L'IE et son affilié brésilien, la Confederaçao Nacional dos Trabalhadores em Educacao (CNTE) ont fermement condamné l'assassinat d'Oziel Gabriel, autochtone de la tribu Terena, lors d'une confrontation visant à récupérer les terres de son peuple, le 30 mai dernier à Mato Grosso do Sul, dans la municipalité de Sidrolândia.
Les forces de police fédérales et militaires ont ouvert le feu sur Gabriel (35 ans) et d'autres membres de la tribu Terena, qui étaient revenus sur les terres de leurs ancêtres, occupées à l'heure actuelle par un propriétaire foncier et éleveur de bétail de la Hacienda Buriti, qui se trouve également être un acteur de la vie politique régionale. L'IE appelle à l'ouverture d'une enquête afin de faire payer les auteurs de ces crimes.
Contexte
Si, en 2010, l'agence fédérale pour les peuples indigènes a déclaré que les terres de Sidrolândia appartenaient à la tribu Terena, le processus de restitution des terres a toutefois été retardé par les actions des propriétaires de terrains sur le territoire autochtone.
La mort de Gabriel a été suivie d'un autre incident, le 5 juin dernier, au cours duquel Josiel Gabriel Alves, appartenant également à la tribu de Terena, a été grièvement blessé. Aux côtés d'une centaine d'autres Indiens, Alves tentait alors de pénétrer dans la Hacienda San Gabriel, une propriété située non loin de la Hacienda Buriti, lorsque l'incident s'est produit. Si les jours d'Alves ne sont plus en danger, il reste toutefois fortement paralysé.
Le conflit a contraint les autorités nationales à appeler du renfort. Plus de 110 membres des forces de sécurité nationales sont arrivés dans la région et ne l'ont toujours pas quittée.
Dans cette région, les conflits de ce type ne sont pas nouveaux. En effet, entre 2003 et 2011, 279 autochtones ont été assassinés par l'Etat de Mato Grosso do Sul, voisin du Paraguay et de la Bolivie, dans le cadre de conflits fonciers avec des éleveurs de bétail et des propriétaires de terres.
En Amérique latine, la hausse des exportations de produits primaires, tels que les denrées alimentaires (maïs, soja et blé), les biocarburants et les minéraux, a entraîné un ensemble de perturbations et de conflits sur les différents territoires et ce, principalement en raison de l'accumulation des terres et du déplacement des communautés rurales ou autochtones. En effet, de nombreux dirigeants autochtones ont été victimes de violences ou assassinés durant cette vague de répressions qui a frappé l'ensemble de la région (à Bagua, au Pérou, au sein de la communauté Qom à Formosa, en Argentine, ou encore de la tribu Terena à Mato Grosso du Sul).
Parallèlement, la Directrice de la FUNAI, l'agence fédérale responsable des politiques autochtones, a présenté sa démission. Cependant, les protestations des peuples autochtones se poursuivent et un amendement à la Constitution a été proposé, susceptible de définir le rôle de la FUNAI dans le processus de répartition des terres autochtones.
En vertu de cette proposition, le Congrès et d'autres agences fédérales, telles que l'Institut de recherche agricole, devraient avoir voix au chapitre dans le processus de délimitation des territoires autochtones.
Justice doit être rendue pour les peuples autochtones
Le Comité exécutif de la CNTE a fermement condamné le recours à la violence par les forces de police contre la tribu Terena. Il exhorte les autorités à expliquer la mort de Gabriel et à punir les responsables de cet acte.
Dans une déclaration publique de solidarité à Campo Grande, capitale de Mato Grosso du Sul, Fatima da Silva, Secrétaire des relations internationales de la CNTE et vice-Présidente de l'IE/Amérique latine (IEAL), a vivement réprouvé les actes de violence, de discrimination et de persécution historique à l'encontre du peuple autochtone de Terena. Fatima da Silva s'est prononcée en faveur d'une réforme agraire et d'une délimitation des territoires autochtones.
Politiques de l'IE
Depuis 2009, les affiliés de l'IE ont organisé de nombreuses réunions régionales en vue d'intensifier les débats sur la situation de l'éducation publique au sein des peuples autochtones.
Ces réunions ont permis de définir des plans d'action dans l'élaboration d'une proposition de politique alternative en matière d'éducation prenant en compte les besoins et la situation de ces peuples, un processus dans lequel la CNTE s'est activement impliquée.
Réunion des peuples autochtones
A cet égard, l'IE a organisé une troisième rencontre sur l'éducation publique et les peuples autochtones à Cusco (Pérou) en mai 2013, à laquelle a participé la CNTE (Brésil), aux côtés d'autres syndicats d'Amérique latine et de Norvège.
A l'occasion de ce forum, les affiliés d'Amérique latine se sont accordés sur l'élaboration de nouvelles stratégies syndicales renforcées en faveur d'une éducation publique multiculturelle et multilingue.
L'IE tient à exprimer toute sa solidarité et contrôle les avancées ainsi que les solutions à ce conflit foncier qui touche la tribu Terena à Mato Grosso do Sul.
Pour de plus amples informations sur la condamnation de la CNTE au regard de l'assassinat de l'Indien Oziel Gabriel, consultez:
Federação dos Trabalhadores em Educação de Mato Grosso do Sul(FETEMS), membre de la CNTE
Domaine de travail – Education publique et peuples autochtones