur·euse·s se sont donc prononcés massivement en faveur d’une grève (95 %) et ont tenu des piquets de grève, d’une seule voix, pour forcer le gouvernement à bouger.

Le Front commun estime que si le gouvernement veut être un employeur de choix, cela doit transparaître aux tables de négociation.

La CSQ a rappelé que, « avant d’en arriver à ce moyen ultime que représente la grève, le Front commun a martelé pendant des mois que les offres du gouvernement ne passaient pas dans un contexte où les conditions de travail dans les réseaux publics sont aussi préoccupantes. Un vote en faveur de la grève à hauteur de 95 % représente un sommet historique. »

Elle qualifie aussi « insultante » l’offre salariale, à savoir une augmentation de 10,3 % pour les cinq prochaines années, dans un contexte de forte inflation. Pour elle, « les attaques au régime de retraite sont injustifiées, et la flexibilité réclamée à tout vent par la partie patronale relève de l’aberration. ».

Pour la CSQ, avec ses dépôts à la table de négociation, « le gouvernement démontre une fois de plus son incapacité à comprendre les difficultés vécues dans les services publics et à réaliser l’urgence de sauver le bateau qui est en train de couler. Il prouve de plus sa déconnexion complète face à la colère des travailleuses et travailleurs qui, épuisés, portent sur leurs épaules des services publics plus que jamais fragilisés. »

De plus, les défis de pénurie de main-d’œuvre et de recrutement touchent particulièrement le personnel membre des six fédérations représentant le personnel enseignant ains que le personnel professionnel et de soutien dans les réseaux de l’enseignement primaire, secondaire et collégial.

Élagage des priorités patronales et négociation spectacle

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) a quant à elle fait valoir qu’« au sortir de la consultation sur la grève, les syndicats membres des organisations qui composent le Front commun ont donné à ce dernier un mandat historique! ».

Elle explique qu’à l’échelle du secteur des professeur·e·s de collèges d'enseignement général et professionnel (CEGEP), c’est la totalité des syndicats affiliés à la Fédération de l’enseignement collégial (FEC-CSQ) et à la FNEEQ-CSN qui ont voté en faveur du débrayage pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée.

Elle ajoute que, « face à la partie patronale, le message est clair : les offres actuelles sont insuffisantes, insatisfaisantes, voire insultantes, et les membres sont prêts et prêtes à poursuivre leur mobilisation en ayant recours à cet ultime moyen de pression ! »

Après une grande manifestation nationale du Front commun le 23 septembre, où plus de 100.000 personnes s’étaient rassemblées dans les rues de Montréal pour la défense des services publics, le gouvernement québécois a exigé des comités patronaux aux tables sectorielles qu’ils procèdent à une priorisation de leurs demandes pour n’en garder que cinq ou six.

« Au-delà du contenu de ce dépôt priorisé, ce qui se dégage de cet élagage patronal et de la négociation spectacle à laquelle le gouvernement nous convie, c’est le contrôle indu que le Conseil du trésor exerce sur les pourparlers sectoriels, » a fait valoir la FNEEQ-CSN. « Les Profs en négo refusent de réduire la négociation à quelques priorités patronales, tout comme elles et ils n’acceptent pas de laisser à la Coalition avenir Québec - parti politique ayant formé un gouvernement majoritaire depuis les élections générales québécoises du 1er octobre 2018 – le monopole de l’espace public dans ce dossier. Nous savons que les gains syndicaux issus de la négociation sont aussi des gains essentiels pour le maintien de services publics de qualité, une attente collective que la pandémie a mise en exergue. Dans les prochaines semaines, nous redoublerons d’ardeur pour mener nos pourparlers à bon port ! »

Les travailleur·euse·s du secteur public seront en grève du 21 au 23 novembre. D’autres syndicats représentant le personnel des services publics qui ne sont pas membres du Front commun ont emboîté le pas et annoncé leur intention de joindre le mouvement de grève générale illimitée.