Devant l’absence de réponse gouvernementale aux propositions et revendications portées par les organisations syndicales pour défendre et améliorer les conditions de vie et de travail des travailleur·euse·s du public, une intersyndicale appelle les agent·e·s de la Fonction publique – y compris dans l’éducation – à une journée d’action, de rassemblements, de manifestations et de grève sur l’ensemble du territoire français le 5 décembre 2024.
Cet appel a été effectué via un communiqué par une intersyndicale Fonction publique, composée des organisations syndicales suivantes : Confédération Générale du Travail (CGT), Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT), Union Nationale des Syndicats Autonomes (UNSA), Fédération Syndicale Unitaire (FSU), Solidaires, Confédération Française de l’Encadrement-Confédération Générale des Cadres (CFE-CGC) et Fédération Autonome de la Fonction Publique (FA-FP).
SNES-FSU : le mépris, ça suffit
Le Syndicat National des Enseignements de Second Degré-FSU, organisation membre de l’Internationale de l’Éducation a indiqué : « Salaires, jours de carence, indemnisation des arrêts maladie, conditions de travail…la grève du 5 décembre doit être massive pour s’ancrer dans la durée. Le mépris, ça suffit ! »
Il a aussi estimé que « le gouvernement appauvrit les fonctionnaires par des mesures punitives. Tout cela accompagné d’une bonne dose de mépris, à l’image des propos de Guillaume Kasbarian, ministre de la Fonction publique, qui multiplie les contrevérités et le fonctionnaire bashing : non, les personnels de l’Education nationale ne sont pas ‘absentéistes’ ! Et n’en déplaise à Nicolas Sarkozy, ils ont même une charge de travail particulièrement lourde : selon une enquête du ministère, la moitié des enseignants et enseignantes travaillent plus de 43h par semaine. »
Selon le syndicat, « l’École publique est à un point de bascule, asphyxiée par un manque de moyens, dénaturée par un empilement de réformes avec des personnels mal payés et méprisés qui font tenir à bout de bras un service public de l’Éducation exsangue. L’heure est à la construction d’une riposte à la hauteur des attaques contre nos salaires, nos métiers et notre modèle social ! Une journée ne suffira pas pour gagner. Il nous faut donc construire une grande mobilisation à partir de début décembre qui pourra s’inscrire dans la durée, donc sur plusieurs jours. Cela sera possible si la grève est massive le 5 décembre.»
De plus, il a indiqué avoir réactivé son fond de solidarité de type caisse de grève pour soutenir les collègues en difficulté financière, et partagé une boîte à outils pour se joindre à l’action.
UNSA-Éducation : défendre les agents publics injustement attaqués par le gouvernement
Également affilié à l’Internationale de l’Éducation, l’UNSA-Éducation a relayé l’appel de l’UNSA Fonction Publique, rappelant que cette journée de mobilisation vise à « défendre les agents publics injustement attaqués par le gouvernement, leur employeur ».
Il a également ajouté que l’UNSA Fonction Publique exige une augmentation des rémunérations doit tenir compte de la hausse de l’inflation depuis 2021, et souhaite une ouverture de négociations pour améliorer les carrières et les rémunérations.
SNUipp-FSU : appel à la révision du projet de budget national pour 2025
De son côté, le Syndicat National Unitaire des Instituteurs, Professeurs des Écoles et PEGC-FSU (SNUipp-FSU), autre organisation membre de l’Internationale de l’Éducation, appelle à se mettre massivement en grève et à construire les suites de la mobilisation afin d’exiger un autre budget.
Insistant sur le fait que « les raisons de la colère sont multiples pour les personnels », il a noté que « le projet de budget 2025 fait le choix de l’austérité brutale. Alors que l’École est déjà à l’os, cette annonce, qui sonne comme un véritable sabordage de l’école publique, va se traduire dans les départements par des mesures de cartes scolaires terribles dès le mois de janvier. L'année dernière les 650 suppressions de postes avaient entraîné 1.700 fermetures de classes selon le ministère. Combien de classes seront fermées à la rentrée 2025 avec 3.155 suppressions ? »
Il a aussi souligné qu’« alors que les effectifs d’élèves baissent et que l’école est en grande souffrance, le gouvernement fait le choix politique de ne pas améliorer le taux d’encadrement. Un choix assumé qui aboutira à une nouvelle détérioration des conditions de travail des personnels et d’apprentissage des élèves. Une provocation de plus pour une école censée être ‘la priorité’ du Président. »
Le syndicat a par ailleurs rappelé pour le dénoncer le discours public de Nicolas Sarkozy, ancien président de la république, il y a quelques semaines s’exprimant sur la charge de travail des enseignants et enseignantes: ‘C’est 24 heures par semaine, six mois de l’année. Entre les vacances et les week-ends… Alors, je sais bien, il faut préparer les cours. Maternelle, grande section…’ »
Le SNUipp a en effet expliqué que « cet ex-président ment sciemment : la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEEP) évalue le temps de travail enseignant à 43H/semaine en moyenne. Le peu, pour ne pas dire l’absence, de réaction forte du ministère en dit long sur le soutien de notre hiérarchie face à un ‘prof-bashing’ aussi mensonger qu’inacceptable. »
« Face à tout ça, la colère des personnels est légitime ! Le choix de l’austérité budgétaire va à l’encontre des intérêts de l’école, des personnels ainsi que des élèves, et plus généralement de tous les services publics », a conclu le syndicat.
Revendications syndicales
Dans leur communiqué, les organisations syndicales reconnaissent que, suite à leur audience du 7 novembre, elles ont obtenu du ministre de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l’action publique Guillaume Kasbarian l’abandon de la suppression des catégories C, B et A de la fonction publique – élément structurant des carrières des 5,7 millions d’agents publics, le système de catégories classe les fonctionnaires selon leur niveau de diplôme –, envisagée au titre du projet de loi dit « Guerini ». Le ministre s’est aussi engagé à rediscuter de son projet « d’agenda social ».
Néanmoins, elles appellent à une première journée de mobilisation pour que le ministre renonce :
- Aux trois jours de carence dans la fonction publique,
- À la diminution de l’indemnisation des jours d’arrêt maladie, et
- Au non-versement de l’indemnité de garantie individuelle du pouvoir d'achat (Gipa), versée si l'évolution du traitement brut indiciaire est inférieure sur 4 ans à celle de l'indice des prix à la consommation.
Dans le même temps, elles invitent les agent·e·s de la fonction publique, fonctionnaires et contractuel·le·s, à se mobiliser pour notamment :
- Des moyens budgétaires à la hauteur des missions des services et des politiques publiques,
- Des créations d’emplois partout où c’est nécessaire et l’accès à l’emploi titulaire des agents contractuels,
- L’augmentation de la valeur du point d’indice au titre de l’année 2024 et des années suivantes et des mesures salariales générales,
- La refonte des grilles indiciaires,
- L’égalité salariale et professionnelle entre les femmes et les hommes, et
- L’abandon des orientations du projet de loi dit « Guerini ». Ce dernier estime que « les catégories enferment souvent les agents publics, [en créant] des plafonds de verre qu’il est très difficile de casser ». Les organisations syndicales ont convenu de se revoir après cette journée de mobilisation et de grève pour décider de la suite des actions à mener.
L’Internationale de l’Éducation soutient leur action, et demande au gouvernement français, en accord avec la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! », de financer intégralement un système d’enseignement public inclusif de qualité, et de cesser les coupes budgétaires, l'austérité et la privatisation dans le secteur de l’éducation.