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Chris Beckett / Flickr
Chris Beckett / Flickr

Le mouvement étudiant mondial revendique un système fiscal juste en faveur de l’éducation !

Publié 18 avril 2023 Mis à jour 9 mai 2023
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Depuis des décennies le mouvement étudiant exige une éducation publique gratuite de qualité et universelle ; et pourtant, les activistes ont souvent vu leurs exigences négligées par les responsables politiques, qui se cachent derrière l’excuse d’un budget insuffisant.

Au cours des mois de février et mars 2023, le mouvement étudiant international, rassemblé sous la bannière du Forum mondial des étudiants (GSF - Global Student Forum), a conjugué ses efforts avec Action Aid et la TaxEd Alliance afin de pouvoir mettre en place, sur trois séances, un stage de renforcement des capacités, portant principalement sur le besoin d’obtenir la justice fiscale afin d’améliorer le financement de l’éducation.

Les séances de formation sous la houlette du GSF avaient pour but de renforcer les capacités des activistes quant aux fondamentaux de la justice fiscale, afin qu’ils ou elles puissent identifier et analyser les obstacles que leur pays respectif doit surmonter sur la voie d’un financement plus équitable et plus efficace de l’éducation. Tout au long de ces séances, les activistes ont mené une réflexion sur leur expérience dans leur région du monde et mis en place un groupes de travail chargé de consolider un programme commun pour le mouvement étudiant mondial, dans ses efforts pour militer en faveur de la justice fiscale. Voici les principales idées à retenir parmi celles exprimées par les représentantes et représentants des étudiants.

Renforcer le public

La possibilité d’atteindre tous les Objectifs de développement durable (ODD) dépend de la capacité qu’auront nos gouvernements respectifs à fournir des services publics essentiels, par exemple dans le domaine de la santé et de l’éducation, afin de soutenir les droits humains, de réduire les inégalités et d’offrir aux citoyens et aux citoyennes la possibilité de participer à la gouvernance démocratique et de la défendre.

L’ODD4, portant sur la qualité de l’éducation, ne pourra pas être atteint d’ici à 2030 sans un accroissement budgétaire significatif et bien ciblé, en particulier dans les pays aujourd’hui les plus éloignés d’une éducation de qualité à tous les niveaux. Les investissements nécessaires ne sont possibles que si les gouvernements réussissent à rendre disponibles des fonds publics dans chaque pays et à renforcer leur système d’éducation publique. Malgré cela, les gouvernements continuent à ne pas voir dans l’éducation un investissement à long terme et à la considéré comme un coût à la moindre crise.

Pourquoi l’impôt ?

La justice fiscale offre aux gouvernements la possibilité de renforcer tous les services publics, pas seulement l’éducation. C’est par la justice fiscale que le gouvernement d’un pays peut reprendre le contrôle d’un secteur de l’éducation qui a jusqu’ici été continuellement fragilisé par une tendance générale à la marchandisation.

« Les multinationales, les entreprises technologiques et le secteur privé en général sont des alliés dont l’éducation a besoin mais il semblerait que, de leur côté, ces entreprises aient depuis des décennies (volontairement) ignoré le rôle qu’elles devraient jouer. En tant qu'acteurs dans le domaine des affaires, leur rôle n’est pas de mener des campagnes philanthropiques en faveur de l’éducation mais plutôt de payer l’intégralité de leurs impôts pour soutenir l’éducation publique. »

La pandémie de Covid-19 a entraîné une augmentation considérable du nombre d’acteurs à visée lucrative dans le secteur de l’éducation et elle a exacerbé les inégalités qui existaient déjà dans le monde. L’impact de la pandémie sur les budgets de l’éducation est un problème souvent ignoré mais qui a des conséquences aux ramifications très larges. Le budget de l’éducation de nombreux pays a été réduit, la dette publique augmentée à des niveaux inquiétants et le secteur éducatif, déjà en manque de financement, a été négligé et laissé dans un état précaire. C’est précisément ce contexte d’inquiétude qui oblige le mouvement étudiant à se joindre aux appels grandissants en faveur de la justice fiscale.

Prendre le taureau par les cornes

Aujourd’hui le système fiscal mondial est fondé sur une vision du monde colonialiste, dans laquelle les ressources naturelles et financières de pays en développement sont extraites en toute impunité, pour être transformées en richesse non productive, et ceci, à un degré jamais vu auparavant.

Dans toutes les régions du monde, les mouvements étudiants ont dénoncé le rôle joué par les multinationales qui profitent de vides juridiques ou pratiquent la corruption afin de pouvoir fuir leurs obligations fiscales. Les multinationales, les entreprises technologiques et le secteur privé en général sont des alliés dont l’éducation a besoin mais il semblerait que, de leur côté, ces entreprises aient depuis des décennies (volontairement) ignoré le rôle qu’elles devraient jouer. En tant qu'acteurs dans le domaine des affaires, leur rôle n’est pas de mener des campagnes philanthropiques en faveur de l’éducation mais plutôt de payer l’intégralité de leurs impôts pour soutenir l’éducation publique. Le mouvement étudiant mondial s’oppose aux privilèges fiscaux et au traitement de faveur accordés aux grandes entreprises.

Pour atteindre la justice fiscale, il est important que tous les acteurs qui influencent les décisions financières comprennent quelles sont les conséquences de leurs actions. Le plus grand absent est à cet égard le Fonds monétaire international (FMI). Il est temps que le FMI reconnaisse les conséquences néfastes que les mesures d’austérité ont eu sur le secteur de l’enseignement depuis des décennies et que les ministres des Finances de tous les pays expriment un jugement plus indépendant vis-à-vis des recommandations du FMI et s’y opposent quand elles ne s’appuient sur aucune réalité qui les justifierait. Au lieu de persévérer dans la création de politiques purement idéologiques, le FMI doit faire évoluer sa manière de voir et soutenir le renforcement du système fiscal dans chaque pays et la mise en place de l’impôt progressif.

L’action au niveau national n’est cependant pas suffisante. À travers ses entités internationales et mondiales, le mouvement étudiant s’engage à appuyer la ratification de réformes internationales afin que puisse exister un système fiscal mondial plus juste. Cela inclut un travail au niveau planétaire face aux vides juridiques concernant les impôts, un travail qui passe par la mise en application d’une convention fiscale reconnue par les Nations Unies, des accords en faveur d’un registre mondial des actifs, la réduction des flux financiers illégaux et une action décisive contre les paradis fiscaux.

Le mouvement étudiant soutient l’idée qu’il est l’heure de faire de la justice fiscale une priorité politique et appelle tous les activistes dans le domaine de l’éducation à inclure les questions fiscales dans leur agenda si ce n’est déjà fait. Augmenter le budget disponible pour investir dans l’éducation est la première de bien des étapes pour pouvoir arriver à une éducation universelle de qualité à tous les niveaux. Le mouvement étudiant n’aura de cesse de veiller à ce que les prochaines dotations budgétaires soient investies de manière efficace et équitable : l’argent public ne doit pas être dilapidé par la corruption et il devrait être attribué en priorité aux groupes qui historiquement sont les plus désavantagés, afin de faire fructifier pleinement le potentielles de l’éducation, en brisant le cercle vicieux de l’inégalité et de la pauvreté.

Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.