Dans de nombreux pays, la lutte contre le coronavirus a progressivement évolué jusqu'à la fermeture des écoles, l’interdiction de la plupart des rassemblements publics et l’arrêt de certaines entreprises. L'IE s'est principalement concentrée sur son impact sur l'éducation et les enseignant·e·s et les personnels de soutien à l'éducation et a régulièrement fourni des rapports sur les pays, les régions et ce qui se passe au niveau international.
Cependant, il y a d'autres réflexions qui vont au-delà de nos secteurs, mais qui sont suscitées par la pandémie et par notre préoccupation pour le présent et l'avenir :
1- Les pandémies doivent être traitées à l'échelle mondiale. L'isolement des personnes peut être nécessaire, pour des raisons spécifiques de risque d'exposition, mais pas l'isolement des pays ou des peuples.
2- Aucun pays ne peut s'attaquer seul à cette crise. Si certaines parties de nos sociétés sont ignorées ou négligées, nous ne relèverons pas non plus ce défi mondial.
3- Bien que la panique puisse conduire à l'égoïsme, la nature du virus signifie que l'on ne peut pas se protéger sans protéger les autres. Cela signifie que la défense de quiconque dépend de la protection de toutes et tous. Une attention particulière doit être accordée aux groupes exclus, qu'il s'agisse des migrant·e·s, des femmes, des personnes des classes inférieures ou d'autres, car les conditions de surpeuplement dans lesquelles il·elle·s vivent souvent et les problèmes d'accès aux soins médicaux qu’il·elle·s connaissent les rendent, eux et donc tou·te·s les autres, vulnérables.
4- Les gouvernements doivent assumer la responsabilité de la santé publique et fournir un soutien aux travailleur·euse·s et aux autres personnes dans le besoin. Cela sera constructif et permettra de renforcer la cohésion et la confiance. Mais essayer de blâmer les autres est une fausse piste, autodestructeur et peut inciter à la discrimination et aux conflits.
5- Le court-termisme, maladie endémique du monde moderne, rend difficile la prise en compte de l'intérêt général. La réussite de la lutte contre la pandémie dépendra, dans une large mesure, de notre capacité à mettre en place des plans et à disposer de systèmes de santé et d'autres services publics solides et fiables. En d'autres termes, notre avenir exige l'abandon du court terme, qu'il soit économique, social ou environnemental.
6- De réels dangers pour la société sont posés par la détérioration du soutien et de la formation des professionnel·le·s essentiel·le·s, en l'occurrence les membres des professions médicales et les chercheur·euse·s, et des capacités des professionnel·le·s de la santé publique. Cependant, dans un cadre plus large, des professionnel·le·s formé·e·s et de haute qualité et des travailleur·euse·s hautement qualifié·e·s dans tous les secteurs font partie de l'infrastructure vitale qui assure la sécurité de la société et les bases du développement.
7- Les gens ont découvert que la santé n'a pas de prix. Cela ne doit pas être oublié une fois la pandémie terminée. Les services publics ne sont pas accessoires. Ils sont essentiels à notre vie quotidienne et à notre avenir social, économique, environnemental et culturel.
L'impact économique du Coronavirus sera durable dans de nombreux pays, très probablement similaire à celui de la Grande Récession de 2009 (qui a fait suite à la crise financière). Cependant, les remèdes ne devraient pas être les mêmes. Bien que les banques et les autres grandes entreprises soient affectées, elles risquent moins de s'effondrer. Les banques centrales prennent les mesures nécessaires pour maintenir les taux d'intérêt bas et se prémunir contre les dangers du système.
Les pauvres et les travailleur·euse·s, ainsi que les petites entreprises comme les cafés et les restaurants et d'autres qui ont vu leur existence menacée par la crise, auront besoin d'aide. Cependant, les ressources ne doivent pas être détournées vers celles et ceux qui n'en ont pas besoin et qui ont le moins souffert.
Les gouvernements ne devraient en aucun cas suivre la voie dangereuse de l'austérité comme ils l'ont fait dans la plupart des pays en réponse à la crise financière. Certains des pays qui ont le plus souffert de l'austérité ont le plus de difficultés à faire face à la pandémie. Au lieu de cela, il devrait être prioritaire d'augmenter le financement et la qualité des services publics essentiels.
Bien que les gens soient, bien naturellement, préoccupés, tout indique que la pandémie prendra fin. Ce qui est vital, c'est que nous tirions les leçons de notre expérience avec le COVID-19 afin d’éviter de répéter les mêmes erreurs ou de reprendre le travail comme d'habitude.
Comme Filippo Grandi, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés et Michelle Bachelet, la Haute Commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme, l’ont dit:
« Au-delà de ces défis très immédiats, l’existence du coronavirus mettra sans aucun doute à l’épreuve nos principes, nos valeurs et notre humanité commune ».
Toutes les crises sont à la fois des problèmes et des opportunités. Le réalisme, le bon sens, le sentiment d'urgence, la mobilisation et la solidarité peuvent et vont conduire au progrès, à la réparation des torts anciens, à une plus grande justice sociale, à l'écoute, à la compréhension et à la paix sociale.
D'un autre côté, la panique et la peur ont souvent l'effet exactement inverse. Les gens sont exclus plutôt qu'inclus, ils sont stigmatisés sur la base de fausses nouvelles et une haine et une désinformation sophistiquées et ciblées peuvent facilement causer l’effondrement d’une société.
Nous avons vu dans cette crise que la décence, la compassion et la solidarité, semblent, pour l'instant, avoir le dessus. Notre mission en tant qu'éducateur·rice·s, non seulement en classe, mais également au sein de la communauté, est de s’appuyer sur cette bonne volonté, cet esprit communautaire, pour aider à façonner le monde et les sociétés que nous recherchons toutes et tous.
Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.