Les grèves tournantes des enseignant·e·s et des travailleur·euse·s de l’éducation vont se poursuivre cette semaine dans la province canadienne de l’Ontario. La grève a débuté le 6 février, et les négociations entre les éducateur·rice·s et le gouvernement de la province sur le financement et la négociation collective, sont au point mort.
Quatre syndicats de l’éducation sont en grève pour demander l’arrêt des coupes dans l’éducation et exhorter au respect de leurs droits à la négociation collective. Les négociations avec le gouvernement du Premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, ont pris fin après presqu’une année. Les syndicats sont des organisations membres de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE): l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), la Fédération des enseignantes et enseignants de l’élémentaire de l’Ontario (FEEO), l’Association des enseignantes et des enseignants catholiques anglo-ontariens (OECTA) et la Fédération des enseignantes et enseignants des écoles secondaires de l'Ontario (OSSTF/FEESO). La FCE est une organisation membre de l’Internationale de l’Éducation.
Les coupes nuisent aux enfants
D’après les syndicats, dès le début des négociations le gouvernement a affiché sa détermination à réduire les coûts dans l’éducation, avec de multiples répercussions désastreuses:
-10.000 postes d’enseignant·e·s en moins.
-L’augmentation des effectifs dans les classes, certaines comptant jusqu’à plus de 40 élèves.
-La réduction des programmes d’études proposés au lycée.
-La diminution des ressources et du soutien à disposition des élèves les plus vulnérables, y compris ceux ayant des besoins éducatifs particuliers ou des besoins en santé mentale.
-L’introduction de l’apprentissage en ligne obligatoire.
En novembre 2019, le gouvernement de l’Ontario a adopté la Loi 124 visant à préserver la viabilité d’un secteur public durable pour les générations futures. Elle a pour objet de limiter à seulement 1% par an, toute augmentation de la rémunération, des salaires et des avantages sociaux des travailleur·euse·s du secteur public, au cours des trois prochaines années.
Restrictions à la négociation collective
En décembre dernier, les quatre syndicats ont entamé des contestations judiciaires contre la Loi 124. Les syndicats affirment que la législation viole les droits constitutionnels des enseignant·e·s et des travailleur·euse·s de l’éducation à participer sans restriction aucune, à des actions de négociation collective, tel que stipulé dans la Charte canadienne des droits et des libertés.
Les syndicats assurent que la Loi 124 constitue une attaque directe à la négociation collective dans le secteur de l’éducation, à la liberté d’expression et à la liberté d’association.
Vers la fin de l’année 2019, et compte tenu de la lenteur des négociations et de la détermination du gouvernement au regard des coupes, les quatre syndicats ont tenu des votes de grève qui ont abouti à un soutien presque unanime, en faveur de l’action syndicale ayant entrainé la fermeture des écoles dans la province ces derniers jours.
Les Ontarien·ne·s soutiennent les syndicats en faveur de l’éducation
En dépit des tentatives du gouvernement Ford pour tenir les syndicats responsables de cette situation de blocage, les sondages indiquent que la grande majorité des Ontarien·ne·s soutient la position des enseignant·e·s et des travailleur·euse·s de l’éducation. Alors que le gouvernement défend les coupes dans l’éducation, pour les Ontarien·ne·s le financement de l’éducation est largement préférable aux réductions d’impôts. Il.Elle.s s’opposent clairement à l’augmentation des effectifs dans les classes et à l’obligation de suivre des cours en ligne, et sont favorables à une hausse des salaires dans l’éducation en fonction du coût de la vie.