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Dominic Chavez/WB
Dominic Chavez/WB

"L’annulation de la dette : une étape clé vers la reprise économique et le financement d’une éducation de qualité au Liban"

Publié 27 avril 2021 Mis à jour 1 juillet 2021
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"Le Liban souffre de sa pire crise économique depuis 30 ans. Dans tout le pays, des dizaines de milliers de personnes ont perdu leur emploi et des millions d’autres luttent pour acheter des produits de première nécessité — tout cela dans un contexte de pandémie du coronavirus persistante." [1]

La grave crise économique que traversait le pays avant l’épidémie se reflète dans la dette accumulée, qui avait atteint 90 milliards de dollars — soit 170 % du PIB — en 2020, ce qui en faisait l’un des pays les plus endettés au monde. Cela a provoqué une dévaluation sans précédent de la lire libanaise, qui a eu des conséquences dévastatrices sur le pouvoir d’achat des consommateurs, le Liban dépendant fortement des importations pour les biens qu’il consomme. Par rapport à 2019, le coût des produits alimentaires de base a été multiplié par cinq en moyenne.

Des dizaines de milliers de Libanais·es ont perdu leur emploi et, selon le ministère des Affaires sociales, 70 % de la population a besoin d’un soutien financier après que la crise économique a été aggravée par la pandémie. L’urgence sanitaire et ses conséquences socio-économiques ont exacerbé la répartition inégale des revenus dans le pays, les disparités entre les régions et les difficultés existantes pour générer une croissance inclusive. La crise économique a également eu des répercussions sur les prestations des services publics, notamment l’éducation. Avant même la pandémie, la crise syrienne, et l’important afflux de réfugié·e·s qui en a résulté, ont aggravé les déficits et les défis préexistants dans le secteur de l’éducation.

Malgré les tentatives du gouvernement de soutenir les entreprises et les ménages par la suspension du paiement des impôts et des programmes d’assistance en espèces, les gens estiment que ces mesures de soutien ne vont pas assez loin. Les manifestations qui ont débuté en octobre 2019 — pour protester contre la facturation aux utilisateurs d’une taxe de 6 USD pour l’utilisation de WhatsApp et d’autres applications similaires — se sont poursuivies tout au long de la pandémie.

Les syndicats de l’enseignement libanais demandent l’annulation de la dette.

Les organisations membres de l’IE au Liban soutiennent les demandes légitimes de centaines de milliers de militant·e·s qui appellent à un changement radical d’un système politique caractérisé par la corruption, le confessionnalisme et le clientélisme. Nous appelons le gouvernement à faire preuve de volonté politique et à déployer tous les efforts possibles pour mettre fin à la crise économique interminable qui frappe le Liban. Nous rejetons les mesures telles que l’imposition de taxes sur ceux·elles qui ont de modestes revenus, en particulier les travailleur·se·s du secteur public, et appelons à des solutions alternatives.

Notre mouvement syndical estime qu’il existe une manière stratégique de répondre à la crise : l’annulation de la dette nationale du Liban afin de pouvoir soutenir l’éducation et les autres secteurs publics. Toute annulation de la dette doit être exempte de conditionnalité et les droits humains doivent être au centre de tout processus de restructuration de la dette.

Enfin, l’annulation de la dette devrait aller de pair avec la justice fiscale et une mobilisation financière nationale pour mieux investir dans les systèmes d’éducation publique, y compris les salaires et le développement professionnel des enseignant·e·s.

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Références

1] Infographie : Combien coûtent les produits de première nécessité au Liban ? Infographic News | Al Jazeera(en anglais)

Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.