Ei-iE

Sierra Leone : les enseignant·e·s se mobilisent pour revaloriser la profession par le biais de la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! »

Publié 18 mars 2024 Mis à jour 21 mars 2024
Abonnez-vous à nos newsletters

Le syndicat des enseignant·e·s du Sierra Leone (Sierra Leone Teachers Union - SLTU) s'est donné pour mission de transformer le panorama de l'éducation dans son pays. Au cours de la réunion de planification nationale pour la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! » qui s'est tenue récemment sur deux journées, les dirigeants du SLTU ont embrassé une vision commune : améliorer le statut des enseignant·e·s et garantir de meilleures conditions de travail.

Manque de reconnaissance, rémunération insuffisante, mais de l'espoir toujours

« Nous manquons de reconnaissance, nous sommes sous-payés et nous ne sommes pas considérés à notre juste valeur », ont déclaré les membres du SLTU lors du rassemblement des 12 et 13 mars, tout en affirmant leur volonté d'apporter des changements qui se répercuteront au sein des classes et des communautés.

Priorité aux enseignant·e·s : un impératif absolu

L'amélioration des salaires et des conditions de travail des enseignant·e·s est au cœur de l'action du SLTU. Le Sierra Leone compte environ 82.000 enseignant·e·s, mais seulement deux tiers d'entre eux sont diplômé·e·s. Environ 20.000 enseignant·e·s diplômé·e·s restent inexploité·e·s, ce qui aggrave la pénurie d'enseignant·e·s.

Teresa Agnes Saccoh, vice-présidente de la région occidentale pour le syndicat enseignant du Sierra Leone, a clairement exprimé ses revendications : « Pour une éducation de qualité, le gouvernement doit investir dans les enseignants, en particulier dans les enseignants professionnels. La campagne ‘La force du public : ensemble on fait école !’ est tout à fait pertinente pour le Sierra Leone car elle s'attaque à la pénurie d'enseignants. »

Sensibilisation, plaidoyer et action

Au cours des deux jours de réunion, le SLTU a défini une stratégie pour avancer :

  1. Sensibiliser à la cause – La première étape consiste à diffuser les recommandations du Groupe de haut niveau des Nations unies sur la profession enseignante. Ces propositions sont capitales pour mettre fin à la pénurie d'enseignant·e·s.
  2. Engagement au niveau des districts – Les dirigeant·e·s du SLTU s'engageront auprès des représentants de district dans les quatre régions du pays. Ces dialogues au niveau local renforceront la capacité du syndicat à mener le changement.
  3. Alliés et parties prenantes – Les efforts de collaboration s'étendent au-delà des murs du syndicat. Le SLTU prévoit d'organiser des réunions avec des alliés et des parties prenantes, afin de créer un front uni en faveur de l'éducation publique.
  4. Plaidoyer parlementaire – La commission parlementaire dédiée à l'éducation sera un partenaire crucial. Le SLTU a pour objectif de faire entendre davantage sa voix et de garantir un changement des politiques.

Parité salariale et mesures incitatives : un pas en avant

Au Sierra Leone, les salaires inadéquats et les conditions de travail difficiles alimentent la pénurie d'enseignant·e·s. Le SLTU adhère aux recommandations des Nations Unies, en particulier celles qui préconisent :

  • La parité salariale : les salaires et les avantages des enseignant·e·s doivent être alignés sur ceux des professions exigeant des qualifications similaires (Recommandation 36).
  • Des mesures incitatives pour les zones rurales et les environnements difficiles : des primes et des incitations supplémentaires doivent être accordées aux enseignant·e·s expérimenté·e·s disposé·e·s à travailler dans des zones reculées (Recommandation 11).
  • Suppression progressive des enseignant·e·s contractuel·le·s : Les gouvernements doivent prendre des mesures rapides pour remplacer les enseignant·e·s contractuel·le·s par du personnel qualifié (Recommandation 19).
  • La recommandation 55 fait également écho aux demandes de membres au Sierra Leone. Les institutions financières internationales doivent mettre fin à toutes les contraintes liées à la masse salariale du secteur public et aux mesures d'austérité qui ont un impact sur les dépenses d'éducation, en particulier sur le recrutement des enseignant·e·s, leur maintien à leur poste et leurs salaires. Cette recommandation est particulièrement importante au Sierra Leone, un pays qui a été soumis aux conditions du Fonds monétaire international sur les budgets nationaux, dont des contraintes salariales.

La force du public : ensemble on fait école !

La campagne de l'IE « La force du public : ensemble on fait école ! » est un appel urgent aux gouvernements afin que ceux-ci investissent dans l’enseignement public, un droit humain fondamental et un bien public, et consacrent davantage de ressources aux enseignant·e·s, l'élément clé pour obtenir un enseignement de qualité. Les syndicalistes de l'éducation du monde entier se rallient à cet appel, apportent la campagne dans leur pays et plaident en faveur d'un enseignement public, de qualité, équitable, pour tou·te·s.