La 58e réunion du Bureau exécutif de l’Internationale de l’Éducation, qui s’est tenue virtuellement le 26 octobre, a été marquée par l’engagement résolu des syndicats de l’éducation du monde entier en faveur de l’égalité en matière de vaccination. L’accès aux vaccins contre la COVID-19 pour les enseignant·e·s et les personnels de soutien à l’éducation à travers le monde est essentiel pour un retour sécurisé et permanent à l’enseignement présentiel.
Le combat pour la défense des droits humains et syndicaux a été un autre point saillant de l’ordre du jour, de même que l’objectif de faire entendre la voix du corps enseignant dans les forums internationaux durant la pandémie. Ces plateformes internationales comprennent l’Organisation mondiale de la Santé et l’Organisation internationale du Travail, auprès desquelles l’Internationale de l’Éducation plaide pour la construction de sociétés post-COVID plus justes et équitables au travers de l’éducation.
Protéger les droits humains et syndicaux
Lors de la réunion du Bureau exécutif, il a été fait état d’atteintes aux droits humains et syndicaux subies par des affiliés de l’Internationale de l’Éducation à travers le monde. Des violations des droits ont été signalées dans des pays tels que l’Afghanistan, Bahreïn, le Bélarus, la Colombie, Haïti, Hong Kong, la Jordanie, le Myanmar, les Philippines et le Yémen.
Après le coup d’État des Talibans en Afghanistan au mois d’août, l’Internationale de l’Éducation a manifesté de sérieuses inquiétudes pour la sécurité du corps enseignant et l’égalité d’accès à l’éducation, en particulier pour les filles. L’IE s’est montrée solidaire de ses membres pour défendre le droit à une éducation inclusive et équitable pour tou·te·s, exprimant son soutien résolu à l’éducation des filles.
À Bahreïn, des arrestations, des tortures et des procès non équitables ont été signalés, s’ajoutant à la suppression de la liberté d’association et d’expression. Les conditions de travail des enseignant·e·s se sont gravement détériorées au cours de la pandémie. Une enquête récente révèle que 80 % des élèves bahreïniens estiment que la présence des enseignant·e·s dans les salles de classe est irremplaçable et que le contact personnel leur manque dans le cadre d’un processus d’apprentissage efficace.
Au Bélarus, l’Internationale de l’Éducation et son bureau régional, le Comité syndical européen de l'éducation (CSEE), ont assuré la liaison avec d'autres collectifs civils, notamment les syndicats d'étudiants et de journalistes. Des efforts ont été déployés pour développer le renforcement des capacités afin d'aider les dirigeant·e·s syndicaux·ales à soutenir la lutte pour les valeurs et les pratiques démocratiques dans et au travers de l'éducation, notamment en utilisant l'édition russe des 25 leçons sur l’éducation et la démocratie de l’Internationale de l’Éducation.
En Colombie, la violence systématique se poursuit contre les syndicalistes, en particulier contre les dirigeant·e·s des syndicats de l'éducation, six enseignant·e·s ayant été assassiné·e·s et plus de 150 autres ayant reçu des menaces. Nelson Alarcón, membre du Bureau exécutif de l'Internationale de l'Éducation et ancien président national de FECODE, a été menacé de mort à plusieurs reprises depuis le début des manifestations en avril. En outre, plus de 240 jeunes et leaders sociaux ont été assassinés.
Le 1er août, le gouvernement chinois et le gouvernement pro-Pékin de Hong Kong ont imposé la dissolution « volontaire » du Hong Kong Professional Teachers’ Union. Ce syndicat, fondé il y a 48 ans, a été qualifié par les autorités de « tumeur maligne qui doit être éradiquée ». Le syndicat a subi des attaques pendant des années en raison de son soutien au mouvement pour la démocratie.
En Jordanie, l’Internationale de l’Éducation a lancé en octobre un appel à l’action urgent en réponse à la dissolution de la Jordanian Teachers’ Association (JTA) et aux licenciements massifs d’enseignant·e·s. Le 5 octobre, Journée mondiale des enseignant·e·s, les forces de l’ordre jordaniennes ont arrêté 14 dirigeant·e·s de la JTA. De plus, la police anti-émeute a été déployée pour stopper des manifestations pacifiques organisées pour dénoncer les atteintes commises par le gouvernement contre les droits syndicaux.
Au Myanmar, 29 enseignant·e·s ont été tué·e·s lors de la répression des marches pro-démocraties par la junte militaire. Des centaines d’enseignant·e·s ont été emprisonné·e·s et plus de 200.000 ont été suspendu·e·s. Le 15 septembre, à l’occasion de la Journée internationale de la démocratie, l’Internationale de l’Éducation s’est jointe à la Journée mondiale d’action organisée par le Conseil des Global Unions pour empêcher que la junte militaire soit reconnue par la 76e session de l’Assemblée générale des Nations Unies (AG NU) et pour que le Gouvernement d’unité nationale (NUG, acronyme anglophone) soit reconnu comme l’unique gouvernement légitime du Myanmar. L’Internationale de l’Éducation a également travaillé avec la Myanmar Teachers Federation et le ministère de l’Éducation du NUG pour soutenir les valeurs et les pratiques démocratiques dans et au travers de l’éducation, en utilisant les 25 leçons sur l’éducation et la démocratie de l’Internationale de l’Éducation.
Dans le cadre des efforts fournis pour signaler la détérioration des droits dans les secteurs du syndicalisme et de l’éducation aux Philippines, l’Internationale de l’Éducation a récemment apporté son appui à la Commission Investigate PH, qui a soumis trois rapports au Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme. Ces rapports comprennent plusieurs recommandations et un appel résolu en faveur d’une enquête des Nations Unies sur les violations des droits humains commises par le régime Duterte.
L’Internationale de l’Éducation continue de surveiller les atteintes aux droits humains et syndicaux et d’exercer un plaidoyer aux plus hauts niveaux pour l’amélioration des conditions des enseignant·e·s, en particulier dans le cadre de l’évolution actuelle de la pandémie.