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Les éducateur·trice·s du Pacifique solidaires pour la justice climatique et une transition juste lors de la toute première conférence sur le climat

Publié 17 août 2023 Mis à jour 21 mars 2024
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Les éducateur·trice·s du Pacifique ont témoigné de leur engagement envers la justice climatique et une transition juste à l’occasion d’une conférence organisée par le Bureau régional Asie-Pacifique (IEAP) et le Conseil de l’Éducation du Pacifique (COPE) à Lautoka, aux Fidji, du 23 au 25 mai 2023.

Cette conférence, la toute première de ce genre dans la région, a rassemblé les syndicalistes du secteur de l’éducation du Pacifique en vue de renforcer leurs capacités et d’instaurer une solidarité entre les syndicats de l’éducation face aux difficultés croissantes causées par la crise climatique. Les représentant·e·s des syndicats se sont en outre engagé·e·s à adopter des plans d’action climatique au sein de leur syndicat et de leur communauté.

« L'aggravation du changement climatique signifie que les éducatrices et éducateurs subissent également certains de ses pires impacts, en particulier celles et ceux qui vivent dans les communautés de première ligne telles que les îles à faible altitude du Pacifique. Par conséquent, les éducatrices et éducateurs doivent être impliqués en tant que parties prenantes dans une transition juste. »

Susan Hopgood | Présidente de l’Internationale de l’Éducation

Plusieurs expert·e·s de terrain, allié·e·s syndicaux·ales et dirigeant·e·s se sont exprimé·e·s autour du thème « Les éducateur·trice·s défendent la justice climatique et une juste transition » et ont inspiré plus de 50 syndicalistes du Pacifique présent·e·s à travers leurs discours et leurs interventions. Dans son allocution d’ouverture, la présidente de l’Internationale de l’Éducation (IE), Susan Hopgood, a affirmé que certaines des conséquences les plus désastreuses de l’aggravation du changement climatique pesaient sur les éducateur·trice·s, en particulier celles et ceux des communautés en première ligne qui vivent sur les îles à faible altitude du Pacifique, et que les éducateur·trice·s devaient dès lors participer activement à une juste transition. De même, selon le président du Comité régional Asie-Pacifique de l’IE, Tsukasa Takimoto, il est du devoir des éducateur·trice·s et des syndicalistes d’exiger des politiques promouvant le développement durable et luttant contre le changement climatique. Les deux dirigeant·e·s de l’IE ont chacun·e rappelé la nécessité d’un meilleur financement public de l’éducation pour véritablement faire avancer l’action climatique et aider à concrétiser une éducation de qualité au changement climatique pour tou·te·s.

« Les éducatrices et éducateurs du Pacifique sont prêts à relever les défis de la crise écologique mondiale. »

Luisa Fatiaki Tongatama | Présidente du COPE

En parallèle, le ministre de l’Emploi et ancien secrétaire général du Syndicat des enseignant·e·s des Fidji (Fiji Teachers’ Union), Agni Deo Singh, a salué, en tant qu’invité d’honneur de la conférence, l’initiative de l’IEAP et du COPE visant à promouvoir l’action climatique dans le secteur de l’éducation de la région. La directrice et représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) pour les pays du Pacifique, Nisha, une autre invitée de marque, espérait quant à elle que cette conférence marquerait le début de l’inclusion de l’éducation climatique au programme scolaire et au sein du secteur de l’éducation de la région. En réponse à cet appel, la présidente du COPE, Luisa Fatiaki Tongatama, a déclaré que les éducateur·trice·s du Pacifique étaient prêt·e·s à relever les défis de la crise écologique mondiale. Elle a souligné que les us et coutumes des peuples autochtones du Pacifique regorgeaient déjà de solutions pour combattre l’urgence climatique.

Les syndicalistes autochtones du Pacifique ont mené les discussions sur la menace imminente que pose le changement climatique sur le bien-être et la survie de leur communauté. Laumata Lauvi, de l’Association nationale des enseignant·e·s des Samoa (Samoa National Teachers’ Association), a lancé les discussions en présentant les conséquences du changement climatique qui pèsent déjà sur les communautés en première ligne dans le Pacifique. Rakentai Momoe, du Syndicat des enseignant·e·s des Kiribati (Kiribati Union of Teachers), a mis en avant les difficultés rencontrées par les migrant·e·s climatiques dans la région et Te Aomihia Tao-Glassie, de l’Association des enseignant·e·s du post-primaire de Nouvelle-Zélande (New Zealand Post Primary Teachers’ Association – NZPPTA), a prononcé un discours sur le rôle des dirigeant·e·s autochtones dans l’éducation et l’action climatiques. Esau Teagai, du Syndicat des enseignant·e·s des Tuvalu (Tuvalu Teachers Union), s’est penchée sur les solutions climatiques émanant des communautés aux Tuvalu. Toka Toka, coordinateur de la jeunesse pour le Syndicat des enseignant·e·s des Îles Cook (Cook Islands Teachers Union), a quant à lui partagé son expérience avec des groupes de jeunes luttant pour la justice climatique et rappelé l’importance de collaborer avec les allié·e·s.

