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Artur Widak/Nurphoto  / Shutterstock / ISOPIX
Artur Widak/Nurphoto / Shutterstock / ISOPIX

#16Jours | Mettons fin à la violence à l’égard des femmes et des filles autochtones

Publié 2 décembre 2022 Mis à jour 11 janvier 2023
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La tragédie des femmes et des filles autochtones assassinées et disparues ne peut plus continuer à faire partie du quotidien du Canada. Depuis des siècles, les femmes et les filles autochtones sont confrontées à la violence coloniale et au génocide, et cela doit cesser.

Tina Fontaine n’avait que 14 ans lorsqu’elle a été portée disparue à Winnipeg, dans la province canadienne du Manitoba. Trois jours après avoir été vue vivante pour la dernière fois, son jeune corps a été repêché dans la rivière Rouge. Maisy Odjick avait 16 ans et sa meilleure amie Shannon Alexander 17 ans lorsqu’elles ont disparu de leur communauté de Kitigan Zibi, à quelques heures au nord d’Ottawa, en Ontario. Elles n’ont jamais été retrouvées. Tammy Nattaway, 16 ans, a disparu en 2020 de la Première Nation Garden Hill, dans le nord du Manitoba. Elle aussi est toujours portée disparue.

Je mentionne le nom de ces jeunes femmes parce qu’elles ont l’âge de mes élèves. Quand je regarde mes élèves, je pense à toutes les possibilités incroyables que leur réserve l’avenir. En 2014, quand Tina Fontaine est morte, ma propre fille avait le même âge qu’elle. Je me souviens aussi de Barbara Kentner qui, en 2017, n’avait que 34 ans lorsqu’elle est décédée à Thunder Bay, dans l’Ontario, des suites de complications liées aux blessures qu’elle a subies après avoir été heurtée par un crochet de remorque lancé depuis un véhicule en mouvement. Barbara était mon élève quand elle était en 10ème année (première année du cycle d’enseignement secondaire supérieur). En 1992, Sandra Johnson avait 18 ans lorsque son corps gelé a été retrouvé dans un canal de dérivation à Thunder Bay. Je suis allée au lycée avec Sandra. Ce ne sont là que quelques-uns des centaines de noms de femmes et de filles disparues ou assassinées. L’histoire se poursuit, et il faut y mettre un point final.

Selon les données de Statistique Canada remontant à 2004, les femmes autochtones sont confrontées à des taux de violence beaucoup plus élevés que les femmes non autochtones. Les femmes autochtones de 15 ans et plus étaient 3,5 fois plus susceptibles de subir des violences que les femmes non autochtones. Des statistiques plus récentes montrent qu’entre 2015 et 2020, les femmes autochtones représentaient 24 % de toutes les victimes d’homicide au Canada, alors qu’elles ne représentent que 5 % de la population féminine du pays. Les statistiques ne montrent aucune amélioration.

Après que le corps de Tina Fontaine a été repêché de la rivière Rouge à Winnipeg en 2014, des responsables autochtones de tout ce territoire, que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Canada, ont uni leurs voix pour demander une enquête sur les disparitions et les meurtres de femmes et de filles autochtones au Canada.

En septembre 2016, le gouvernement du Canada a lancé une Enquête nationale entièrement indépendante sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (FFADA). Sur une période de trois ans, les membres de l’enquête ont parcouru le Canada et recueilli les témoignages de survivantes et de membres de leur famille. En juin 2019, l’Enquête nationale sur les FFADA a rendu son rapport final. Les conclusions du rapport faisaient écho aux griefs martelés par de nombreuses communautés autochtones du pays depuis des décennies. Nous sommes la cible de violations et d’abus persistants et délibérés des droits humains et autochtones, qui sont à l’origine des taux effroyables de violence à l’encontre des femmes, des filles et des personnes 2ELGBTQQIA au Canada. Selon l’enquête, les femmes et les filles autochtones sont 12 fois plus susceptibles d’être assassinées ou portées disparues que toute autre femme au Canada – et 16 fois plus en comparaison des femmes blanches.

En 2021, soit deux ans après la publication du rapport final de l’Enquête sur les FFADA, le gouvernement du Canada a élaboré un plan d’action national pour les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQQIA+ autochtones disparues et assassinées. Les progrès accomplis dans le traitement de ces questions ont été minimes et cruellement lents.

Il est important de garder à l’esprit que ce fléau n’a pas toujours fait partie de notre histoire. Le drame de la violence à l’encontre des femmes, des filles et des personnes bispirituelles autochtones trouve sa source dans le colonialisme et la violence coloniale. Les pratiques autochtones traditionnelles étaient souvent de nature matriarcale. Les femmes étaient des porteuses d’eau et des donneuses de vie. Les conceptions sacrées de ces rôles ont été violées à travers l’expérience du génocide colonial sur cette terre. Nos communautés ont grandement besoin de guérison. J’encourage l’ensemble des personnels enseignants, administratifs, de direction, les concierges, assistantes et assistants d’éducation et toute autre personne impliquée dans l’éducation et les écoles à faire preuve d’ouverture d’esprit pour comprendre les difficultés auxquelles sont confrontées les personnes autochtones au Canada et à contribuer à l’éducation des jeunes dans nos écoles. En tant qu’éducatrice ou éducateur, vous pouvez commencer par vous familiariser avec les 94 appels à l’action de la Commission nationale de vérité et réconciliation. Nous vous encourageons à lire le Rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et les 231 appels à la justice. Les Canadiennes et les canadiens doivent prendre conscience du fait que la violence à l’égard des femmes et des filles autochtones fait partie de politiques coloniales de longue date. Il nous incombe, en tant que professionnel.le.s de l’éducation, de nous attaquer à ces problèmes et de faire évoluer le débat afin que l’ensemble de nos élèves puissent être en sécurité et valorisé.e.s dans nos communautés .

Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.