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YTS leader on national TV on World Teachers' Day.
YTS leader on national TV on World Teachers' Day.

Yémen : le syndicat de l’éducation prend l’initiative pour garantir la liberté et la qualité de l’éducation malgré la guerre

Publié 8 octobre 2021 Mis à jour 13 octobre 2023
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L’Internationale de l’Éducation est solidaire du Yemen Teachers Syndicate (YTS), qui poursuit sa lutte pour que les droits humains et syndicaux des enseignant·e·s soient respectés. Le YTS fait également campagne pour que les salaires des enseignant·e·s soient payés par les autorités publiques, afin qu’il·elle·s puissent se concentrer sur la fourniture d’un enseignement public de qualité à tous et toutes les élèves.

Le coup d’État et le conflit en cours au Yémen ont obligé le YTS à jouer un rôle plus important et à accroître ses efforts en faveur des enseignant·e·s, a souligné Yahya Al-Yanai, porte-parole du YTS.

« En tant que plus grande fédération syndicale du Yémen, représentant 130.000 acteurs du monde éducatif, notre objectif tout au long de ces terribles années a été de protéger l’éducation, les enseignants et les étudiants des attaques, et de continuer à ouvrir la voie vers la liberté, les droits humains et une éducation de qualité », a-t-il déclaré.

Il a insisté sur le fait que les membres de l’YTS se sont efforcés d’assurer la continuité du système éducatif, afin de promouvoir une culture de la paix.

« Alors que les voix des médecins, des ingénieurs, des avocats, et de toutes les entités syndicales yéménites qui les représentent, étaient absentes des médias et de l’opinion publique, les nouvelles relatives aux enseignants et à l’éducation ont continué à faire la une des chaînes de médias et des sites internet », a-t-il noté.

Salaires coupés il y a cinq ans

Les enseignant·e·s du Yémen espèrent que leur syndicat pourra les aider en ce qui concerne leurs revenus. Il·elle·s souhaitent que leurs salaires, qui ont été amputés il y a cinq ans, soient à nouveau versés à la fin de chaque mois sans interruption.

« Les efforts ont porté leurs fruits en ce qui concerne le premier groupe d’enseignants déplacés », a déclaré M. Al-Yanai. « Mais, malheureusement, des milliers d’entre eux sont restés sans salaire, alors que le gouvernement et la communauté internationale ont un besoin urgent d’atténuer l’impact de l’interruption soudaine des salaires sur le secteur le plus important, le plus opérationnel et le plus influent pour les générations actuelles et futures du Yémen. »

« Nous nous sommes efforcés de faire en sorte que l’éducation joue un rôle influent dans le redressement social après la guerre, et que les politiques éducatives ne créent pas davantage de divisions sociales. En tant que syndicat, nous avons continué à souligner le rôle essentiel des enseignants dans la fourniture de services d’apprentissage, la réouverture des écoles malgré la guerre et la création d’environnements d’apprentissage sûrs pour permettre la continuité de l’éducation. »

Il a souligné que diverses initiatives des enseignant·e·s dans tout le pays visaient à faciliter le retour des élèves à l’école et à réduire le risque que les jeunes rejoignent des groupes violents et armés.

Appel au soutien international

« Comme la protection de l’éducation au Yémen ne peut être réalisée de manière adéquate que par un large système de soutien local, régional et mondial », YTS a demandé à plusieurs reprises à la communauté internationale de cesser d’ignorer les problèmes des enseignant·e·s yéménites et d’en parler publiquement. Le YTS a également fait entendre sa voix auprès des expert·e·s du Conseil de sécurité de l’ONU.

Al-Yanai a également reconnu le soutien de l’Internationale de l’Éducation pour construire des mécanismes de communication et de partenariat garantissant aux enseignant·e·s yéménites la possibilité d’exercer leur métier et d’assurer leur droit à des conditions de travail décentes. « Avec nous, l’Internationale de l’Éducation s’est engagée à défendre le droit à l’éducation dans les zones de conflit et considère l’éducation comme un élément essentiel pour le redressement du Yémen. »

« En tant que plus grande fédération syndicale du Yémen, représentant 130.000 acteurs du monde éducatif, notre objectif tout au long de ces terribles années a été de protéger l’éducation, les enseignants et les étudiants des attaques, et de continuer à ouvrir la voie vers la liberté, les droits humains et une éducation de qualité. »

