Les mesures gouvernementales au Zimbabwe de réduction des coûts ciblant les enseignant(e)s et d'autres travailleurs/euses du secteur public ont entraîné la suspension du paiement des salaires d’au moins 3.000 enseignant(e)s en juillet, selon des rapports de médias.
Ces réductions font suite à un audit sur les « travailleurs fantômes » réalisé sur les lieux de travail, et qui n’a pas tenu compte des absences justifiées. Selon un article publié dans The Africa Report, « la plupart des enseignants qui n’ont pas été payés étaient en congé formation, en congé maternité, en congé pour formation professionnelle ou en congé maladie, et les autres étaient en déplacement et avaient avisé leurs supérieurs ».
Contacté par les journalistes de The Africa Report, un enseignant a déclaré: « J’étais en congé formation. Je suis un troisième cycle en sciences de l’éducation à l’Université d’Etat des Midlands. J’ai été choqué d’apprendre que mon salaire avait été suspendu. On nous a demandé de fournir des attestations expliquant où nous nous trouvions au moment de l’audit, mais cela va prendre du temps, et nous devons nourrir nos familles. »
Selon l’article, « hier, nous avons questionné les fonctionnaires de la Commission du service public, sans résultat. »
Selon le Chronicleà Harare, le responsable exécutif de la Zimbabwe Teachers Association(ZIMTA), Sifiso Ndlovu, a confirmé le non-paiement des salaires : « Selon nos informations, 3.000 enseignantes et enseignants se sont plaints de ne pas avoir reçu leur salaire du juillet. Le chiffre exact pourrait s’avérer beaucoup plus important, mais c’est celui dont nous disposons pour le moment. »
Selon Ndlovu, la Zimta a été informée que les enseignants non payés n’étaient pas présents lorsque l’audit a été réalisé en avril, et qu’ils ont par la suite été désignés à tort comme des « travailleurs fantômes ». Il a affirmé que la Zimta exige du gouvernement des explications sur les motifs qui ont poussé à radier des systèmes de paie des enseignants « innocents et en fonction ».
La rétention des salaires des enseignant(e)s intervient dans un contexte de tentatives de réduction des coûts salariaux globaux, mais les enseignant(e)s ont averti que réduire ou supprimer les salaires de fonctionnaires sous-payés ne permettrait pas de résoudre les problèmes posés par la bureaucratie pléthorique du pays, alors même que le gouvernement du président Robert Mugabe compte plus de 70 ministres et ministres-adjoints.
« Pour réduire les coûts salariaux, il faudrait se pencher sur la taille globale du gouvernement, c’est-à-dire les ministres et les fonctionnaires de haut niveau, et sur les dépenses extravagantes engagées par le gouvernement. Le principe consistant à licencier un travailleur subalterne, comme un enseignant, par exemple, pour faire des économies, n’est pas recevable », a déclaré Ndlovu à The African Report.