Les directeurs/trices d’école jouent un rôle majeur dans l’établissement d’une offre éducative de qualité ainsi que dans la garantie des principes d’équité et d’égalité des chances pour tou(te)s les enfants, élèves et étudiant(e)s. Ils/elles peuvent par ailleurs contribuer à développer et à préserver un climat positif au sein des établissements, ainsi qu’une culture de paix, de tolérance, d’équité, d’inclusion, de coopération et de persévérance dont bénéficie la communauté scolaire dans son ensemble. Ils/elles sont en mesure de créer des conditions favorables à l’efficacité de l’enseignement et de l’apprentissage au sein de leurs établissements, en fournissant les ressources, le soutien et la motivation nécessaires aux enseignant(e)s et aux élèves. Toutefois, ils/elles ne peuvent y parvenir qu’en étant autonomisé(e)s et pleinement soutenu(e)s par le gouvernement, les autorités éducatives, les parents et les autres acteurs-clé de l’éducation, ce qui n’est pas encore le cas.
La direction des établissements scolaires vue par l’Internationale de l’Education
Selon l’Internationale de l’Education (IE), et tel que formulé dans son document politique sur l’éducation de 2011 ainsi que dans l’addendum de 2015, le modèle le plus efficace pour la direction des établissements scolaires consiste à instaurer une direction collaborative, collégiale et partagée, à laquelle participent les directeurs/trices, le personnel administratif, les enseignant(e)s, le personnel de soutien à l’éducation et l’ensemble de l’équipe pédagogique. Par conséquent, l’IE a une conception de la direction des établissements scolaires qui dépasse la seule personne du/de la directeur/trice, qui joue bien évidemment un rôle crucial dans la gestion de l’institution, pour prendre en compte les enseignant(e)s et les autres membres de la communauté scolaire. Nombre de nos systèmes scolaires et éducatifs restent malheureusement imprégnés par une structure hiérarchique, où seul(e) le/la directeur/trice est porté(e) au rang de « héros/héroïne ». Nous devons démocratiser la direction dans nos écoles et dans les autres établissements scolaires, et autonomiser les éducateurs/trices pour leur permettre d’assurer cette fonction. Pour ce faire, il convient notamment de promouvoir le travail collaboratif en équipe pour inspirer et autonomiser les enseignant(e)s, afin qu’ils/elles puissent occuper des fonctions de direction et contribuer à une prise de décision de qualité.
La direction des établissements scolaires reste exclue du débat politique mondial
En dépit de son importance, la direction des établissements scolaires n’est pas encore considérée comme une priorité majeure dans l’agenda politique en matière de développement mondial et d’éducation. Si l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a déployé des efforts pour résoudre les problématiques de la direction des établissements scolaires [i], cela n’est pas encore systématique au sein des autres organisations intergouvernementales. L’UNESCO, l’OIT, les agences des Nations Unies et les autres organisations intergouvernementales doivent placer la direction des établissements scolaires et éducatifs au sommet des priorités de leurs agendas politiques et de leurs activités.
Les directeurs/trices d’école sont confronté(e)s à de nombreux défis aujourd’hui
Les directeurs/trices d’école continuent à faire face à toute une série de défis, notamment la réduction des budgets alloués aux établissements, le manque d’infrastructures et de ressources scolaires adaptées, des exigences de plus en plus strictes en matière de responsabilité et une lourde charge de travail. Il leur est souvent demandé de « produire des résultats » sans recevoir de formation spécialisée aux fonctions dirigeantes ni de soutien adéquat de la part des gouvernements et des autorités en charge de l’éducation.
En outre, les directeurs/trices d’école sont souvent obligé(e)s de consacrer une grande partie de leur temps à des tâches administratives, ce qui ne leur laisse que peu d’opportunités d’assumer leurs rôles pédagogiques ou didactiques. Un(e) représentant(e) syndical(e) qui a participé à l’enquête du Comité syndical européen de l’éducation (CSEE) – le Bureau européen de l’IE – revient sur cette situation de façon plus explicite :
« Nos chefs d’établissement passent trop de temps à des tâches administratives au détriment de leur rôle de responsable éducatif […]. De plus en plus, les chefs d’établissement évoquent la charge administrative que représentent la direction d’une grande implantation et doivent gérer des montants importants. … Il faut leur donner plus de temps pour se concentrer sur la direction pédagogique. » [ii]
Des comptables/fiscalistes qualifié(e)s, entre autres, devraient se charger des tâches financières et autres tâches administratives, afin que les directeurs/trices puissent se consacrer davantage à leurs fonctions didactiques. Impliquer les éducateurs/trices dans les processus décisionnels des écoles et autres établissements scolaires et leur permettre d’occuper des fonctions de direction allègera non seulement le fardeau administratif qui pèse sur les directeurs/trices, mais encouragera également la démocratisation de l’établissement.
La Conférence de l’IE se penchera sur les problématiques en matière de direction scolaire
La Conférence de l’IE sur la direction des établissements scolaires– qui se tiendra du 24 au 25 avril 2018 à Johannesbourg, Afrique du Sud – sera l’occasion parfaite de s’intéresser aux problématiques en matière de direction pédagogique présentées ci-dessus, entre autres, et d’y trouver des solutions.
« En quoi consiste une direction inclusive de qualité dans les établissements scolaires ? », « Quelles sont les conditions préalables essentielles à une direction inclusive de qualité dans les établissements scolaires ? », « Comment assurer de manière équitable le recrutement, la promotion, la rétention, la formation et le développement professionnel des directeurs/trices d’école ? », « Comment les femmes peuvent-elles bénéficier de l’autonomie nécessaire pour exercer des fonctions de direction dans les établissements scolaires comme dans les syndicats ? », « Quelles mesures politiques doivent prendre les gouvernements et les autres parties prenantes (telles que l’UNESCO, l’OIT et l’OCDE) pour garantir l’autonomisation des directeurs/trices d’école ainsi qu’une direction inclusive de qualité dans les établissements scolaires ? » figurent au rang des principales questions qui seront abordées afin de formuler des propositions de politique concrètes.
Plus d’une centaine de représentant(e)s de syndicats de l’enseignement, de directeurs/trices d’école, d’universitaires, d’expert(e)s, de responsables politiques et d’autres acteurs clés du secteur, provenant du monde entier, se réuniront pour se pencher sur les problématiques en matière de direction pédagogique. Il est primordial que les conclusions et recommandations de la Conférence orientent les activités et stratégies de plaidoyer mondiales, régionales et nationales de l’IE, des syndicats de l’éducation et des autres partenaires, afin de faire de la direction inclusive de qualité dans les établissements scolaires une réalité, au profit de la communauté éducative dans son ensemble.
[i] Notamment à travers les activités et publications de l’OCDE liées à la direction des établissements scolaires (par exemple, « Améliorer la direction des établissements scolaires »), le Sommet international sur la profession enseignante et le rapport« School Leadership for Learning »(La direction des établissements scolaires pour l’apprentissage), qui s’appuie sur les données de l’Enquête internationale sur les enseignants, l’enseignement et l’apprentissage (TALIS) de 2013 pour examiner les différentes stratégies de direction des établissements scolaires ainsi que leur impact sur les communautés et le climat d’apprentissage dans les écoles.
[ii] Enquête du CSEE sur la direction des établissements scolaires, Direction des établissements scolaires en Europe: questions, défis et opportunités (2012).
Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.