Dans un total revirement de situation, la chaîne d’écoles à but lucratif a dû fermer ses portes à la suite du vote parlementaire en faveur de la cessation de ses activités, qui a sanctionné son incapacité à respecter les normes en matière d’éducation et d’infrastructures.
Ultime rebondissement dans cette saga opposant le Gouvernement ougandais à Bridge International Academies: le Parlement du pays a ordonné à la direction de fermer ses établissements jusqu’à nouvel ordre. Bridge détient actuellement 80 écoles maternelles et primaires en Ouganda, gérées par ses fondateurs américains Jay Kimmelman et Shannon May.
D’après la Ministre ougandaise de l’Education, Janet Museveni, Bridge pourra rouvrir ses écoles à condition qu’elles respectent les normes requises. Cependant, malgré l’injonction de cesser toute activité, Bridge a déclaré que ses affaires continueraient à tourner comme d’habitude.
Cette société, qui gère ce que l’on appelle des écoles à bas coût à but lucratif en Ouganda, au Kenya, et plus récemment au Liberia, est soutenue financièrement par les likes du Facebook de Mark Zuckerberg, par la Fondation Bill et Melinda Gates et par le conglomérat de l’éducation Pearson Ltd. Elle perçoit également des fonds de la Banque mondiale et du Département pour le développement international du Royaume-Uni. Le modèle économique de Bridge, qui dépend de l’argent public pour administrer des écoles payantes gérées par des enseignant(e)s non qualifié(e)s, doit en permanence faire face à un flot de critiques.
Bien que la société promeuve une éducation « abordable » pour les enfants les plus pauvres de la planète, Bridge contraint les familles à payer pour des leçons inappropriées, préparées à l’avance, et lues sur tablette. Un nombre considérable d’enfants se retrouvent dans des environnements douteux, notamment dans des salles de classe manquant de matériel adapté, y compris de bureaux, de chaises et, dans certains cas, de sanitaires.
En juin dernier, la condamnation mondiale de Bridge a atteint son paroxysme après que la société eut orchestré l’arrestation d’un chercheur canadien qui enquêtait sur ses opérations en Ouganda. L’incident a permis de braquer les projecteurs sur les pratiques de cette société, ce qui a entraîné une vague d’articles négatifs dans la presse et a semé davantage le doute quant à ses prétentions d'être un prestataire d’une éducation de qualité.