Les affiliés nationaux de l’IE - l’American Federation of Teachers (AFT) et la National Education Association (NEA) - ont réagi vis-à-vis de la déclaration du Département de l’Education de New York, stipulant que près de la moitié des enseignant(e)s de la ville arrivant au terme de leur période probatoire n’obtiendront pas leur titularisation cette année.
En 2012, seul(e)s 55% des enseignant(e)s pouvant prétendre à leur titularisation après avoir travaillé au moins trois ans l’ont obtenue, par rapport à 97% en 2007, 42% ont vu leur période probatoire prolongée d’un an, et 3% se sont vu refuser la titularisation et ont été licencié(e)s. Parmi ceux et celles dont la période probatoire a été prolongée l’an dernier, moins de la moitié ont obtenu leur titularisation cette année, un tiers ont été contraint de prolonger leur période probatoire d’une année supplémentaire, et 16% se sont vu refuser la titularisation et ont été licencié(e)s.
Ces chiffres témoignent d’un renversement dans la manière d’accorder les titularisations, non seulement à New York mais également dans l’ensemble du pays. Alors qu’auparavant la titularisation était une procédure quasi automatique, elle est aujourd’hui devenue un droit que les enseignant(e)s sont censé(e)s mériter. Les décisions liées à la titularisation sont de plus en plus souvent basées sur les résultats obtenus par les élèves des enseignant(e)s aux tests standardisés et sur les observations organisées dans les classes par la direction ou d’autres entités administratives.
La titularisation est un instrument de lutte contre la discrimination et les décisions arbitraires
La titularisation n’offre en soi aucun privilège en termes de salaire ou d’attribution des fonctions, pas plus qu’elle n’assure un emploi permanent. Par contre, son principal avantage est qu’elle garantit aux enseignant(e)s certaines protections contre les licenciements abusifs, notamment le droit de comparaître devant une commission d’arbitrage. Il s’agit donc d’un moyen de lutte important contre l’embauche et le licenciement aveugles ou motivés par des intérêts politiques.
Faute de soutien, le personnel enseignant abandonne la profession
Michael Mulgrew, Président de l' United Federation of Teachers, un syndicat membre de l’AFT, affilié de l’IE, a indiqué qu’il s’était toujours positionné en faveur d’une procédure de titularisation « rigoureuse mais équitable ». Toutefois, il constate que bon nombre d’enseignant(e)s quittent la profession dès le début de leur carrière et qu’il s’agit là d’une preuve que les autorités de la ville ne se sont toujours pas penchées sur les moyens devant être mis en œuvre pour les aider à réussir leur parcours professionnel.
Selon le syndicat, sur les 5.231 enseignant(e)s embauché(e)s durant l’année scolaire 2008-2009, près de 30% ont abandonné la profession au terme de leur troisième année de service. Environ 75.000 enseignant(e)s travaillent dans les écoles new-yorkaises, formant ainsi le plus grand système d’éducation publique du pays.
« Si New York souhaite se doter d’un excellent système d’éducation, il est nécessaire de mettre en place de meilleures méthodes pour assurer le développement professionnel des enseignant(e)s, tant au début de leur carrière que tout au long de celle-ci », a précisé Mulgrew.
Nécessité d’améliorer les politiques de recrutement et de rétention des enseignant(e)s
Dennis Van Roekel, Président de la NEA, a souligné que: « Chaque élève mérite des enseignants qualifiés, responsables et engagés. Un système doit être mis en place afin de protéger les enseignantes et enseignants de qualité contre les licenciements fondés sur des motifs arbitraires. Nous devons soutenir les enseignants qui font du bon travail, permettre aux plus motivés d’entre eux de suivre des formations intensives et instaurer une procédure équitable et efficace pour se séparer de ceux et celles qui ne s’améliorent pas. »
Il a également déclaré que les discussions sur les réformes de l’enseignement ne doivent pas uniquement porter sur le caractère équitable des licenciements. « Nous devons avoir une réflexion plus large sur les moyens qui, immanquablement, nous permettront d’offrir un enseignement de qualité à nos élèves, et notamment de porter davantage notre attention sur le recrutement de personnes compétentes dans la profession. Nous devons élaborer des programmes rigoureux et de haute qualité pour la préparation des enseignantes et enseignants, afin de garantir leur efficacité dès le premier jour de cours dans les classes. Un grand nombre d’enseignantes et enseignants abandonnent la profession au cours des cinq premières années de service — 47% selon les chercheurs. A lui seul, ce pourcentage indique clairement qu’il est nécessaire de s’intéresser de près à la question du recrutement et du soutien professionnel. »
Van Roeckel a également ajouté que: « Les enseignantes et enseignants doivent bénéficier d’une formation continue, de systèmes d’évaluation complets et de ressources permettant de favoriser la réussite de chaque élève. Nous devons investir en priorité dans tout ce qui forme la base de l’apprentissage des élèves, notamment des classes de taille plus petite, l’éducation de la petite enfance, des manuels pédagogiques actualisés et un programme scolaire équilibré. Il n’existe pas de solution miracle pour améliorer l’apprentissage des élèves. Nous devons travailler ensemble pour trouver des solutions durables et efficaces tant aujourd’hui que dans le futur. »
Le Secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen, a déclaré: « L’IE lutte contre l’insécurité qui règne au sein de la profession enseignante et dénonce fermement les plans d’austérité mis en place depuis plusieurs mois dans le monde et portant gravement atteinte à l’éducation. Notre organisation soutient que le recrutement des enseignantes et enseignants doit s’effectuer sur la base de l’emploi permanent de personnel titularisé bénéficiant de la garantie d’un statut approprié, et exige la titularisation de l’ensemble du personnel maintenu en situation précaire. »
La situation du personnel enseignant va de pair avec la qualité de l’enseignement
La résolution de l’IE « Pour des emplois stables sous statut et pour une éducation de qualité ! Pas de suppressions d’emplois ni de licenciements de personnels de l’éducation ! », adoptée au 6e Congrès mondial de l’IE, réuni en juillet 2011, déplore que des millions d’enseignant(e)s dans le monde ne bénéficient d’aucune sécurité d’emploi.
Elle souligne que cette situation va à l’encontre de la Recommandation de l’OIT/UNESCO de 1966 stipulant que « la stabilité professionnelle et la sécurité de l’emploi sont indispensables, aussi bien dans l’intérêt de l’enseignement que dans celui de l’enseignant et elles devraient être garanties même lorsque des changements sont apportés à l’organisation de l’ensemble ou d’une partie du système scolaire », et qu’elle entre également en opposition avec la Recommandation de 1997 sur la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur stipulant que: « La sécurité de l’emploi dans la profession, y compris le régime de la permanence lorsqu’il existe ou le cas échéant son équivalent fonctionnel, devrait être préservée car elle est essentielle tant pour l’enseignement supérieur que pour son personnel enseignant. »