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Lutter contre le changement climatique et faire progresser la justice environnementale pour nos élèves et nos communautés les plus vulnérables

Résolution du 10e Congrès mondial

Publié 2 août 2024 Mis à jour 16 octobre 2024
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Le 10e Congrès mondial de l'Internationale de l'Education, réuni à Buenos Aires, en Argentine, du 29 juillet au 2 août 2024 :

  1. Rappelle le rôle important que l'IE a joué dans le plaidoyer en faveur de solutions climatiques. Les 7e et 8e congrès mondiaux de l'IE, qui se sont tenus respectivement en juillet 2015 et en juillet 2019, ont adopté les résolutions suivantes :
  1. L’éducation et la recherche jouent un rôle crucial pour l’environnement et pour l’avenir de l’humanité ;
  2. Défendons l’éducation, soutenons le monde ;
  3. Préparation et intervention en cas de catastrophe ; et
  4. Education au développement durable.

Le 10e Congrès mondial reconnaît que :

  1. Le climat de la terre est en danger et, en tant que citoyens et citoyennes, nous devons aux générations futures de protéger notre planète et de contribuer à construire un avenir durable et résilient pour toutes et tous. Les recherches ont montré que les températures mondiales ont augmenté d'au moins 1 à 1,12 % par rapport à la moyenne préindustrielle, et qu'elles devraient atteindre ou dépasser le seuil critique de 1,5°C d'ici à 2035.
  2. L'urgence climatique mondiale qui nous affecte est le résultat de l'activité humaine associée à un modèle socialement injuste et écologiquement insoutenable. Ce modèle, basé sur l'extractivisme, la production et la consommation, accélère la destruction de la biosphère, accroît les inégalités sociales et compromet la vie des générations futures.
  3. Les conséquences négatives du changement climatique ont un impact croissant sur l'environnement et sur la vie des élèves et des éducateurs et éducatrices.
  4. Bien que les jeunes soient les moins responsables de ses conséquences, le changement climatique aura un impact significatif sur leur santé, leur bien-être, leur apprentissage, leur sécurité et leurs perspectives économiques.
  5. Les populations autochtones, les communautés de couleur, les communautés urbaines et rurales sous-équipées, les filles et les femmes, ainsi que les personnes handicapées sont les plus touchées par ces effets négatifs du climat et souffrent de manière disproportionnée de la pénurie d'eau, des tempêtes extrêmes, de la chaleur record et d'autres problèmes encore.
  6. Tous les pays subissent les effets négatifs du réchauffement climatique ; toutefois, les pays africains, les pays du Moyen-Orient, l'Asie du Sud-Est et les petites nations insulaires du monde entier sont les plus menacés par les effets dévastateurs du climat. Les Caraïbes ont été particulièrement touchées, car la région a connu un réchauffement progressif au fil du temps, avec des modifications de la fréquence, de la durée et de l'intensité des précipitations, ainsi qu'une augmentation des tempêtes tropicales et des ouragans et des concentrations plus élevées de polluants atmosphériques provenant d'autres parties du monde. La moyenne estimée des dommages causés par les catastrophes, rapportée au PIB, était six fois plus élevée pour les pays des Caraïbes que pour les grands Etats, ce qui rend la région disproportionnellement plus vulnérable, bien que les émissions de gaz à effet de serre de ces pays soient minimes. La région a connu 175 catastrophes rien qu'entre 2020 et 2022, et l'impact de ces changements climatiques a augmenté l'insécurité alimentaire de 15 à 20%.
  7. Les facteurs de pression sur l’environnement causés par le changement climatique ne feront qu'accroître l'insécurité alimentaire et diminuer la souveraineté alimentaire, et auront un impact négatif sur les groupes les plus vulnérables de la société.
  8. Toute action ou solution relative au climatique doit donner la priorité aux communautés les plus touchées, les valoriser et les impliquer pour faire progresser l'équité et la justice environnementale. Compte tenu de leur expérience des impacts du changement climatique et de l'injustice environnementale, ces communautés ont une vision cruciale des solutions climatiques et doivent être à la tête des actions climatiques, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des bâtiments scolaires et des sites de travail.
  9. Chaque élève, chaque famille et chaque éducateur et éducatrice mérite de vivre dans des communautés sûres, résilientes, saines et durables.
  10. Chaque élève et chaque éducateur et éducatrice mérite des conditions d'apprentissage et de travail qui ne nuisent pas à leur santé ou à leur capacité d'enseigner et d'apprendre.
  11. Toutes les personnes et toutes les communautés - y compris les communautés autochtones, les communautés de couleur et les communautés aux ressources limitées - ont droit à une protection et à une application égales des lois et des réglementations environnementales et ont le droit de ne pas subir d'injustice environnementale.
  12. Le changement climatique a des répercussions majeures sur l'éducation : il perturbe l'apprentissage de plus de 40 millions d'enfants par an. Cependant, les solutions climatiques à grande échelle négligent souvent le rôle que l'éducation peut jouer. Les éducateurs et éducatrices et le secteur de l'éducation peuvent agir davantage pour faire avancer les solutions climatiques en préparant les étudiantes et étudiants à un avenir durable, en luttant pour des solutions au changement climatique et la sécurité environnementale, et en investissant dans des infrastructures scolaires sûres et durables pour tous et toutes les élèves en veillant au coût énergétique et environnemental.

