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Bénin : les élections professionnelles, espoir d’un réel dialogue social dans le secteur de l'éducation

Publié 15 avril 2024 Mis à jour 31 mai 2024
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L’Internationale de l’Éducation a salué la tenue des élections professionnelles dans le secteur de l'éducation au Bénin, tenues du 29 mars au 1er avril et organisées par le ministère des Enseignements Maternel et Primaire (MEMP). Ce scrutin marque une étape cruciale pour le dialogue social et la représentativité des syndicats d’enseignant∙e∙s.

Une forte participation

Le processus électoral a exigé une représentativité minimale de 20 % des voix pour chaque secteur afin que les syndicats puissent être officiellement reconnus. Le vote électronique, utilisé pour la première fois dans ce contexte, a permis aux enseignant∙e∙s de participer via une plateforme sécurisée. Des défis techniques et des doutes sur la régularité du vote ont toutefois été relevés.

Gaétan Kponoukon, secrétaire général du Syndicat National des Enseignants des Écoles Maternelles du Bénin (SYNAEM-Bénin), a quant à lui salué la mobilisation des enseignants : « C'est l'union qui fait la force. Nous sommes engagés à défendre les intérêts de tous les enseignants, notamment ceux de la maternelle. »

Un dialogue social renforcé

Le gouvernement béninois a ainsi exprimé son désir de renouer le dialogue social, crucial pour les relations professionnelles dans le secteur de l'éducation, et de s’entourer d’interlocuteurs forts. Il a distribué des clés numériques et mots de passe aux syndicats pour accéder aux résultats en ligne. Si ce geste a visé à renforcer la confiance et le dialogue social, il est à noter que le gouvernement n'a pas suffisamment communiqué sur ces élections, poussant les syndicats à utiliser les réseaux sociaux pour informer leurs membres.

Les élections professionnelles sectorielles sont vitales pour déterminer les syndicats représentatifs qui siègeront au sein de la Commission Administrative Paritaire (CAP). Cette commission joue un rôle clé dans les décisions concernant le recrutement, les mutations, les carrières des enseignants, ainsi que les mesures disciplinaires – allant jusqu’à la radiation.

Un enjeu de représentativité

Le pluralisme syndical au Bénin, avec 155 syndicats dans l'enseignement maternel et primaire, 55 dans le secondaire et 4 dans le supérieur, rend le dialogue social complexe. Le gouvernement a créé par décret en 2019 la Commission Administrative Paritaire pour faciliter ce dialogue, et le mandat de ces commissions était arrivé à terme.

Ces élections visent à identifier les syndicats représentatifs pour renouveler les mandats et relancer le dialogue social par secteur. Les syndicats doivent désormais travailler ensemble pour améliorer les conditions de travail des enseignant∙e∙s et défendre leurs droits, y compris le droit de grève, limité à 10 jours par an au Bénin.

La victoire de l'Alliance "Aube Nouvelle"

L'alliance "Aube Nouvelle", composée de plusieurs syndicats de base tels que le SYNAEM-Bénin, le Syndicat National de l'Enseignement Primaire Public du Bénin (SNEP-Bénin) et le Syndicat National des Professeurs des Lycées et Collèges (SYNAPROLYC) – trois organisations membres de l’Internationale de l’Éducation – a remporté une victoire significative avec 45,12 % des voix, obtenant ainsi une majorité des sièges au sein de la CAP/MEMP.

Dans le secondaire, le SYNAPROLYC, affilié à l'Internationale de l’Éducation, est donc représentatif et participera au dialogue social pendant 5 ans.

M. Kponoukon a remercié les enseignants pour leur soutien massif : « Nous avons pris des engagements et nous comptons les tenir. Vous allez nous juger à la fin de notre mandat et voir les effets positifs dès que nous aurons la voix au chapitre au niveau de la CAP. »

Une vigilance syndicale accrue post-élections

Rodrigue Djidohokpin, secrétaire général du Syndicat National des Professeurs des Enseignements Secondaires (SYNAPES), a quant à lui émis quelques réserves concernant le vote électronique. Il a affirmé : « Nous avons réclamé ces élections professionnelles et bien que des irrégularités aient été constatées, le processus représente une étape nécessaire pour assurer une représentativité adéquate des syndicats. »

M. Djidohokpin a également souligné l'importance d'un vote transparent et crédible pour l'acceptation des résultats par tous les acteurs concernés : « Il est essentiel de s'assurer que les élections soient perçues comme justes et équitables par tous les participants. »

Les élections professionnelles dans le secteur de l'éducation au Bénin ont donc marqué une étape importante pour le syndicalisme. Les regards sont désormais tournés vers les actions futures des nouveaux∙elles représentant∙e∙s des enseignant∙e∙s au sein de la Commission Administrative Paritaire. Le dialogue social, la transparence et l'engagement envers les travailleurs sont au cœur des préoccupations pour les années à venir.

Vous pouvez écouter l’émission de radio Educ’Action qui s’intéressait aux élections professionnelles pour les enseignant∙e∙s de la maternelle et du primaire au Bénin ici.