Le 24 janvier, l'Internationale de l'Éducation a marqué la Journée internationale de l'Éducation en lançant sa nouvelle campagne mondiale: La force du public: Ensemble on fait école. La campagne est un appel urgent aux gouvernements pour qu'ils financent entièrement l'enseignement public et responsabilisent, respectent et rémunèrent les enseignant·e·s et les travailleur·euse·s de l'éducation en tant que professionnel·le·s indispensables au cœur de l'éducation.
Les membres de l'Internationale de l'Éducation se sont réunis pour le lancement de la campagne: La force du public : Ensemble on fait école lors d'un événement en ligne dirigé par la secrétaire générale adjointe de l’organisation, Haldis Holst. Les participant·e·s ont eu l'occasion de réfléchir à la manière d'articuler un récit mondial en faveur d'un enseignement public de qualité, ainsi que de partager des stratégies syndicales et des approches de campagne de différents pays visant à accroître l'investissement dans l'éducation et la profession enseignante.
Renforcer le discours pour un enseignement public de qualité
La présidente de l'Internationale de l'Éducation, Susan Hopgood, et le vice-président pour l'Afrique, Mugwena Maluleke, ont préparé le terrain pour la campagne en expliquant pourquoi il est impératif et urgent de financer intégralement les systèmes d'enseignement public.
Susan Hopgood a déclaré que La force du public : Ensemble on fait école permettra à la voix des syndicats de l'enseignement de mieux se faire entendre afin d’influencer les politiques internationales en faveur de systèmes d'enseignement public équitables et dotés de ressources suffisantes qui investissent dans les enseignant·e·s et les personnels de soutien à l'éducation et les valorisent.
Mugwena Maluleke a souligné que l’actuel récit hégémonique pro-privatisation est une menace pour l'avenir juste, durable et inclusif que nous construisons avec nos étudiant·e·s. Il a souligné la nécessité d'articuler un nouveau récit mondial qui indique où se trouvent les ressources pour un investissement public accru dans l'éducation, alors que dans de nombreux cas elles vont à des œuvres destructrices, alors qu’elles devraient plutôt aller au développement de sociétés justes, durables, équitables et prospères. « En fin de compte, ce n'est pas un manque de ressources. C'est un manque de volonté politique de faire de l'éducation une priorité », a-t-il déclaré.
Leonardo Garnier, conseiller spécial auprès des Nations Unies pour le Sommet sur la transformation de l'Éducation et ancien ministre de l'Éducation du Costa Rica, a transmis un message fort en faveur d'un investissement public accru dans l'éducation et la réduction des inégalités. « Tous les enfants du monde doivent avoir accès à un enseignement public de qualité », a déclaré Leonardo Garnier.
Une campagne pour les syndicats de l’enseignement
Le secrétaire général de l'Internationale de l'Éducation, David Edwards, a expliqué comment les objectifs de la campagne La force du public : Ensemble on fait école reflétaient les principales priorités des syndicats de l'enseignement à travers le monde et, par conséquent, serviront à faire progresser leurs objectifs politiques et à responsabiliser la profession enseignante. « Cette campagne est pour vous et vos membres », a-t-il déclaré.
Témoignages de la lutte
Le webinaire a également fourni un espace aux organisations membres de l'Internationale de l'Éducation pour se soutenir et apprendre les unes des autres, en partageant des stratégies et des approches de campagne qui ont réussi, ainsi qu'en les encourageant à faire campagne pour un investissement accru dans l'éducation et la profession enseignante dans leurs propres contextes.
Eva Zsuzsa, présidente du PSZ-SEH, en Hongrie, et vice-présidente du Forum pour la coopération des syndicats, a présenté comment les enseignant·e·s hongrois·es se sont engagé·e·s dans une action revendicative avec un fort soutien public, depuis un an maintenant, exhortant les autorités à répondre à leurs demandes pour améliorer les conditions de travail et de vie des éducateur·trice·s.
Aux Philippines, Raymond D. Basilio, secrétaire général de l'ACT, a mené une campagne nationale pour augmenter le financement de l'enseignement public à au moins 6 % du produit intérieur brut du pays. Le financement public est crucial pour reprendre en toute sécurité l'enseignement en présentiel après plus de deux ans d'échec d’un programme d’enseignement à distance.
Marième Sakho Dansokho, secrétaire générale du SYPROS, au Sénégal, a souligné l'importance de l'unité et de la solidarité au sein du mouvement syndical, ainsi que des alliances plus larges avec les organisations de la société civile. Les organisations membres de l'Internationale de l'Éducation au Sénégal ont uni leurs forces au sein de l'USEQ (Union Syndicale pour une Éducation de Qualité), pour plaider en faveur d’un financement national plus cohérent de l'éducation et faire face à la privatisation et à la commercialisation croissantes de l'éducation. « Le projet Alliance TaxEd et la nouvelle campagne de l’IE La force du public : Ensemble on fait école sont des éléments clés de cette stratégie », a-t-elle déclaré.
Alfonso Cepeda, secrétaire général du SNTE, au Mexique, a donné un aperçu de la campagne « Todos y todas a la escuela » (Toutes et tous à l’école), visant à relever les principaux défis éducatifs à la suite de la pandémie, y compris le décrochage scolaire, ainsi qu'à lutter contre l'emploi précaire des enseignant·e·s et négocier pour des augmentations salariales face à l'inflation.
José Olivera, président de la FENAPES, en Uruguay, a souligné que les budgets de l'éducation reflètent clairement les choix politiques. Le syndicat a mené une campagne intense pour arrêter les coupes budgétaires actuelles et exiger des investissements plus importants, ainsi que pour dénoncer la commercialisation et la privatisation de l'éducation. José Olivera a expliqué comment, grâce à une large mobilisation syndicale et à une campagne de communication innovante, 52 % de la population du pays demandent désormais davantage de financement public pour l'éducation.
L' Internationale de l'Éducation a réitéré son appel aux gouvernements du monde pour qu'ils remplissent leur obligation d'offrir un enseignement public gratuit de qualité et a encouragé toutes les organisations membres à se joindre à la campagne lorsqu'elles se mobilisent dans leur contexte local.