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Coopération au développement et solidarité dans les Caraïbes, en période de COVID-19 et au-delà

Publié 14 avril 2023 Mis à jour 20 mars 2024
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Présent à Bruxelles, en Belgique, dans le cadre d’une réunion du réseau de la coopération au développement (CD) de l’Internationale de l’Éducation (IE), Don Howell, secrétaire général du Caribbean Union of Teachers (CUT) – organisation faîtière de l’IE qui regroupe des enseignant·e·s des Caraïbes – et président du Saint Lucia Teachers' Union (SLTU), a expliqué que la pandémie de COVID-19 a été abordée par les syndicats d’enseignants de cette région comme une occasion de revisiter leur manière d’opérer, en particulier au regard de leurs activités de coopération au développement. Il a également fait part de sa reconnaissance pour la solidarité témoignée par les syndicats d’enseignants du monde entier à l’égard de leurs homologues aux Caraïbes.

Des activités syndicales fortement impactées par la pandémie de COVID-19

« La période de la COVID-19 a été très complexe pour les syndicats d’enseignants des Caraïbes. Nous sommes foncièrement habitués à des réunions syndicales animées, lorsque nos collègues se rassemblent en un même lieu pour traiter des problématiques », a affirmé Howell.

Il a reconnu que la COVID-19 avait contraint les syndicats d’enseignants des Caraïbes à réexaminer leur stratégie pour mener des actions en tant que région.

Dans un premier temps, nous n’avons pas saisi ce qui se passait, où cela allait mener et combien de temps la pandémie allait durer.

En second lieu, cela nous a éloigné de notre culture, de notre façon habituelle d’opérer en tant que syndicat, de notre capacité à rencontrer les membres en personne, a-t-il ajouté.

Howell a souligné que « pour n’importe quel dirigeant syndical ou dirigeante syndicale, le fait de ne pas être véritablement en mesure de comprendre ce que traversent ses membres, est une chose difficile. Même à travers l’organisation de sondages en ligne, par exemple, on perçoit le climat de manière statique sans jamais bénéficier d’un éclairage en personne sur les questions qui affectent les membres. De nombreux syndicats ont eu recours aux conférences et aux réunions, voire aux ateliers, en ligne. Pourtant, il était impossible d’évaluer concrètement l’impact de la pandémie ou de savoir si en réalité, les personnes de l’autre côté étaient attentives à vos propos. Est-ce que quelqu’un ou quelqu’une est là, à l’écoute ? Ou s’agit-il juste d’un ordinateur connecté à la réunion sans personne derrière ? »

Il a également mis en évidence l’impact de la pandémie sur les temps de réunion. « Avant la COVID, il pouvait arriver qu’une réunion dure toute une journée, mais en ligne, il est extrêmement difficile de maintenir l’attention des participantes et participants pendant des périodes prolongées. »

Selon Howell, la pandémie a fait émerger d’autres questions, notamment au sujet des heures et de la charge de travail, « car la dynamique de préparation d’un cours en distanciel et celle d’une classe en présentiel, ne sont pas identiques ».

La formation des enseignant·e·s et le manque de ressources ont aussi figuré parmi les problématiques importantes soulevées.

En outre, Howell a condamné le fait que « les syndicats ont eu à défier des interventions gouvernementales visant à ébranler certains des avantages obtenus dans le cadre d’un processus de négociation collective. De nombreux syndicats ont été confrontés à des gouvernements qui tentaient de baisser les salaires des enseignantes et enseignants, alors qu’ils et elles travaillaient plus qu’auparavant. De plus, nous n’avons observé aucun signe ou preuve tangible pour attester de la considération des gouvernements à l’égard du travail du corps enseignant. A l’inverse, les critiques sont venues supplanter toute considération à leur endroit. »

En partenariat avec la Fédération canadienne des enseignantes et enseignants (FCE), le SLTU a poursuivi sa collecte de données empiriques, en vue d’examiner l’impact de la COVID-19 sur ses membres, a expliqué Howell.

Exposant les résultats de l’étude qui a fait ressortir l’immense besoin des membres en termes de soutien psychosocial et leur désenchantement vis-à-vis de l’aide reçue par leur employeur, il a précisé que ces résultats ont servi à instruire un plan d’action en cours d’élaboration par l’organisation.

Les résultats ont également permis de dresser une vue d’ensemble de la situation aux Caraïbes, alors que d’autres syndicats de la région continuent de mobiliser leurs membres de plusieurs manières, afin de rétablir une normalité à la suite de la pandémie et de la fermeture des écoles qui en a découlé, car ils doivent continuer à gérer la COVID-19 et d’autres maladies émergentes, a-t-il souligné.

« En raison de l’inflation et de la hausse du coût de la vie, de nombreux syndicats peinent à survivre financièrement et à soutenir leurs membres. La pandémie a fourni l’occasion aux syndicats d’amorcer une introspection et de réexaminer leurs plans stratégiques sur les moyens d’avancer. La résilience est devenue pour le CUT une question cruciale, qui est également soutenue par l’IE », selon Howell.

Le travail syndical impacté par les catastrophes naturelles et l’affaiblissement du processus de négociation collective

Howell a clairement indiqué que « l’aide de la coopération au développement durant la pandémie est incontestable, elle a contribué à la reprise et continue de nous soutenir de différentes façons, elle est fondamentale pour notre survie ».

Et d’ajouter, qu’en plus de la COVID-19, nous avons dû gérer des catastrophes naturelles, avec un tremblement de terre en Haïti, des éruptions volcaniques à Saint-Vincent-et-les-Grenadines, des inondations au Bélize.

Il a soulevé une autre problématique concernant le fait que les syndicats des Caraïbes doivent poursuivre et maintenir la négociation collective et œuvrer contre la perte de certains avantages.

« La coopération au développement nous a aidé à mobiliser les ressources nécessaires pour réaliser notre travail dans la région et pour nous renforcer, en vue de faire face aux gouvernements respectifs de la zone, et montrer que nous ne sommes pas seuls à lutter pour défendre la question de la négociation collective, mais que nous bénéficions du soutien de partenaires à l’extérieur », a affirmé Howell.

Tandis que des changements s’opèrent au niveau du leadership des syndicats, nous devons mettre l’accent sur le renforcement des capacités. Il a souligné qu’il faut absolument veiller à préserver la philosophie syndicale au sein de la profession enseignante, et que la coopération au développement peut y contribuer.

En conclusion, Howell a précisé que « pour aller de l’avant, nous devons consolider nos partenariats et renforcer la coopération. La pandémie nous a appris que la coopération – aussi dérisoire puisse-t-elle paraitre – chaque brin de solidarité, est important pour notre survie. »