En 2018, le Parlement norvégien a créé la Commission « Vérité et réconciliation », chargée d’examiner les politiques et activités historiques vis-à-vis des peuples autochtones, ainsi que les tentatives d’assimilation. Le 1er juin 2023, au terme de cinq années de travail, cette commission a présenté un rapport (en norvégien) basé sur des entretiens avec plus de 700 personnes, montrant très clairement que les blessures ne sont toujours pas cicatrisées.
À travers leurs témoignages, les personnes interrogées, à titre personnel ou en petits groupes, ont fait part de leurs sentiments et expériences face à la politique de « norvégianisation » et à l’injustice qui en a résulté. Les problématiques les plus fréquemment liées à la norvégianisation sont la langue, la discrimination, la scolarisation et l’identité. Le système scolaire norvégien a, hélas, joué un rôle important dans les tentatives de l’État d’assimiler les peuples Samis et d’autres minorités nationales telles que les Kvènes et les Skogfinns (Finlandais·es des forêts).
À l’occasion d’une audition du Parlement et d’une conférence sur l’éducation organisée par le Parlement sami, l’ Union of Education Norway a exprimé ses préoccupations concernant cet épisode douloureux de l’histoire et a souligné la nécessité de se tourner vers l’avenir, de réparer ce qui peut l’être et, plus important encore, de faire en sorte que cela ne se reproduise plus jamais.
C’est en ces termes que Steffen Handal, président de l’ Union of Education Norway, a entamé son discours au Parlement en mars dernier :
Mi-juin, le Parlement sami a invité l’UEN à participer à une conférence organisée dans le nord de la Norvège pour discuter de la situation actuelle des écoles et de l’éducation samies. Une chose est certaine : il manque toujours des personnels enseignants samis et les élèves sami·e·s ne se voient toujours pas offrir la formation culturelle et linguistique qui leur est reconnue comme droit en vertu de la Constitution norvégienne et de la Convention relative aux droits de l’enfant (article 29). Thom Jambak, membre du conseil de direction de l’UEN a déclaré :
Afin de renforcer les droits des enfants et élèves sami·e·s, l’UEN propose, entre autres, les initiatives suivantes :
- Droit individuel de s’inscrire dans un jardin d’enfants ou un établissement de langue samie.
- Droit statutaire à un encadrement pédagogique dans les trois langues samies.
- Droit à la formation dans un environnement de langue samie.
- Inclusion de la langue samie dans les programmes de formation du personnel enseignant norvégien.
- Programme de bourses de doctorat en langue et culture samies.
Le 30 août 2023, le comité consultatif sami du syndicat organisera le séminaire « Norvégianisation et réconciliation dans l’éducation de la petite enfance et les établissements scolaires »(en norvégien). Ce séminaire fera le point sur la situation actuelle et les perspectives pour l’avenir. Dans quelle mesure les droits des enfants sami·e·s sont-ils protégés dans les écoles et les établissements d’éducation de la petite enfance (par exemple, en ce qui concerne l’enseignement et les outils pédagogiques en langue samie) ? Est-ce que l’ensemble des enfants des écoles et des établissements d’éducation de la petite enfance apprennent les langues, l’histoire et la culture samies conformément au Plan-cadre relatif au contenu et aux tâches des écoles maternelles et aux programmes d’études des écoles ? Que faut-il faire pour préserver ces droits et ces objectifs d’apprentissage ?
L’UEN insiste sur le fait que, dans la mesure où les écoles ont été le terrain de la norvégianisation, elles doivent également devenir des lieux de réparation. Pour l’ Union of Education Norway, il importe de contribuer à faire de l’école un espace de revitalisation de la langue des peuples autochtones et du mode de vie et des traditions du peuple sami.
Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.