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Journée mondiale d’action en soutien aux enseignant·e·s et travailleur·euse·s en Iran

Publié 8 février 2023 Mis à jour 22 mars 2024
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Le 8 février, l’Internationale de l'Éducation se joint aux syndicats du monde entier pour une Journée mondiale d’action en soutien aux enseignant·e·s et travailleur·euse·s iranien·ne·s dans leur lutte en faveur de conditions de travail décentes, des droits syndicaux, de la démocratie et de la liberté. L’Internationale de l'Éducation appelle ses organisations membres à exprimer leur solidarité envers les mouvements démocratiques et syndicaux en Iran.

En cette Journée mondiale d’action, l’Internationale de l'Éducation appelle les autorités iraniennes à:

  • Libérer immédiatement et sans condition l’ensemble des travailleur·euse·s et syndicalistes détenu·e·s en raison de leurs activités syndicales;
  • Libérer immédiatement et sans condition les étudiant·e·s, enseignant·e·s et autres citoyen·ne·s détenu·e·s en raison de leur participation à des manifestations pacifiques pro-démocratiques; et
  • Garantir et protéger le droit de l’ensemble des citoyen·ne·s d’exercer leur liberté syndicale et de réunion.

Les enseignant·e·s iranien·ne·s militent depuis bien longtemps pour leur droit de s’affilier à des syndicats, de jouir de meilleures conditions de travail ainsi que pour le droit de tou·te·s d’accéder à un enseignement public gratuit et de qualité. Ils·elles ont également joué un rôle de premier plan dans la lutte contre la multiplication des vagues de privatisation du système éducatif. Toutefois, les réponses obtenues à leurs revendications légitimes n’ont reposé que sur l’intimidation, la répression et la violence.

Le 1er mai 2022, à nouveau, une vague de répression a frappé les enseignant·e·s à travers tout le pays, entraînant plus de 230 arrestations. Les personnes arrêtées l’ont été suite à des accusations sans fondement, aux motifs mensongers de sécurité nationale, en violation de leurs droits d’exercer leur liberté syndicale et d’expression. Les autorités ont tenté désespérément de mettre un terme aux manifestations syndicales pacifiques qui dénonçaient les faibles salaires des enseignant·e·s, l’insuffisance du budget consacré à l’éducation et la détention d’enseignant·e·s syndicalistes.

Le décès de Masha Amini, jeune irano-kurde assassinée le 16 septembre 2022 par la police des mœurs iranienne, a déclenché un mouvement de protestation dans l’ensemble du pays qui se poursuit depuis lors. Le régime islamique a fait preuve d’une grande brutalité en réponse aux aspirations du peuple iranien à la liberté et à la démocratie, causant la mort de centaines de personnes, dont 70 enfants, et conduisant à l’arrestation, et à la torture, de plus de 18.000 personnes. Quatre manifestants ont déjà été exécutés à la suite d’un simulacre de procès, et bien d’autres encore sont susceptibles de subir le même sort. Le Coordinating Council of Iranian Teachers’ Trade Associations (CCITTA) a été le premier à publiquement demander aux éducateur·trice·s et aux étudiant·e·s à faire grève pour soutenir la lutte des Iranien·ne·s en faveur des droits humains et de la démocratie.

Selon le CCITTA, au moins dix défenseur·euse·s des droits des enseignant·e·s et membres de sections provinciales de l’ Iranian Teachers’ Trade Association sont actuellement détenu·e·s arbitrairement, dont :

  • Esmail ABDI: professeur de mathématiques et ancien secrétaire général de la section de Téhéran de l’ Iranian Teachers’ Trade Association. Détenu dans la prison d’Evin depuis 2015 et reconnu en tant que prisonnier d’opinion par Amnesty International.
  • Rasoul BODAGHI: membre du Bureau de l’ Iranian Teachers’ Trade Association à Eslamshahr et secrétaire général du CCITTA. Condamné à 4 ans et 6 mois d’emprisonnement en octobre 2022.
  • Jafar EBRAHIMI: membre du Bureau de la section de Téhéran de l’ Iranian Teachers’ Trade Association et inspecteur au sein du CCITTA. Condamné à 5 ans d’emprisonnement en octobre 2022.
  • Mohammad HABIBI: enseignant et membre du Bureau de la section de Téhéran de l’ Iranian Teachers’ Trade Association. Condamné à 3 ans et 7 mois d’emprisonnement en octobre 2022.
  • Masoud FARHIKHTEH: membre du Bureau de l’ Iranian Teachers’ Trade Association à Eslamshahr et co-président du CCITTA. Arrêté en mai puis en décembre 2022, actuellement placé à l’isolement à la prison d’Evin.
  • Mehdi FATHI: professeur d’histoire et membre de l’ Iranian Teachers’ Trade Association dans la province de Fars. Arrêté en juin 2022 et condamné à 8 ans de prison.
  • Hashem KHASTAR: enseignant à la retraite et membre du Bureau de l’ Iranian Teachers’ Trade Association à Mashhad. Détenu depuis juillet 2022.
  • Eskander LOTFI: membre du Bureau de la section de Marivan de l’ Iranian Teachers’ Trade Association (province du Kurdistan) et porte-parole du CCITTA. Arrêté en octobre 2022 et actuellement en liberté sous caution dans l’attente d’un nouveau procès et d’une éventuelle condamnation.
  • Shiva MAFAKHERI: professeure de mathématiques et membre de la section de Sanandaj de l’ Iranian Teachers’ Trade Association (province du Kurdistan). Arrêtée vers la mi-novembre, lieu de détention inconnu.
  • Hamid RAHMATI: enseignant à la retraite et membre de la section de Sanandaj de l’ Iranian Teachers’ Trade Association (province d’Isfahan). Arrêté en octobre 2022.

Le Bureau exécutif de l'IE a adopté en novembre 2022 une résolution visant à soutenir les femmes et les filles en Iran dans leur lutte en faveur des droits et de la liberté. L’IE avait déjà adopté en décembre 2021 une résolution sur l’Iran, exigeant le respect des «droits des enseignant·e·s et du personnel de l’éducation de s’affilier à des syndicats et d’exercer leur liberté syndicale et d’expression, notamment le droit d’association pacifique, sans crainte d’intervention des autorités.»

En tant que voix des enseignant·e·s et des travailleur·euse·s de l'éducation à travers le monde, l’Internationale de l'Éducation affiche sa solidarité avec les enseignant·e·s et les citoyen·ne·s iranien·ne·s et continuera de les appuyer dans leur lutte en faveur des droits et de la démocratie. Nous portons leur parole!