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Portugal : manifestation massive pour demander le respect pour la profession enseignante

Publié 22 février 2023 Mis à jour 21 mars 2024
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Près de 150.000 enseignant·e·s ont participé à une manifestation organisée à Lisbonne par les syndicats de l’éducation pour réclamer le respect de la profession enseignante.

« Il s’agit probablement de la plus importante manifestation du personnel enseignant jamais organisée au Portugal », a déclaré le secrétaire national de la Federação da Educação (FNE), Joaquim Santos.

Cette manifestation, qui a envahi les rues de la capitale le 11 février dernier, a rassemblé tous les syndicats de l’éducation du pays. Lorsque la bannière de tête du cortège a atteint le podium principal, des milliers d’enseignant·e·s n’avaient toujours pas quitté le point de départ de la manifestation, a souligné Joaquim Santos.

Solidarité internationale des syndicats de l’éducation

Susan Flocken, directrice du Comité syndical européen de l’éducation (CSEE), la région européenne de l’Internationale de l’Éducation (IE), a été invitée par les organisations membres portugaises du CSEE à participer à cet événement, au cours duquel elle a encouragé les manifestant·e·s à poursuivre leur combat pour valoriser la profession enseignante et les professionnel·le·s de l’enseignement.

Manuela Mendonça, membre du Bureau exécutif de l’IE pour l’Europe, a lu le message de solidarité envoyé par le secrétaire général de l’IE, David Edwards, soulignant que les revendications du personnel enseignant portugais et celles de la nouvelle campagne de l’IE « La force du public : ensemble on fait école ! » ne pouvaient pas être plus en phase.

Le secrétaire général de la Confédération syndicale des pays lusophones pour l’éducation (CPLP-SE), José Augusto Cardoso, s’est également adressé aux manifestant·e·s pour souligner l’importance du rôle de l’éducation et du personnel enseignant.

Politique éducative portugaise

Cette manifestation a été organisée en plein cœur d’un processus de négociation entre les syndicats et le ministère de l’Éducation, qui n’apporte pas les résultats attendus.

Les problèmes liés aux conditions de travail et de vie des enseignant·e·s représentent un danger pour l’avenir de la profession et la qualité des écoles publiques au Portugal, a expliqué le dirigeant de la FNE.

Il a souligné que le mécontentement des enseignant·e·s portugais·es avait atteint ses limites et que, au travers de leurs revendications, il·elle·s réclamaient le respect de la profession enseignante, une amélioration de leurs conditions de travail et une revalorisation urgente de leurs salaires en cette période de forte inflation.

Comme l’explique Joaquim Santos : « Pour les syndicats et la communauté enseignante, il est urgent de promouvoir la mobilité, d’évaluer les performances sans quotas ni postes à pourvoir, de mettre un terme aux contrats précaires, de respecter les limites du temps de travail, de supprimer la bureaucratie excessive, de rajeunir la profession enseignante, de garantir des retraites décentes et de faire en sorte que la profession enseignante soit valorisée et reconnue ».

Il y a une revendication à laquelle les enseignant·e·s ne renonceront jamais, a-t-il prévenu, à savoir « la récupération équitable, pour les carrières, de 6 années, 6 mois et 23 jours de travail gelés durant la Troïka », le programme de sauvetage financier auquel le Portugal a été soumis de mai 2011 à mai 2014.

Il a ensuite déclaré que le manque de reconnaissance et la dévalorisation de la profession enseignante avaient un impact très négatif sur les jeunes portugais·es qui, pour la plupart, ne sont pas du tout attiré·e·s par une carrière dans l’enseignement. Il a également précisé que, en raison du vieillissement de la communauté enseignante, un grand nombre d’effectifs partiront à la retraite au cours des dix prochaines années. « Il nous faut en déduire que le danger que suppose le recrutement de personnel enseignant non qualifié, ce qui est déjà le cas actuellement, risque fort de s’aggraver dans les années à venir », a-t-il déclaré.

Pour faire pression, du 13 au 17 février, les syndicats ont organisé une Semaine de lutte et de deuil dans les écoles, avec des manifestations quotidiennes. Des banderoles noires ont été accrochées aux murs et aux grilles, tandis que les enseignant·e·s étaient rassemblé·e·s devant leurs écoles pour faire entendre leurs revendications et les multiples motifs de leur mécontentement.

Les 15 et 17 février, un nouveau cycle de négociations entre les syndicats et le ministère de l’Éducation a eu lieu pour discuter de la nouvelle réglementation relative au recrutement des enseignant·e·s.

Les syndicats envisagent déjà deux nouvelles journées de grève et de manifestations : le 2 mars dans le nord du pays (manifestation à Porto) et le 3 mars dans le sud du pays (manifestation à Lisbonne).

Joaquim Santos a conclu : « Voici l’un des messages justifiant nos actions de protestation qui a suscité le débat public dans les médias et la société portugaise : ‘Si vous voulez une meilleure éducation, occupez-vous du bien-être des enseignantes et des enseignants !’ ».