Le programme John Thompson Fellowship (JTF) offre aux syndicalistes de l’éducation la possibilité d’obtenir des informations utiles et de première main, d’échanger leurs expériences, idées et bonnes pratiques et de renforcer la solidarité entre leurs organisations. L’Internationale de l’Éducation, les partenaires de la coopération au développement et les syndicats de l’éducation ont fait le point sur les résultats positifs en Asie du Nord et ont lancé le programme en Afrique de l’Est.
Un programme phare pour le renouvellement syndical
À l’occasion du « Café de la coopération au développement (CD) » dédié au programme JTF, organisé le 12 janvier dernier, Beverley Park, directrice du programme de coopération internationale et de justice sociale au sein de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE-CTF) − organisation partenaire de la CD −, a rappelé aux participant·e·s que John Thompson a occupé le poste de secrétaire général de la Confédération mondiale des organisations de la profession enseignante de 1970 à 1981.
Elle a souligné : « Fervent défenseur de la profession enseignante, John Thompson a travaillé sans relâche au renforcement de la compréhension internationale entre les peuples ».
Elle a ajouté : « Le JTF est un programme phare pour le renouvellement syndical, qui vise à renforcer les organisations d’enseignant·e·s au travers de l’amélioration des compétences et de l’engagement de la direction des établissements scolaires. Les partenaires apportent leur soutien aux syndicats, sélectionnés en fonction de leur intérêt manifesté auprès du siège et des bureaux régionaux de l’Internationale de l’Éducation. »
Beverley Park a également souligné que ce programme avait évolué au fil des ans. En tant que personne-ressource, elle collabore avec les syndicats dans leurs pays, régions ou sous-régions, leur apporte un soutien et se charge du volet organisationnel, individuellement ou en partenariat.
Le programme offre aux participant·e·s les opportunités suivantes :
- Examiner les caractéristiques d’un syndicat bénéficiant d’une bonne gestion.
- Réfléchir à la mission de leurs organisations.
- Analyser leur « raison d’être » pour réaffirmer leur engagement en faveur de cette cause.
- Mesurer le niveau actuel de leur efficacité et de leur capacité.
- Aider au renforcement du leadership pratique et des compétences en matière de gestion pour renforcer l’efficacité des enseignant·e·s et des dirigeant·e·s syndicaux·ales participant·e·s.
- Permettre aux participant·e·s de renforcer leur compréhension et d’acquérir les connaissances et les compétences nécessaires pour défendre leurs droits et examiner d’autres questions éducatives et sociales.
- Promouvoir l’équité et la représentation au sein des syndicats.
Résultats attendus :
- Meilleure compréhension parmi les syndicalistes, à la suite de la formation consacrée au rôle des syndicats et au rôle des affilié·e·s au sein de leurs organisations.
- Impact positif sur la gouvernance générale, les pratiques de gestion, les ressources financières, les services proposés, les relations extérieures, la durabilité et l’égalité des genres au sein des organisations participantes.
- Participation active des femmes et des autres groupes sous-représentés au sein de leurs organisations.
Étude « Renouvellement syndical dans le secteur de l’éducation : perspectives pour l’Asie-Pacifique »
Eva Elmstedt Frisk ( Sveriges Lärare/Suède), également personne-ressource pour le JTF, a expliqué que ce programme avait comme point de départ l’étude « Renouvellement syndical dans le secteur de l’éducation : perspectives pour l’Asie-Pacifique », dont l’objectif principal consiste à créer un modèle initial de « renouvellement syndical » ou de « transformation syndicale » pouvant être développé ensuite par les organisations membres sélectionnées, en partenariat avec le bureau régional de l’Internationale de l’Éducation pour l’Asie-Pacifique.
Nicole Calnan ( Australian Education Union - AEU) a expliqué que les personnes-ressources prenaient en charge divers modules de formation, portant notamment sur l’histoire, la mission et la vision ; le renouvellement syndical ; l’organisation et la mobilisation ; le financement durable ; l’égalité des genres ; ou encore, les campagnes et l’élaboration de messages efficaces.
Elle a également salué la présence de nombreux bénéficiaires du programme JTF à la Conférence régionale de l’Internationale de l’Éducation pour l’Asie-Pacifique (IEAP).
