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Irak : reconnaître l’importance d’enseigner en langue maternelle kurde et sur l’histoire kurde !

Publié 8 février 2023 Mis à jour 17 février 2023
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Le Kurdistan Teachers' Union (Syndicat des enseignants kurdes, KTU) a exhorté les officiels de cette région irakienne à accorder une attention particulière à la langue maternelle et à l’histoire kurde dans les écoles et à les promouvoir.

« L’éducation et l’apprentissage portent sur une grande variété de matières afin de produire de nouveaux dirigeants capables d’assumer la responsabilité de servir leur pays », a noté le président du KTU Abdalwahed M. Haje, ajoutant que la langue maternelle et l’histoire sont des « sujets essentiels » qui « doivent bénéficier d’une priorité absolue pendant les processus d’enseignement et d’apprentissage ».

Enseigner dans la langue natale : ne pas perdre l’identité kurde

Haje insiste sur le fait que l’enseignement et l’apprentissage de la langue maternelle kurde doivent « commencer avant l’école primaire et continuer jusqu’au niveau universitaire ».

Pour lui, « la langue est un symbole de cohésion sociale et de réalisation des objectifs nationaux. C’est une réalité universelle qui s’applique à toutes les nations du monde. Ainsi, dans une grande majorité de pays, la langue maternelle bénéficie d’une attention et d’une valeur spéciales. »

Regrettant que le kurde en tant que langue maternelle soit sur le point d’être complètement ignoré à tous les niveaux de l’éducation, Haje rappelle que le KTU « a déjà exprimé des inquiétudes quant à la perte de l’identité de la langue kurde lors d'une rencontre avec des décisionnaires de l’éducation ».

Il explique également que le gouvernement a « déclaré que les centres de formation n’ont que très peu de professeurs kurdes en mesure d'enseigner les alphabets kurdes parce que les diplômés en éducation de la petite enfance et en enseignement primaire veulent enseigner en lycée. Ils ne souhaitent pas enseigner les alphabets kurdes dans les écoles maternelles et primaires. »

Il a souligné qu’il pensait que ce n’était pas un bon début, « car cela signifie que dans quelques années, il n’y aura plus de professeurs enseignant les alphabets kurdes. Nous serons alors face à un gros problème, très difficile à résoudre. »

Organiser des sessions de formation dédiées à l’histoire kurde pour les enseignant∙e∙s

En ce qui concerne l’histoire, Haje recommande au ministère de l’Éducation d’en faire une priorité, affirmant que, même si ce problème n’est pas aussi grave que celui de la langue maternelle, il reste considérable puisque :

  • Le gouvernement n’accorde pas suffisamment d’attention à ce domaine. « Il est essentiel qu’ils acceptent que l’histoire leur ait donné la capacité de diriger leur nation », souligne-t-il.
  • Le programme est difficile et aride.
  • Les matières ont tendance à être étudiées de façon conceptuelle plutôt que pratique, les sorties scientifiques sur des sites historiques sont négligées.

Pour résoudre cet important problème, le ministère de l’Éducation devrait travailler en tandem avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour former de nouveaux cadres, enseignant∙e∙s et spécialistes pour tous les niveaux d’enseignement, a conseillé le dirigeant du KTU. Cela s’adresse en particulier aux professeur∙e∙s enseignant les alphabets kurdes en école maternelle et primaire, a-t-il déclaré.

Pour en savoir plus sur l’enseignement de cette matière essentielle et sur les stratégies pédagogiques, les deux ministères devraient proposer aux enseignant∙e∙s des sessions de formation continue en histoire.

Haje conclut ainsi : « Le fait que les enseignantes et enseignants des alphabets et de l’histoire kurdes bénéficient d’un traitement spécial est, selon moi, tout à fait normal, puisque ces deux sujets sont essentiels et fondamentaux pour pouvoir répondre aux difficultés auxquelles les générations font face les unes après les autres. Cela nous paraît assez évident. Nous affirmons de nouveau que toute matière incluse dans le processus éducatif est essentielle. »

Éducation et démocratie. 25 leçons de la profession enseignante, un livre coécrit par Fred van Leeuwen, secrétaire général émérite de l’Internationale de l’Éducation, et Susan Hopgood, présidente de l’Internationale de l’Éducation, contient 25 leçons essentielles venant d’éducateur∙trice∙s s’efforçant de défendre la démocratie dans un contexte en cours de détérioration. La leçon 20 insiste sur la nécessité de protéger le droit d’être instruit∙e dans sa langue natale.