Yahya Al-Yanai, porte-parole du YTS

Les étudiant·e·s recruté·e·s pour combattre

Il a déclaré qu’il était regrettable que de nombreuses écoles de Sana'a et d’Aden alimentent le sectarisme et le régionalisme qui deviennent les fondements de la démolition de la société égalitaire, des valeurs civiques et humaines. « De l’autre côté de la lutte du syndicat et des enseignants pour protéger l’éducation, il semble que certaines personnes soient désireuses de faire en sorte que les écoles nourrissent des mentalités idéologiques qui soutiennent la violence, en utilisant les enfants et les jeunes comme un réservoir humain utilisé dans la guerre. »

L’influence des politiques religieuses et sectaires dans l’éducation à Sana'a s’est accrue avec les changements de programmes scolaires qui ont lieu chaque année. C’est « comme si ces changements avaient été conçus pour servir des objectifs militaires. Leur effet s’est traduit par une forte augmentation de la proportion d’étudiants recrutés pour combattre », a-t-il condamné.

« Aujourd’hui, nous espérons que la communauté internationale nous soutiendra pour atténuer les effets de la guerre sur des millions de jeunes, et travaillera avec nous en tant que partenaires pour fournir une protection juridique adéquate à l’éducation et aux enseignants au Yémen, comme un devoir humanitaire et dans le cadre de l’aide humanitaire », a conclu Al-Yanai.

L’Internationale de l’Éducation demande le paiement urgent des salaires

L’Internationale de l’Éducation a exprimé son soutien aux enseignant·e·s du Yémen. Dans une lettre adressée au Premier ministre yéménite, le Dr Maeen Abdulmalik Saeed, le 19 juillet, le secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation, David Edwards, a écrit : « L’Internationale de l’Éducation demande à votre gouvernement de trouver une solution, avec la communauté internationale, pour payer rapidement l’intégralité des salaires des enseignants des écoles publiques qui n’ont pas été payés depuis trois années consécutives ».

Il a souligné qu’en octobre 2020, une alliance internationale composée du Partenariat mondial pour l’éducation, Education Cannot Wait, de l’UNESCO et de l’UNICEF a également appelé à « la reprise du paiement des salaires pour environ la moitié des enseignants et du personnel scolaire yéménites (estimés à 160.000) qui n’avaient pas reçu de paiement régulier de leur salaire depuis 2016 ».

Il a poursuivi en insistant sur le fait qu’en juillet 2021, selon l’UNICEF, près des trois quarts des enseignant·e·s des écoles publiques de 11 gouvernorats n’avaient pas été payés depuis plus de deux années scolaires. Cela avait perturbé l’éducation d’environ 3,7 millions d’enfants dans ces districts. « Il est compréhensible que les enseignants non payés quittent l’enseignement pour trouver d’autres moyens de subvenir aux besoins de leur famille », a expliqué Edwards.

« Nous nous sommes efforcés de faire en sorte que l’éducation joue un rôle influent dans le redressement social après la guerre, et que les politiques éducatives ne créent pas davantage de divisions sociales. En tant que syndicat, nous avons continué à souligner le rôle essentiel des enseignants dans la fourniture de services d’apprentissage, la réouverture des écoles malgré la guerre et la création d’environnements d’apprentissage sûrs pour permettre la continuité de l’éducation. »

Yahya Al-Yanai, porte-parole du YTS

Les autorités doivent agir lorsque les enseignant·e·s sont victimes d’attaques violentes et d’intimidations

L’Internationale de l’Éducation et l’YTS sont également extrêmement préoccupés par l’impact dévastateur du conflit en cours sur les enseignant·e·s, les étudiant·e·s et les enfants. Ils notent que les enseignant·e·s sont confrontés à des attaques violentes et à des actes d’intimidation. Et ils demandent instamment aux autorités publiques yéménites de faire tout leur possible pour que les responsables soient condamnés pour le meurtre, les enlèvements, les tortures et le déplacement des enseignant·e·s yéménites.

« L’Internationale de l’Éducation demande à votre gouvernement de trouver une solution, avec la communauté internationale, pour payer rapidement l’intégralité des salaires des enseignants des écoles publiques qui n’ont pas été payés depuis trois années consécutives. »

David Edwards, secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation

Ils ont également cherché à garantir que le programme d’enseignement soit exempt de toute politisation et qu’il conserve une orientation favorisant la paix et la stabilité.

L’Internationale de l’Éducation continuera à suivre de près la situation au Yémen et informera son réseau des développements affectant le secteur de l’éducation. « Nous attendons avec impatience une initiative visant à garantir le respect des droits humains et des libertés fondamentales du peuple du Yémen, notamment le droit d’apprendre et le droit d’enseigner », a déclaré Edwards.

Vidéo de l’interview de la direction de l’YTS à la télévision nationale lors de la Journée mondiale des enseignant·e·s :