Sagar Nath, consultant de l’Internationale de l’Éducation, a précisé que, en 1998, le bureau de l’IEAP avait préparé une liste de syndicats à soutenir, identifié un groupe de syndicats au Népal, en Inde, en Indonésie, aux Fidji, aux Samoa occidentales, au Vanuatu, etc., et invité trois membres de la haute direction de chaque syndicat à participer à la formation et à échanger leurs idées et leurs expériences.
« Le programme a évolué du travail fondamental de la coopération internationale au développement du syndicalisme dans tous les pays », a-t-il déclaré.
Il a également souligné : « Le bureau de l’IEAP s’efforce avant tout de connaître les besoins des organisations participantes. Nous nous appuyons sur le programme pour apprendre aux dirigeant·e·s à former des syndicats sur la base d’un plan à mettre en œuvre. »
Mentionnant que des questions avaient été soulevées concernant l’efficacité du programme et la façon de dépenser l’argent recueilli pour le programme, il a indiqué : « Nous avons commencé à mesurer les progrès réalisés par les syndicats et les participantes et participants après le programme, en leur envoyant des questionnaires tous les six mois pendant dix ans. Nous avons toujours adapté le programme en fonction des besoins exprimés par les syndicats et les participantes et participants et l’avons déployé en nous alignant sur la méthode qui, en tant que personnes-ressources, nous semblait la plus efficace. »
En conclusion, Sagar Nath a souligné : « Au départ, le programme JTF était davantage centré sur les connaissances et les compétences des responsables syndicaux·ales. Il a ensuite évolué pour leur permettre de prendre le temps de réfléchir à leurs organisations et d’élaborer ensuite un plan stratégique pour les renforcer. Le programme évolue au fil des ans afin de pouvoir répondre au mieux aux besoins des participantes et participants. Le JTF est aujourd’hui très différent. »
Faire avancer le programme JTF en Afrique de l’Est
Le directeur du bureau régional de l’Internationale de l’Éducation pour l’Afrique (IERAF), Dennis Sinyolo, a ensuite discuté du lancement du programme JTF en Afrique de l’Est, organisé à Nairobi, au Kenya, du 21 au 27 novembre 2022, au sujet duquel il a précisé :
« Nous nous sommes principalement rendus en Afrique de l’Est l’an dernier pour procéder à une évaluation des besoins des organisations membres en matière de développement. Nous avons également organisé une formation virtuelle de courte durée, au cours de laquelle nous avons réalisé une analyse SWOT (points forts, points faibles, opportunités et risques). Les résultats de cette évaluation indiquent que les organisations membres ont besoin d’un soutien pour renforcer leurs capacités, notamment en matière de direction, et mettent en avant plusieurs faiblesses en termes de ressources, d’égalité des genres, d’implication des jeunes, etc. »
Il a également rappelé l’ampleur des défis en Afrique, notamment en ce qui concerne les problèmes internes des syndicats : « Cette formation aidera les syndicats à réfléchir à leurs problèmes et à trouver des solutions pour faire avancer leur programme ».
Dennis Sinyolo a indiqué que le bureau de l’IERAF avait invité les syndicats à sélectionner trois membres (cinq pour les syndicats locaux), dont au moins un·e en mesure de prendre des décisions : « Sans quoi, les chances d’obtenir des engagements et des résultats seront très minces. Nous avons également insisté pour qu’une femme fasse partie de ces membres. »
S’agissant des ressources, le bureau régional a légèrement adapté le matériel existant à la suite de l’évaluation réalisée au préalable, en y ajoutant de nouvelles thématiques telles que les jeunes membres, l’Objectif de développement durable 4 et la Stratégie continentale de l’éducation pour l’Afrique.
Dennis Sinyolo a précisé que les neuf organisations membres africaines participantes s’étaient engagées à :
- Élaborer un plan stratégique.
- Intégrer les jeunes membres aux structures syndicales.
- Relancer et intensifier les formations pour les représentant·e·s des établissements scolaires.
- Créer une base de données des membres en ligne.
- Organiser le renforcement des capacités pour les dirigeant·e·s nationaux·ales.
- Réaliser un audit de genre.
- Examiner la vision des syndicats et leurs déclarations de mission.
- Apporter un soutien au National Teachers Union of South Sudan pour la création d’un bureau syndical.