La direction de l’Internationale de l’Éducation a exprimé son soutien à la démocratie au Myanmar, soulignant la pertinence de l’expérience de la communauté enseignante mondiale pour le personnel enseignant birman qui lutte actuellement pour la démocratie.
À l’occasion d’un événement de solidarité organisé en ligne pour les enseignant·e·s du Myanmar le 29 juin dernier, le secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation David Edwards a exprimé la solidarité du mouvement syndical international de l’éducation en rendant hommage au « courage des hommes et des femmes du Myanmar qui luttent depuis plusieurs mois pour la démocratie sous un régime extrêmement répressif ».
25 leçons sur l'éducation et la démocratie
David Edwards a rappelé la publication « Éducation et démocratie : 25 leçons de la profession enseignante », lancée lors du 8e Congrès mondial de l’Internationale de l’Éducation, réuni à Bangkok au mois de juillet 2019. Cet ouvrage est « un recueil des leçons que nous proposons en tant qu’enseignants et enseignantes qui luttent pour la démocratie », a-t-il précisé.
L’ancien secrétaire général et la présidente de l’Internationale de l’Éducation Susan Hopgood, co-auteure de l’ouvrage, ont décidé de rassembler ces 25 leçons à l’occasion du 25e anniversaire de l’organisation en 2018.
Un mouvement syndical mondial de l’éducation profondément inquiet face à la situation de la démocratie
Pourquoi avoir décidé d’écrire ce livre ?
Primo, la situation de la démocratie dans le monde nourrissait en nous les plus vives inquiétudes, a expliqué van Leeuwen.
Secundo, a-t-il ajouté, nous jugions particulièrement nécessaire de nous rappeler le rôle important que doivent jouer l’éducation et la communauté enseignante dans la promotion et la protection des systèmes démocratiques dans le monde.
Un espoir pour le personnel enseignant
Tertio, leur souhait était d’apporter un espoir au personnel enseignant et aux collègues à travers le monde, en leur rappelant leur pouvoir de lutter contre les menaces qui pèsent sur la démocratie, comme les violations des droits humains et syndicaux, la privatisation et la commercialisation de l’éducation, ou encore, les changements climatiques.
Une occasion pour la communauté enseignante de se rappeler les luttes pour la démocratie menées par les collègues dans d’autres pays
Elle s’est déclarée heureuse de constater que cet ouvrage suscite le débat au sein de la communauté éducative, tant dans les pays où la démocratie est perçue comme durable et bien établie que dans les pays comme le Myanmar où « la démocratie s’est volatilisée du jour au lendemain et où la lutte se poursuit pour la faire revivre ».
Pour les deux co-auteur·e·s, la leçon la plus utile du livre pour le personnel enseignant birman est la leçon n° 1 « Éduquer à la démocratie », qui énonce les valeurs communes et le rôle important de l’éducation pour les transmettre.
Le personnel enseignant ne doit pas être le fidèle serviteur de l’État
Selon Fred van Leeuwen, la leçon n° 3 « Refuser d’être le·la bon·ne serviteur·vante de l’État » s’applique également au Myanmar.
Il a souligné que si les gouvernements ne respectent pas les droits humains, la profession enseignante a le devoir de le faire savoir, d’en parler avec les élèves et de combattre la dictature.
Il a rappelé que, durant la Seconde Guerre mondiale, les enseignant·e·s en Pologne et en Norvège avaient refusé d’obéir aux instructions des autorités nazies de l’occupation leur intimant l’ordre d’endoctriner leurs élèves. En Pologne, il·elle·s ont même créé un système scolaire parallèle pour enseigner secrètement aux élèves, bien que ce fût illégal.
Fred van Leeuwen a ensuite souligné qu’une situation n’est pas l’autre. Les circonstances au Myanmar ne sont pas les mêmes que celles de la Pologne ou de la Norvège : « Au final, la communauté enseignante du Myanmar trouvera ses propres solutions ».
Nous devons aider les élèves birman·e·s qui, comme ce fut le cas en Australie, refusent de s’engager officiellement à soutenir le régime militaire et à rejeter le gouvernement d’unité nationale. « Offrez-leur une protection à l’étranger », a-t-il également insisté.
Assurer la sécurité des élèves de Birmanie à l’étranger
Il a également demandé aux enseignant·e·s, à leurs syndicats et aux établissements scolaires de se mobiliser dans les pays où étudient des élèves birman·e·s afin d’assurer leur sécurité.
Il estime, lui aussi, que la démocratie devrait être enseignée de manière transversale dans les programmes d’études, afin de pouvoir transmettre les valeurs démocratiques aux élèves.
Le personnel enseignant de Birmanie lutte en faveur de l’éducation de qualité pour tou·te·s
Se déclarant contre la privatisation de l’éducation, les enseignant·e·s birman·e·s qui ont pris la parole ont expliqué que les écoles publiques ont été utilisées par les régimes autoritaires pour inculquer des valeurs non démocratiques.
Il·Elle·s se sont également déclaré·e·s en faveur d’une approche des élèves basée sur la primauté du droit, souhaitant offrir une éducation équitable et de qualité à tous les enfants du Myanmar.