Le dernier rapport du Comité des droits de l’enfant consacré à Haïti met en lumière l’importance d’une éducation gratuite de qualité, et tire la sonnette d’alarme quant aux conséquences dévastatrices des partenariats public-privé non réglementés.
Dans son dernier rapport, le Comité des droits de l’enfant– un corps d’experts indépendants chapeauté par l’ONU qui contrôle l’application de la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies – a émis de vives inquiétudes au regard de la qualité et de l’accessibilité de l’éducation en Haïti.
La discrimination, la privatisation et la commercialisation entravent l’accès à l’éducation
Le texte braque les projecteurs sur deux domaines stratégiques liés à l’accès à une éducation de qualité et nécessitant des améliorations. Dans un premier temps, le rapport insiste sur les différences considérables en matière d’accès à l’éducation, entre les filles et les garçons, et plus spécifiquement, entre les zones rurales et les milieux urbains. Il souligne la discrimination à laquelle sont particulièrement confrontées les jeunes filles enceintes, les jeunes mères et les victimes de viol qui sont, par ailleurs, souvent contraintes d’abandonner l’école.
Ensuite, le rapport met en garde contre « la domination des écoles privées sur le secteur de l’éducation » qui, souvent, ne sont pas officiellement agréées et contrôlées par l’Etat. Le rapport poursuit en rappelant au gouvernement haïtien sa responsabilité première, à savoir garantir et réglementer l’éducation, ainsi qu’offrir un accès gratuit à l’éducation primaire, notamment pour les enfants vivant dans la précarité.
Des recommandations innovantes
En plus d’exhorter les décideurs politiques haïtiens à augmenter le budget consacré à l’éducation et à garantir des conditions de travail équitables pour tou(te)s les enseignant(e)s, le rapport préconise la mise en place d’un cadre réglementaire visant à contrôler les prestataires de services éducatifs privés. Cette recommandation précise explicitement que des prestataires privés ne doivent pas fournir de services d’éducation à but lucratif.
Cependant, elle révèle un changement de perception dans l’analyse du Comité au regard de la discrimination structurelle – un terme que l’organisation n’avait jusqu’alors utilisé qu’une seule fois, dans un rapport consacré au Brésil. Par ailleurs, il est également frappant de constater que le Comité aborde pour la toute première fois le problème des partenariats public-privé, en affirmant très clairement qu’ils ne doivent pas venir entraver l’accès à une éducation de qualité pour tous les enfants, servir des intérêts privés ou impliquer toute forme de commercialisation de l’éducation.
Ces recommandations font écho à la résolution de l’Internationale de l’Education, intitulée Plaidoyer pour la mise en place d’un cadre légal régissant les conditions de travail dans le secteur non public de l’éducation en Haïti, adoptée lors de son dernier Congrès mondial organisé en juillet 2015, à Ottawa, au Canada, ainsi qu’à la résolution portant sur la Privatisation et commercialisation de l’éducation.