Le Fiji Teachers’ Union (FTU) a réagi fermement à l’annonce faite par la ministre de l’Éducation, du Patrimoine et des Arts, Premila Kumar, le 20 janvier, d’un changement du niveau de qualification minimum requis (MQR, acronyme anglophone) pour les postes de direction des écoles secondaires. Le syndicat a notamment condamné ce changement comme étant soudain et insuffisamment motivé et a affirmé qu’il a toujours encouragé les enseignant·e·s à améliorer leurs qualifications.
Le secrétaire général du FTU, Agni Deo Singh, a déclaré que le FTU a entamé une procédure judiciaire auprès du tribunal du travail contre le changement abrupt apporté au MQR « pour éliminer injustement des enseignant·e·s de haut niveau, dont certain·e·s occupent actuellement des fonctions de chefs d’établissement, de vice-directeur·trice·s et de directeur·trice·s adjoint·e·s ». Ironiquement, certain·e·s d’entre eux·elles ont été promu·e·s directeur·trice·s de petites écoles en 2018, mais on leur dit maintenant qu’il·elle·s ne remplissent pas les conditions requises pour être promu·e·s directeur·rice·s d’une moyenne ou grande école.
Le FTU a toujours encouragé les enseignant·e·s à améliorer leurs qualifications, a ajouté Singh, notant que le FTU a mis en place un système de prêt spécial par le biais du FTU Credit Union. Ce prêt vise à aider les membres à emprunter de l’argent pour poursuivre leurs études et améliorer leurs qualifications.
Le leader du FTU a déclaré qu’il était « triste » que, alors que le FTU dispose de cette politique de prêt, le ministère ait abandonné le programme de formation interne utilisé par les enseignant·e·s pour améliorer leurs qualifications.
Demandes du FTU au ministère de l’Éducation
Le syndicat a demandé instamment au ministère de l’Éducation :
- D’émettre des communications écrites à l’intention de chaque membre du personnel ou de publier une circulaire officielle pour informer les enseignant·e·s et les chefs d’établissement de la modification du MQR et du délai accordé pour acquérir les nouvelles qualifications.
- D’indiquer les raisons pour lesquelles des enseignant·e·s ont été nommé·e·s à des postes de direction, c’est-à-dire de directeur·trice·s, directeur·trice·s adjoint·e·s, vice-directeur·trice·s adjoints et chefs de département, s’il·elle·s n’étaient pas qualifié·e·s.
- De publier le texte intégral des qualifications suivantes que le ministère juge désormais inadaptées à la promotion — Secondary Teacher Training Certificate (STTC), Diploma in Tertiary Teaching (DTT), et Bachelor of Education (B.Ed.). Le FTU demande instamment au ministère de fournir la base et une explication solide des raisons pour lesquelles ces qualifications étaient jugées appropriées jusqu’à présent. Il souhaite également savoir quelle autorité compétente a décidé que ces qualifications n’étaient plus pertinentes.
- De soumettre les dossiers de performance de ces chef·fe·s d’établissement pour les trois dernières années.
Différend autour du niveau minimum de qualification requis
En ce qui concerne spécifiquement le MQR, Singh a contesté l’affirmation de la ministre Kumar selon laquelle le MQR n’a pas été modifié et est en place depuis un certain temps déjà. Singh a fait valoir qu’un exercice d’évaluation des emplois a été réalisé en 2017. Et il a souligné qu’en 2018, les enseignant·e·s ayant des qualifications STTC, DTT et B.Ed., ainsi que les enseignant·e·s du primaire qui ont été reclassé·e·s dans les écoles secondaires, ont été sélectionnés pour passer par un processus de sélection, certain·e·s étant promu·e·s.
« Le FTU estime que le MQR ne peut et ne doit pas être modifié du jour au lendemain et que des qualifications supplémentaires constituent toujours un avantage supplémentaire, la ligne de départ étant le MQR », a-t-il déclaré.
Des exemples brillants de leadership
Le secrétaire général du FTU a également souligné que, si la ministre Kumar a félicité les enseignant·e·s pour leur « exemple brillant », les chef·fe·s d’établissement actuel·le·s, « qui sont des exemples brillants de leadership », ont été écarté·e·s par la ministre.
En réponse aux commentaires de Kumar sur le fait que les enseignant·e·s doivent suivre les changements qui se produisent dans le monde globalisé en mettant constamment à jour leurs qualifications, Singh a réaffirmé que les chef·fe·s d’établissement ont participé à de nombreux ateliers et sessions de formation au renforcement des capacités organisés par le ministère au fil des ans. « Les 20 heures annuelles de formation professionnelle obligatoires servent également à quelque chose », a-t-il souligné, ajoutant que « le FTU a toujours encouragé ses membres à se perfectionner et à améliorer leurs qualifications ».
Les syndicats d’enseignants doivent être consultés
Singh s’est également opposé au point de vue de la ministre Kumar selon lequel le ministère n’avait pas besoin de consulter les syndicats enseignants pour prendre une décision sur le MQR. « La ministre doit lire le texte de l’objectif de développement durable 4 signé par son prédécesseur », le Dr Mahendra Reddy. « Il stipule clairement que toutes les politiques, de la formulation à la révision en passant par la mise en œuvre et le suivi, doivent être entreprises avec la pleine participation des représentants des enseignant·e·s, c’est-à-dire les syndicats enseignants. »
Il s’est également inscrit en faux contre l’accusation de la ministre selon laquelle le FTU travaille contre ses propres membres, luttant pour la médiocrité dans le système, plutôt que de promouvoir l’excellence dans la profession enseignante.
Le ministère doit déterminer le mérite par une combinaison de facteurs et pas seulement par la qualification postuniversitaire, a ajouté Singh. « La médiocrité consiste en fait à faire passer une qualification sur papier avec zéro expérience dans des postes de direction avant une performance avérée de plusieurs années. »
Si les responsables actuel·le·s (depuis plus de cinq ans dans la plupart des cas) ne sont pas qualifié·e·s, pourquoi ont-il·elle·s été nommé·e·s en premier lieu, a demandé Singh.
Le FTU est fermement convaincu que le ministère est « sur une voie destructive visant à accélérer la spirale déjà descendante de la qualité de l’éducation », a-t-il souligné.
Valeur du FTU
Le secrétaire général du FTU a également critiqué le fait que la ministre de l’Éducation ait « l’audace d’affirmer que la voix de (Singh) est celle d’un groupe minoritaire d’enseignants et enseignantes ». En fait, le FTU « compte plus de 5.000 membres qui savent à qui faire confiance et qui savent que le FTU est leur seule voix et les représente dans les affaires concernant les relations de travail et leur intérêt et bien-être ».
Cependant, Singh a fait remarquer que les membres du FTU ne font pas confiance à la ministre Kumar et à son équipe : « La tentative désespérée de Mme Kumar de diviser le syndicat est futile car nos membres forment un front uni. Il est donc conseillé à Mme Kumar et à son équipe de construire une relation de travail saine avec les syndicats enseignants. »
Il a conclu que « nous avons contribué de manière constructive à l’amélioration de la qualité de l’éducation pour tous les enfants de la nation ».