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Burkina Faso: les syndicats d’enseignants unis signent un protocole d’accord

Publié 22 février 2018 Mis à jour 23 février 2018
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La coordination nationale des syndicats de l’éducation burkinabés a signé un protocole d’accord avec le gouvernement, une avancée majeure en termes d’éducation et d’amélioration des conditions de travail.

Le 27 janvier, les affiliés de l’Internationale de l’Education faisaient partie de la coordination nationale des syndicats de l’éducation du Burkina Faso qui a signé un protocole d’accord avec le gouvernement.

Les négociations ont porté sur l’adoption d’un statut valorisant au profit des personnels de l’éducation et de la recherche, l’amélioration de l’accès à l’éducation, l’amélioration des conditions de travail pour une efficacité du système éducatif, et la revalorisation de la fonction enseignante.

Cet accord met fin à une mobilisation syndicale unitaire réussie commencée le 5 octobre 2017 à l’occasion de la Journée mondiale des enseignant(e)s. Des marches, plutôt que des grèves, avaient été organisées pour ne pas mettre en difficulté l’année scolaire pour les étudiant(e)s. Les syndicats d’enseignants se sont lancé dans une grève par intermittence, avec une grève de 48 heures, une de 96 heures, et une de 72 heures. Des sit-ins de trois heures étaient organisés une fois par semaine.

L’unité au cœur du succès

« Il s’agissait d’une lutte unitaire et inédite », a souligné le Secrétaire général de la Fédération des Syndicats Nationaux des Travailleurs de l'Education et de la Recherche (F-SYNTER) Suleymane Badiel. « Nous avons su aller au-delà des différences pour mettre en avant la plateforme revendicative. » Ce cadre d’action doit être « solidifié et pérennisé », a-t-il ajouté.

Anatole Zongo, Secrétaire général du Syndicat national des enseignants du secondaire et du supérieur (SNESS) a lui aussi affirmé que « u’union fait la force ». Même si les syndicats ne partagent pas le même point de vue, « chacun a fait des efforts pour que la coordination fonctionne bien, grâce à avec une unité entre tous les secteurs éducatifs, primaire et secondaire. On gagnerait à continuer pour faire avancer les revendications ».

Pour le Secrétaire général du Syndicat national des enseignants africains du Burkina (SNEAB) Séma Blégné également, la coordination est plus que jamais convaincue que seule l’unité a permis d’atteindre un tel résultat. En effet, individuellement chaque syndicat a un protocole d’accord avec le gouvernement, mais qui n’est pas toujours mis en œuvre. « Maintenant, le gouvernement n’a plus d’échappatoire », a noté Blégné.

Soutien populaire

Il a insisté sur le fait que l’unité syndicale a pu résister aux pressions venant de toutes parts, y compris des tentatives de dresser la population contre les syndicats. « La bataille de l’opinion et de la presse a été remportée », a -t-il noté, tous les médias ayant permis à la coordination d’expliquer la nécessité de la mobilisation. Blégné a expliqué que « la coordination avait fait le choix de ne pas inscrire dans la plateforme uniquement des revendications pour les membres, mais aussi d’autres éléments comme l’accès à l’éducation et la gratuité ». Il y a ainsi eu des mesures pour les parents, les étudiant(e)s et les enseignant(e)s, ce qui a contribué à assurer le soutien de l’opinion publique.

De meilleures conditions de travail pour les enseignant(e)s

Badiel est lui revenu sur les acquis que le protocole a justement permis d’engranger: l’indemnité de logement a été revue à la hausse (+26%), et sera attribuée exclusivement à ceux/celles qui sont sur le terrain, ce qui va inciter les enseignant(e)s à exercer dans les endroits reculés; l’indemnité spéciale, qui était disparate, est maintenant harmonisée (primaire/secondaire) et revalorisée; et un comité d’expert va maintenant travailler sur la question d’un nouveau statut, qui n’a pas pu être défini dans le cadre de ces négociations.

Le texte va même au-delà en disposant pour l’avenir du système éducatif en général, allant au-delà des seuls intérêts du personnel enseignant. Il prévoit ainsi que la gratuité va s’étendre, à partir de 2020, jusqu’au post primaire, ce qui n’était pas gagné d’avance.

En outre, les bourses d’études, qui ont été suspendues depuis 30 ans, à l’exception d’un dispositif spécifique pour les filles. Les syndicats ont fait prendre en compte pour l’obtention des bourses les conditions sociales, alors que le gouvernement au départ visait seulement l’excellence comme critère d’attribution.

Les syndicats ont aussi réussi à amener le gouvernement à réinstaurer les internats, au moins pour le technique et le professionnel, ce qui est crucial pour le développement économique du pays, car ces filières sont très utiles pour former des adultes qualifié(e)s.

L’enseignement privé en compte

Des acquis figurent aussi dans le protocole pour le secteur de l’enseignement privé, le gouvernement s’étant engagé à réunir les directeurs du privé laïc et les interpeller quant à la mise en œuvre de la convention tripartite signée en 2016. Zongo a insisté sur le fait que les syndicats vont être vigilants quant à l’application effective de cette convention, prendre pied dans les écoles privées étant un enjeu majeur pour eux.

Afin de soulager les familles des grands centres, souvent contraintes de scolariser leurs enfants dans les écoles privées, les autorités publiques du Burkina vont prendre en charge, pour l’entrée en secondaire, une partie des frais pour les enfants, et les familles paieront le complément. Etant donnée le retard pris par l’Etat dans l’implantation d’établissements publics dans tous les quartiers, les syndicats acceptent à titre transitoire ce financement public d’établissements privés.