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La Confédération arabe des syndicats et l’Internationale de l’Éducation (IE) ont publié une déclaration concernant la région arabe, à l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants, 12 juin.

Aujourd’hui, 12 juin 2021, nous célébrons la Journée mondiale contre le travail des enfants, dans le contexte de la pandémie de COVID-19. La crise actuelle représente un défi sans précédent pour la santé publique, les systèmes éducatifs et le monde du travail. Malheureusement, les enfants sont les premiers à en souffrir.

Les bouleversements économiques et sociaux provoqués par la pandémie sont dramatiques et ont exacerbé les indicateurs des inégalités, du chômage et de la pauvreté dans la majorité des pays arabes.

La fermeture des établissements scolaires en raison de la COVID-19 a conduit à une mise entre parenthèses généralisée de l’éducation, qui a touché plus de 90 % des élèves dans le monde. La crise a mis à nu les vulnérabilités des systèmes éducatifs et a amplifié les fractures sociales et numériques, les inégalités en termes d’apprentissage et les disparités entre les hommes et les femmes, venant s’ajouter aux problèmes sociaux, politiques, humanitaires et économiques que connaissent actuellement les pays de la région arabe.

Augmentation des taux d’abandon scolaire

La crise a poussé des millions d’enfants vulnérables dans l’engrenage du travail. Selon les statistiques de l’Organisation internationale du Travail, 152 millions d’enfants dans le monde sont aujourd’hui contraints de travailler. Ces enfants risquent aujourd’hui d’être exposés à des situations plus difficiles encore.

Des milliers de familles ont été obligées d’employer leurs enfants dans l’économie informelle, en raison des difficultés économiques auxquelles elles ont dû faire face durant les confinements successifs et des changements de paradigme dans les conditions de travail. Les gouvernements de la région arabe n’ont pris aucune mesure pour surveiller les conséquences de la pandémie sur les groupes vulnérables et protéger les enfants.

L’apprentissage à distance, lorsqu’il était possible, est resté inaccessible aux nombreuses familles ne disposant pas de connexion à Internet ou d’équipements en ligne.

La pandémie se traduira également par une régression des avancées réalisées en faveur de l’égalité des genres au sein de l’éducation. Plusieurs rapports prévoient une forte augmentation du nombre de filles qui n’auront pas la possibilité de retourner à l’école après la pandémie, principalement en raison de mariages prématurés ou de grossesses précoces.

Le phénomène de l’immigration clandestine des enfants et des mineur·e·s, en particulier dans les pays du Maghreb, a sérieusement menacé de défaire le maillage social de la région et d’épuiser ses ressources humaines. Si l’accès à l’éducation offre de nouvelles possibilités d’intégration, l’apprentissage à distance a dressé de nouveaux obstacles au droit à l’éducation.

Plus de la moitié des 22 pays arabes sont touchés par des conflits ou connaissent des afflux massifs de personnes réfugiées et déplacées internes. Dans la région arabe, comme partout dans le monde, les conflits frappent davantage les femmes et les enfants. Raison pour laquelle le travail des enfants est aujourd’hui devenu un sujet de préoccupation majeur dans le cadre de la protection de l’enfance dans la région, nécessitant des mesures et des initiatives urgentes.

En conséquence, la CSA et l’IE, en tant que fédérations syndicales mondiales, appellent leurs organisations membres et les gouvernements de la région arabe à :

  • Éradiquer le travail des enfants et remettre ceux qui en sont victimes sur le chemin de l’école, au travers du dialogue social avec les organisations syndicales.
  • Aligner les législations nationales sur les normes juridiques internationales et veiller à l’application effective des lois et règlements nationaux relatifs à l’âge de la scolarité obligatoire et au travail des enfants.
  • Renforcer les contrôles sur les lieux de travail et veiller au respect de la législation relative à la protection des enfants.
  • Investir dans les établissements scolaires publics et former, soutenir et autonomiser le personnel enseignant.
  • Protéger les enfants de la vulnérabilité économique et sociale en améliorant la situation socio-économique des familles dont les membres sont en situation de pauvreté ou sans emploi.
  • Assurer l’accès aux services de base, notamment l’éducation et les programmes en ligne.
  • Protéger les enfants de l’impact des conflits armés et appeler les belligérants à respecter les dispositions du droit humanitaire international, qui pénalisent les atteintes portées aux établissements scolaires ou leur utilisation à des fins d’opérations militaires.
  • Apporter le soutien social et psychologique aux enfants migrants non accompagnés.