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Credits: Isopix.be/AP Photo/Felipe Dana
Credits: Isopix.be/AP Photo/Felipe Dana

Irak : le gouvernement doit revoir les questions de l’examen national

Publié 20 avril 2023 Mis à jour 27 avril 2023
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Le président du Kurdistan Teachers’ Union (KTU), Abdalwahed Mohammad Haje, demande instamment aux autorités publiques de modifier le format et les questions de l’examen de baccalauréat préparatoire donnant accès aux études supérieures, afin d’éviter les tricheries et de garantir une plus grande équité entre les élèves.

« De nombreux problèmes ont vu le jour à la suite des examens ministériels appliqués en 12e année (fin de l’enseignement secondaire) dans tous les pays, certains d’entre eux ayant pris des mesures drastiques pour faire en sorte qu’ils soient réussis », a déclaré Haje.

Le président du KTU Abdalwahed Mohammad Haje

Selon lui, il existe de nombreux moyens, parfois surprenants, de tricher à ces examens et il estime important de souligner que la majorité des pays abandonnent les examens du ministère pour se contenter de faire passer des tests réguliers aux élèves, laissant ainsi le soin aux établissements d’enseignement supérieur et aux universités de résoudre le problème.

Cette question, a-t-il expliqué, se retrouve donc entre les mains des collègues et des universités, étant donné que, à l’avenir, les élèves seront admis·es uniquement sur la base de leurs compétences et de leurs aptitudes et non plus en fonction de leurs qualifications comme c’est le cas aujourd’hui. « Il existe de nombreux groupes et organisations actifs dans d’autres pays ayant la possibilité de décerner des diplômes aux élèves qui poursuivent simplement leurs études au mieux de leurs capacités », a-t-il souligné.

Pour lui, il est essentiel de se rappeler que les examens en Irak en général, et dans la région du Kurdistan en particulier, posent toute une série de problèmes, allant de la tricherie aux failles dans la rédaction des questions.

Tout en reconnaissant que les examens se sont mieux déroulés cette année que par le passé, Haje a également souligné que plusieurs questions fondamentales devaient encore être réglées en ce qui concerne la procédure d’examen, par exemple :

  1. La procédure actuelle est inacceptable car elle produit un grand nombre de diplômé·e·s dont le marché du travail n’a pas besoin. « Personne ne les embauchera, et cette question importante ne pourra être résolue qu’avec le temps », a-t-il averti.
  2. Il a ajouté : « Le fait de ne poser qu’un seul type de question à l’ensemble des élèves est inéquitable car leurs niveaux de compréhension et d’intelligence ne sont pas les mêmes. Raison pour laquelle il importe de tenir compte de leurs aptitudes. »
  3. Quelle que soit la place laissée à la science ou à l’expertise, l’ensemble du processus est conçu de manière à produire des examens satisfaisants et des notes élevées.
  4. Pour Haje, « cette procédure d’examen est une forme de marketing », encourageant la mise sur le marché de nombreux outils de tricherie, l’enrichissement de nombreux établissements et professeur·e·s privés et la publication d’innombrables manuels.
  5. En raison de la commercialisation du processus et de l’exacerbation du problème, les familles des élèves de 12e année se retrouvent dans une situation difficile, ayant à trouver les moyens financiers nécessaires pour assurer la réussite de leurs enfants.

Le dirigeant du KTU a ajouté : « Nous devons avoir conscience que la technologie a évolué et que l’éventail de ses applications est aujourd’hui très large. Nous devons garder à l’esprit que les moyens de frauder ne cesseront de se diversifier et nous devons donc envisager le plus rapidement possible un ensemble de stratégies pour lutter contre ces différentes formes de tricherie. »

Le KTU se dit également favorable à l’inclusion de questions à choix multiples, de définitions et d’exercices de rédaction et de vocabulaire dans les examens nationaux, convaincu qu’il s’agit de « la méthode la plus efficace pour poser les questions, compte tenu des niveaux de connaissance différents entre élèves ».

Il a ensuite rappelé quelques conclusions des études scientifiques menées dans ce domaine :

  1. La majorité des élèves (65 %) préfèrent l’apprentissage visuel et les questions accompagnées de dessins, photos, cartes ou tableaux, ainsi que celles concernant l’histoire.
  2. Plus d’un tiers (35 %) aiment apprendre en écoutant et apprécient à la fois les examens écrits et oraux.
  3. 10 % des élèves se tournent vers une approche kinesthésique leur permettant d’apprendre comment les mouvements du corps peuvent contribuer à leur apprentissage.

Les questions se présentant sous la forme de courtes définitions, de tâches à accomplir ou de choix multiples sont également fort appréciées. Ces méthodes se veulent à la fois équitables pour les élèves scientifiques et les élèves littéraires.

« Nous espérons que nos recommandations seront bien accueillies, afin que nous puissions améliorer le processus éducatif et, bien entendu, identifier et corriger les failles dans ce domaine », a conclu Haje.