Le Sindicato Nacional de Trabajadores de la Educacion (SNTE) du Mexique est l’un des plus grands syndicats de l’éducation au monde. Il compte actuellement en son sein plus de 1,5 million de personnels enseignants à tous les niveaux d’enseignement, ainsi que 700.000 enseignantes et enseignants à la retraite. Sa mission : défendre l’enseignement public et les droits des personnels de l’éducation au Mexique. Dans cet article, le secrétaire général du SNTE, Alfonso Cepeda Salas, nous fait part des réalisations et des défis du syndicat au cours de ces dernières années.
La pandémie de coronavirus a mis en évidence les profondes transformations que nous traversons et a multiplié les défis à relever dans le domaine de l’éducation.
« Dynamiser » la communauté éducative : les leçons à tirer de la pandémie
Le plus grand défi pour nous, au sein du syndicat, a été de maintenir en vie l’école publique. Suite à la fermeture obligatoire des établissements éducatifs, certains acteurs ont saisi l’occasion pour diffuser le vieil argument des chantres de la privatisation selon lequel les nouvelles technologies remplaceraient l’école et les professeur.e.s.
Dans le cadre de cette bataille conjoncturelle, nous nous sommes efforcés d’aider chaque professeur.e à maintenir la communication avec les élèves et les familles. Nous avons, à cette fin, eu recours à diverses stratégies, dont notamment :
- Des campagnes de collecte d’équipements technologiques au bénéfice des élèves les plus défavorisé.e.s ;
- La conception de documents de soutien que nous diffusons via notre site Internet, nos réseaux sociaux et nos médias ;
- La consultation de nos membres pour documenter les bonnes pratiques et les pratiques d’enseignement innovantes mises en œuvre pendant la pandémie. Ces expériences précieuses ont déjà été consignées par écrit et publiées afin de donner une plus grande visibilité au professionnalisme et à l’abnégation du personnel enseignant ; en outre, des campagnes d’information dans les rues à l’aide de haut-parleurs ont été organisées pour informer les élèves de leurs devoirs, des salles de classe mobiles ont été improvisées dans les voitures, les murs des écoles ont été utilisés pour afficher les devoirs, les maisons ont été transformées en salles de classe, sans oublier l’introduction rapide de dispositifs électroniques en vue de la mise en place de cours interactifs.
L’après-pandémie : renforcement de l’action syndicale
À la réouverture des salles de classe, nous avons lancé une nouvelle campagne intitulée « Tout le monde à l’école », qui visait d’une part à réduire le taux d’abandon scolaire dû à la pandémie et, d’autre part, à rattraper les retards dans l’apprentissage. Un recensement nous a permis d’identifier et de faire revenir les élèves qui avaient cessé de fréquenter l’école.
Un autre aspect sur lequel nous avons voulu mettre l’accent après la pandémie est la stabilité de l’emploi. En d’autres termes, garantir la sécurité de l’emploi, les salaires et les avantages et droits qui en découlent. Cet enjeu a constitué l’une des actions les plus pertinentes de mon mandat syndical : à ce jour, plus de 787.000 travailleuses et travailleurs de l’éducation, anciennement sous contrat temporaire, sont passés au statut permanent.
À l’échelle mondiale, la crise sanitaire a été doublée d’une crise économique. Comment avons-nous fait en sorte qu’au cours de ces années de pandémie, personne ne soit licencié.e et que les augmentations salariales suivent le rythme de l’inflation ? Face à la pénurie de vaccins, comment avons-nous réussi à devenir une catégorie prioritaire dans le cadre de la stratégie sanitaire contre la COVID ?
Nous y sommes parvenus en rendant visible le travail héroïque de chaque professeur.e et en renforçant la capacité de dialogue et de négociation avec les autorités, de même que grâce à nos efforts persistants qui ont bénéficié du soutien du président du Mexique, Andres Manuel Lopez Obrador.
Agir conformément à nos valeurs
En conclusion, je tiens à attirer l’attention sur le processus de démocratisation du SNTE, processus qui constitue la clé de voûte du renforcement des capacités de nos organisations syndicales. Nous diversifions les mécanismes permettant de maintenir la proximité avec l’ensemble des membres tout en horizontalisant la prise de décision, notamment par le biais du vote universel lors des élections aux postes de direction.
Pour la cinquième année consécutive, nous avons organisé une consultation pour nourrir le cahier de revendications national que nous présentons chaque année aux autorités. Nous avons reçu plus de 1,3 million de réponses à chaque exercice.
Notre principal accomplissement a été le renforcement de l’unité et de la solidarité au sein de notre organisation. Le respect de la diversité, sachant qu’elle nous enrichit toutes et tous.
Pour une éducation au service du peuple.
Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.