Le 10e Congrès mondial demande à l'IE et à ses organisations membres :

  1. D’affirmer leur soutien :
  1. à l’amélioration de la justice climatique et environnementale pour tous et toutes, en particulier pour les communautés les plus touchées par les conséquences négatives du changement climatique, notamment les communautés autochtones, les communautés de couleur, les filles et les femmes, les personnes porteuses de handicap, ainsi que les communautés urbaines et rurales disposant de peu de ressources ;
  2. au droit de chaque élève et de chaque éducateur et éducatrice à un air et à une eau propres ;
  3. au fait qu’un accès à l'air et à l'eau propres est nécessaire ;
  4. aux droits des peuples autochtones et de leurs terres ;
  5. au développement et à l'utilisation des énergies renouvelables dans les communautés scolaires ; et
  6. À un effort mondial de réduction des émissions de gaz à effet de serre conformément à l'accord de Paris (COP21).
  1. De faire pression sur les décideurs et décideuses politiques et les responsables de l'éducation pour qu'ils et elles:
  1. reconnaissent les inégalités environnementales existantes dans nos écoles et nos communautés qui affectent la capacité des élèves à apprendre et mettent ces élèves et ces communautés au centre des solutions politiques ;
  2. financent des initiatives d'éducation écologique afin de sensibiliser les enfants et les jeunes et de promouvoir des mesures de résilience ;
  3. s'associent à des organisations internationales pour promouvoir des campagnes d'éducation à l'écologie ;
  4. combattent toute tentative d'introduire dans l'éducation des visions simplistes, opportunistes ou exploitantes de la réalité, qui peuvent souvent dissimuler des intérêts corporatistes ou détourner la justice climatique vers des solutions individuelles ;
  5. donnent la priorité aux communautés défavorisées et aux communautés de couleur dans les investissements dans les infrastructures scolaires afin de construire des bâtiments et des terrains scolaires durables ;
  6. éduisent l'empreinte environnementale et les émissions de gaz à effet de serre des écoles ;
  7. améliorent la qualité de l'air et de l'eau au sein des écoles et les communautés environnantes ;
  8. cessent d'utiliser les combustibles fossiles, utilisent les sources d'énergie renouvelables et s'orientent vers des économies à zéro émission de carbone ;
  9. soutiennent une utilisation saine et durable des denrées alimentaires ;
  10. aident les écoles à s'adapter et à renforcer leur résilience face à l'évolution du climat ;
  11. veillent à ce que les nouvelles infrastructures scolaires soient construites de manière durable et conçues de manière à résister aux effets du climat ;
  12. veillent à ce que les écoles existantes soient modernisées pour résister aux effets du climat (inondations, chaleur extrême, etc.), en particulier dans les zones où la vulnérabilité climatique est élevée ;
  13. mettent en place des systèmes garantissant que les élèves sont correctement préparé·e·s aux emplois verts de l'avenir ;
  14. aident les éducateurs et éducatrices à inciter les élèves à s'informer sur le changement climatique, ses causes, ses conséquences et ses solutions, afin d'offrir à tous et toutes une éducation de qualité au changement climatique ;
  15. veillent à ce que les voix des communautés les plus touchées par le changement climatique soient prises en compte dans la prise de décision et souligner l'importance des systèmes de connaissances autochtones ;
  16. assurent une transition équitable dans l'éducation en préservant la santé, la sécurité et le bien-être des éducateurs et éducatrices au travail et en renforçant la protection sociale ;
  17. fassent campagne contre les approches conservatrices et néolibérales des politiques relatives au changement climatique qui exacerberaient la dépendance à l'égard de la dette et l'insécurité alimentaire dans les régions qui en ont besoin, afin d'augmenter le nombre d'enfants qui peuvent avoir accès à des possibilités d'éducation ;
  18. soutiennent la recherche sur les évaluations de l'impact du changement climatique sur les syndicats de l'éducation et leurs membres dans les régions qui en ont besoin ; et
  19. collaborent avec les syndicats de l'éducation lors de l'élaboration de politiques visant à faire progresser la justice climatique et environnementale dans l'éducation.
  1. De défendre et exercer le pouvoir syndical pour faire progresser la justice climatique et environnementale au sein de ses propres membres ;
  2. D’appeler à une transition juste dans le secteur de l'éducation et prendre en compte l'impact du changement climatique sur les travailleuses et travailleurs de l'éducation lors des négociations collectives et du dialogue social ;
  3. De promouvoir le désinvestissement des combustibles fossiles par les syndicats, les fonds de pension des éducateurs et éducatrices et les établissements d'enseignement ;
  4. De promouvoir des opérations vertes et durables sur le plan environnemental et des programmes de résilience climatique ;
  5. D’aider les autres organisations membres à reproduire les meilleures pratiques à un niveau systémique ;
  6. D’encourager les agences des Nations Unies, les gouvernements et les partenaires stratégiques à collaborer avec les syndicats de l'éducation afin d'identifier ou de développer des programmes complets visant à soutenir l'avancement de la justice climatique et environnementale dans le contexte des communautés entourant les écoles ; et
  7. De diffuser le « Manifeste de l’Internationale de l'Education pour une éducation de qualité au changement climatique pour tou·te·s » afin de promouvoir une éducation de qualité au changement climatique.