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Colombie : les acteurs internationaux de l'éducation condamnent les violations de droits humains fondamentaux

Publié 6 mai 2021 Mis à jour 13 octobre 2023
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L’Internationale de l’Éducation et ses affiliés du monde entier sont profondément inquiets face à la répression brutale des manifestations en Colombie. La Fédération syndicale mondiale exige une gouvernance démocratique du pays et demande instamment aux pouvoirs publics de mettre fin aux violations des droits humains.

Des manifestations ont éclaté en Colombie le 28 avril, en raison surtout de l'opposition à une réforme fiscale abandonnée depuis lors. La réforme proposée aurait abaissé le seuil à partir duquel les salaires sont imposés. Elle aurait touché toute personne dont le revenu mensuel était égal ou supérieur à 2,6 millions de pesos (684 dollars). Elle aurait également supprimé un grand nombre d'exonérations dont bénéficient actuellement les particuliers et augmenté les taxes imposées aux entreprises. Cette proposition a soulevé l'indignation des Colombiens, déjà durement touchés par la pandémie de COVID-19. De nombreuses personnes issues de la classe moyenne se sont jointes à ces manifestations parce qu’elles craignent que ces changements ne les fassent basculer dans la pauvreté.

ONU : inquiétude au sujet des méthodes utilisées par les forces de sécurité colombiennes

Le 4 mai, Marta Hurtado, porte-parole du Haut Commissaire des Nations Unies pour les droits de l'homme (ONU), a déclaré que, selon les informations reçues par les Nations Unies, des défenseur·euse·s des droits humains avaient été harcelé·e·s et menacé·e·s, et que des manifestant·e·s avaient été blessé·e·s, et même tué·e·s, dans la ville de Cali. « Nous sommes profondément alarmés par les événements survenus cette nuit dans la ville de Cali, en Colombie, où la police a ouvert le feu sur des manifestants qui protestaient contre les réformes fiscales, tuant ou blessant un certain nombre de personnes. »

Hurtado a ajouté que les Nations Unies rappellent également « que, lors des manifestations, les forces de l'ordre doivent respecter les principes de légalité, de précaution, de nécessité et de proportionnalité. Le recours aux armes à feu ne peut constituer qu'une mesure de dernier ressort contre une menace imminente de mort ou de blessure grave. »

Le Médiateur de la Colombie a annoncé qu'au cours de la semaine de troubles provoqués par le projet de réforme fiscale, au moins 19 personnes ont trouvé la mort.

Les fédérations syndicales mondiales condamnent les actions militaires et policières

La Federación Colombiana de Educadores(FECODE), une organisation membre de l'Internationale de l'Éducation, a pris part avec d'autres syndicats à des manifestations pacifiques à Bogota et dans toute la Colombie pour réclamer le retrait du projet de loi fiscale. Elle a également rappelé au gouvernement qu’elle exigeait que le personnel de l’éducation puisse retourner à l'école en mode présentiel dans des conditions décentes.

Le groupe des fédérations syndicales mondiales (GUF, acronyme anglophone) et la Trade Union Confederation of the Americas (Confédérations syndicale des Amériques ; TUCA) ont également fait part de leur inquiétude face aux actions des forces militaires et policières en Colombie.« La répression violente des manifestations organisées par le Comité national de grève depuis le 28 avril a déjà causé des dizaines de morts et de blessés ; de plus, des centaines de personnes ont été arrêtées et ont même disparu », ont-ils déclaré. Ils ont exprimé leur condamnation de ces actions dans une lettre, datée du 4 mai, adressée à Antonia Urrejola Noguera, présidente de la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH), et à Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme.

Appel en faveur d'interventions de haut niveau

Les GUF et la TUCA ont déclaré qu'elles étaient « très inquiètes en raison des événements d’une atroce brutalité qui se sont produits en Colombie ces derniers jours. Nous rejetons totalement le recours à la violence armée déployée dans ce pays contre les citoyens. »

Les syndicats signataires lancent un appel conjoint à une intervention immédiate et urgente de l'ONU et de l'Organisation des États américains.

L’Internationale de l’Éducation continuera à surveiller de près la situation des droits humains et syndicaux en Colombie et soutiendra son organisation affiliée, la FECODE.