Les syndicalistes de l’éducation ont en outre échangé sur la façon dont le changement climatique modifie le secteur de l’éducation et sur la réponse du secteur pour une transition juste. Michael Waller, du NZPPTA, a présenté les nouveaux défis qui découlent du changement climatique auxquels fait face la profession enseignante, en prenant pour exemple sa propre école, située à proximité des glaciers François-Joseph et Fox à Aotearoa, en Nouvelle-Zélande. Urmila Singh, du Syndicat des enseignant·e·s des Fidji ( Fiji Teachers’ Union), et Brad Hayes, du Syndicat indépendant de l’Éducation d’Australie (Independent Education Union of Australia), ont mis en exergue les efforts déployés par leurs syndicats respectifs pour intégrer les concepts de la juste transition au programme scolaire. Enfin, Kevin Bates, du Syndicat australien de l’Éducation (Australian Education Union), a une nouvelle fois mis en lumière l’expérience que les syndicats de l’éducation amènent à la table de la justice climatique en matière de syndicalisation et de négociation.

L’action climatique se doit d’être féministe, dans la mesure où les femmes sont bien plus touchées par les conséquences du changement climatique.

Le réseau des femmes du COPE a par ailleurs consacré une session sur le changement climatique et les femmes dans le Pacifique. Menées par la coordinatrice du réseau du COPE, Nanise Bale Kamikamica, des femmes de la région se sont rassemblées pour aborder les questions pertinentes liées à l’urgence climatique qui concernent les femmes. Pour le groupe, l’action climatique se doit d’être féministe, dans la mesure où les femmes sont bien plus touchées par les conséquences du changement climatique. Si, dans le Pacifique, les femmes sont chargées d’éduquer leurs communautés et de veiller à la préservation des us et coutumes, rares sont les opportunités économiques qui pourraient les aider à conforter leur propre résilience. Pour le réseau des femmes du COPE, les femmes doivent être autonomisées pour pouvoir occuper des postes à responsabilités à l’échelle nationale ou locale, afin que les préoccupations des femmes par rapport au changement climatique deviennent une priorité. « L’égalité des genres ne pourra être atteinte qu’à travers l’engagement des hommes à promouvoir la justice des genres lors de l’élaboration des politiques », a ajouté le groupe. Au sein des syndicats, cela doit se traduire par une autonomisation des femmes membres en leur offrant des formations et un développement professionnel.

Les expert·e·s de terrain et les allié·e·s de la justice climatique ont également traité de l’aspect scientifique du changement climatique et des politiques publiques en lien avec ce dernier. Elizabeth Holland, professeure de changement océanique et climatique à l’université du Pacifique Sud et contributrice de longue date au panel intergouvernemental sur le changement climatique, a dressé un état des lieux des conséquences du changement climatique dans le Pacifique. La professeure Holland est revenue sur la menace posée par l’augmentation du niveau des mers, qui pourrait s’élever à cinq mètres en cas de fortes émissions, pour l’avenir des îles du Pacifique. En parallèle, Maureen Penjueli, du Réseau du Pacifique sur la mondialisation, s’est penchée sur l’importance des traités climatiques tels que l’Accord de Paris en vue d’apporter une réponse mondiale au changement climatique. Joy Hernandez, de la branche régionale du Congrès syndical international pour l’Asie-Pacifique, est revenue sur la réponse du mouvement syndical au changement climatique avec le concept d’une juste transition, par enregistrement vidéo. Alanah Torralba, chercheuse et militante pour la justice climatique, a par ailleurs brossé le tableau de la juste transition au sein des syndicats membres de l’IE, et Richard Cornelio, chercheur indépendant, a examiné les conclusions de l’enquête de consultation sur le climat de l’IEAP, qui étayait les connaissances de base des éducateur·trice·s de la région Asie-Pacifique quant au changement climatique, à la justice climatique et à une juste transition. Enfin, l’IEAP a lancé sa vidéo d’animation s’inspirant de la boîte à outils pour la promotion de « l’enseignement pour l’action climatique ».

Dans son rapport de suivi, le directeur régional de l’IEAP, Anand Singh, a noté les progrès réalisés par le programme sur l’éducation au développement durable (EDD) depuis sa création en octobre 2021. En raison des restrictions causées par la pandémie de COVID-19, cette initiative a été lancée à l’occasion d’une conférence virtuelle à laquelle plus de 300 syndicalistes ont participé, « preuve s’il en fallait que les éducateur·trice·s de la région Asie-Pacifique souhaitent rejoindre les mouvements de la justice climatique et de la juste transition », a-t-il ajouté. En 2022, lors de la 9e Conférence régionale de l’IEAP, les éducateur·trice·s ont voté une résolution sur la crise climatique qui appelait, entre autres, à renforcer les connaissances des éducateur·trice·s sur le changement climatique et sur les questions de justice sociale et de travail qui l’accompagnent. Cette conférence n’est que l’une des nombreuses initiatives prises par l’IEAP pour atteindre ce but, a-t-il déclaré.

« La crise climatique, comme l’ont si souvent affirmé d’importants militantes et militants, scientifiques et dirigeantes et dirigeantes mondiaux, est la menace existentielle par excellence de notre époque. Je suis convaincu que les éducatrices et éducateurs de la région Asie-Pacifique sont déterminés et prêts à se joindre à la mêlée de l’action climatique. Inspiré par des années de travail syndical, la solidarité internationale et la promesse d’améliorer le monde, leur engagement envers la justice climatique et une juste transition est indéfectible. »

Anand Singh | Directeur régional IEAP